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 Y'becca, La Vie et L'Histoire du Protestantisme

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yanis la chouette




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MessageSujet: Re: Y'becca, La Vie et L'Histoire du Protestantisme   Y'becca, La Vie et L'Histoire du Protestantisme - Page 3 EmptyMar 20 Sep à 10:03


1er mars 1562
Le massacre de Wassy

Le 1er mars 1562, six semaines après l'Édit de Janvier qui a autorisé le culte calviniste à l'extérieur des villes closes, 200 protestants du village de Wassy (ou Vassy), en Champagne, écoutent un prêche dans une grange, à l'intérieur de la ville close et dans des conditions donc illégales.

Ils sont surpris par les soldats de François II de Guise.

Le duc s'irrite de cette violation de l'Édit de Janvier. Sur son ordre, la troupe massacre sauvagement les protestants.

On compte une trentaine de morts et une centaine de blessés.

C'est le début des guerres de religion qui affecteront la France pendant plus de trente ans.
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MessageSujet: Re: Y'becca, La Vie et L'Histoire du Protestantisme   Y'becca, La Vie et L'Histoire du Protestantisme - Page 3 EmptyMar 20 Sep à 10:05

Troubles de 1562 à Toulouse
Troubles de 1562 à Toulouse
Description de cette image, également commentée ci-après

L'Expulsion des Huguenots de Toulouse, par Antoine Rivalz (Musée des Augustins, 1727)
Date février à mai 1562
Lieu Toulouse, Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Résultat expulsion des protestants de Toulouse
Chronologie février 1562 meurtres de protestants
4 avril 1562 émeute aux funérailles
12 mai 1562 insurrection protestante et déclenchement d'une semaine de combats
17 mai 1562 défaite protestante

modifier Consultez la documentation du modèle

Les troubles de 1562 à Toulouse sont un ensemble d'événements violents (émeutes, massacres, combats de rue) qui ont opposé, entre les mois d'avril et de mai 1562, les protestants de la ville de Toulouse aux factions catholiques. Ces violences ont provoqué la mort d'environ 3 000 à 5 000 personnes, la destruction de plusieurs bâtiments et maisons de la ville et l'expulsion de tous les protestants, après le 17 mai 1562.

Ces événements font écho aux troubles qui agitent à ce moment le royaume de France, qui sombre dans la première guerre de religion : massacre de Cahors en novembre 1561, massacre de Wassy en mars 1562, prise d'Orléans par les protestants et massacre de Sens en avril de la même année. D'un point de vue local, la victoire des catholiques leur permit de renforcer leur position dans le Midi de la France, alors que de véritables bastions protestants se constituaient dans les régions voisines - Montauban, Castres, Béarn. La procession de la Délivrance, instituée tous les 17 mai, commémora jusqu'en 1791 la victoire des catholiques.

Bibliographie

Georges Bosquet, Histoire de M.G. Bosquet, sur les troubles advenus en la Ville de Tolose l'an 1562, éd. R. Colomiez, Toulouse, 1595, 166 p. lire en ligne sur le site du réseau des bibliothèques de l'Université de Toulouse
Émile Connac, « Troubles de mai 1562 à Toulouse », Annales du Midi, tome 3, no 11, 1891, p. 310-339. lire en ligne
Pierre-Jean Souriac, « Les « urgeans » affaires de la ville. Défendre Toulouse durant la première guerre de Religion, 1562-1563 », Histoire urbaine, no 3, juin 2001, p. 39-65. lire en ligne
Pierre-Jean Souriac, Une guerre civile. Affrontements politiques et religieux dans le Midi toulousain (1562-1596), Seyssel, Champ Vallon, coll. « Époques », 2008. (ISBN 978-2876734913)
Pierre-Jean Souriac, « Du corps à corps au combat fictif. Quand les catholiques toulousains affrontaient leurs homologues protestants », in Frédérique Pitou et Jacqueline Sainclivier (dir.), Les affrontements. Usages, discours et rituels, Presses universitaires de Rennes, 2008, p. 31-62. lire en ligne
Pierre-Jean Souriac, « Guerres religieuses, histoire et expiation : autour de l’émeute toulousaine de mai 1562 », Chrétiens et sociétés. XVIe-XXe siècles, no 20, Lyon, 2013, p. 31-62. lire en ligne
Pierre-Jean Souriac, « L'engagement militaire des campagnes toulousaines durant les guerres de Religion », in Julian Mischi (dir.), Sociabilité et politique en milieu rural, Presses universitaires de Rennes, 2015, p. 31-62. lire en ligne
(en) Mark Greengrass, « The Anatomy of a Religious Riot in Toulouse in May 1562 », The Journal of Ecclesiastical History, no 34, Cambridge University Press, 1983, p. 367–391. lire le résumé en ligne
(en) Joan Davies, « Persecution and Protestantism: Toulouse, 1562-1575 », The Historical Journal, vol. 22, no 1, 1979, p. 31–51.

Articles connexes

Guerres de religion (France) et Chronologie des guerres de Religion en France
Massacre de Wassy

Liens externes

Les 8 Guerres de Religiondans le Sud-Ouest de la France
Association suisse pour l'histoire du Refuge huguenot

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v · m
Guerres de Religion en France
Opposition entre catholiques et protestants (ou huguenots) depuis la seconde moitié du XVIe siècle
Prélude Massacre de Mérindol · Conjuration d'Amboise · Colloque de Poissy
1re guerre de Religion 1562–1563 : Édit de Saint-Germain · Massacre de Wassy · Troubles de Toulouse · Bataille de Vergt · Siège de Rouen · Bataille de Dreux · Siège d'Orléans · Édit d'Amboise
2e guerre de Religion 1567–1568 : Surprise de Meaux · Bataille de Saint-Denis
3e guerre de Religion 1568-1570 : Bataille de Jarnac · Bataille de La Roche-l'Abeille · Bataille de Moncontour · Siège de Saint-Jean-d'Angély
4e guerre de Religion 1572–1573 : Massacre de la Saint-Barthélemy · Siège de Sommières · Siège de Sancerre · Siège de La Rochelle
5e guerre de Religion 1574–1576 : Bataille de Dormans · Édit de Beaulieu
6e guerre de Religion 1576–1577 : Paix de Bergerac
7e guerre de Religion 1579–1580 : Paix du Fleix
8e guerre de Religion 1585–1598 : Guerre des Trois Henri · Édit de Nemours · Bataille de Jarrie · Bataille de Coutras · Bataille de Vimory · Bataille d'Auneau · Journée des Barricades · Bataille d'Arques · Bataille d'Ivry · Sièges de Paris · Bataille de Pontcharra · Bataille de Craon · Bataille du Port-Ringeard · Bataille de Fontaine-Française · Édit de Nantes
Rébellions huguenotes 1621 : Prise de Saumur · Saint-Jean-d'Angély · Blocus de La Rochelle · Siège de Montauban · 1622 : Combat de Riez · Siège de Royan · Siège de Sainte-Foy · Siège de Nègrepelisse · Siège de Saint-Antonin · Siège de Montpellier · Bataille navale de Saint-Martin-de-Ré · Traité de Montpellier · 1625 : Bataille du Blavet · Reprise de l'Île de Ré · 1626 : Traité de Paris · Saint-Martin-de-Ré · Siège de La Rochelle · 1629 : Siège de Privas · Siège d'Alès · Reddition de Montauban · Paix d'Alès
Révocation de l'édit de Nantes (1685)
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MessageSujet: Re: Y'becca, La Vie et L'Histoire du Protestantisme   Y'becca, La Vie et L'Histoire du Protestantisme - Page 3 EmptyMar 20 Sep à 10:05


1er mars 1565
Fondation de Rio de Janeiro

Le 1er mars 1565, sur une presqu'île à l'entrée de la baie de Guanabara, le capitaine portugais Estácio de Sá fonde la ville de São Sebastião do Rio de Janeiro.

La première partie de son nom rappelle le roi Sébastien 1er qui règne alors sur le Portugal ; la deuxième partie rappelle que l'immense baie (400 km2), découverte en 1502 le jour de la Saint Janvier (Janeiro), a été prise à tort pour l'estuaire d'un fleuve (rio).

Plus simplement appelée Rio de Janeiro ou Rio, la ville s'étend lentement sur le pourtour méridional de la baie de Guanabara. De 60.000 habitants en 1800, la population passe à un million en 1900 et plus de quinze millions en 2000, ce qui fait toujours de Rio la deuxième agglomération du Brésil.
Panorama de Rio de Janeiro : à droite du Christ du Corcovado, le Pain de Sucre et l'emplacement de la ville originelle (DR)
Débuts obscurs

La découverte fortuite du Brésil par Cabral, le 22 avril 1500, n'a pas suscité un franc enthousiasme à la cour de Lisbonne. Au printemps 1531, une flotille portugaise croise le long de la côte et accoste à l'embouchure d'une rivière dans la baie de Guanabara, où elle édifie une maison de pierre. Du fait de cette maison, les Indiens du cru vont donner à la rivière le nom de Carioca (« la maison du blanc ») et ce nom va devenir plus tard celui des citadins de Rio de Janeiro... Quant aux habitants de la province ou de l'État du même nom, ils seront appelés Fluminenses, du latin flumen, rivière (*).

En 1555, voilà qu'une petite troupe de... Français s'avise d'installer un comptoir à l'entrée de la baie de Guanabara. Sous la direction de l'amiral de Villegaignon, ils fondent Fort-Coligny sur une île à l'entrée de la baie de Guanabara. Mais ce projet de « France antarctique » va très vite sombrer sous le coup des querelles internes et des guerres avec les Indiens et les Portugais. L'île de Fort-Coligny est aujourd'hui rattachée au continent, à proximité de l'aéroport de Santos-Dumont.

La fondation de Rio de Janeiro vue par un peintre du XIXe siècle, Antonio Firmino Monteiro (1855-1888)Désireux d'évincer les Français encore présents, le gouverneur général portugais Mem de Sá confie à son cousin Estácio de Sá le soin de sécuriser la baie de Guanabara. C'est ainsi que, le 1er mars 1565, ce dernier fonde en son nom une municipalité nouvelle au pied du plus célèbre Pain de Sucre de la baie et non loin du Corcovado (le « bossu »), un pic granitique de 710 mètres qui offre une vue sur toute la baie.

Manquant de vivres et même d'eau douce, soumise aux attaques des Indiens, la communauté de São Sebastião vivote en attendant des secours. Enfin, le gouverneur général arrive au secours de son cousin, à la tête d'une flotille, le 18 janvier 1867. Les Portugais refoulent les Indiens mais, dans l'affrontement, Estácio de Sá est mortellement blessé d'une flèche au visage.

Le fondateur de Rio est remplacé par un autre membre de la famille des Corréia de Sá et, pendant près d'un siècle, jusqu'en 1660, cette famille va ainsi diriger la ville et présider à son développement.

Faute de défenses solides, la ville n'en reste pas moins soumise à des menaces extérieures. La plus grave est le fait, une nouvelle fois, des Français. Le 19 septembre 1711, dans le cadre de la guerre de la Succession d'Espagne, le corsaire malouin René Duguay-Trouin se présente dans la baie avec une flotte de dix-huit bateaux et adresse un ultimatum au gouverneur. La population, terrorisée, choisit de s'enfuir à la faveur de la nuit, sous un orage tropical.

Le corsaire négociera avec le gouverneur une colossale rançon de 610.000 cruzados avant de prendre le large...
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MessageSujet: Re: Y'becca, La Vie et L'Histoire du Protestantisme   Y'becca, La Vie et L'Histoire du Protestantisme - Page 3 EmptyMar 20 Sep à 10:06


27 avril 1565
Les Philippines deviennent espagnoles

Le 27 avril 1565, l'explorateur Miguel López de Legazpi (62 ans) fonde un premier établissement espagnol sur l'île de Cebu. Il inaugure ainsi la colonisation de l'archipel des Philippines. La présence hispanique durera plus de trois siècles et fera des Philippines un pays à part en Asie du Sud-Est.
Les Philippines, un archipel hispanique en Asie

Dans l'Asie du Sud-Est, les Philippines constituent un archipel volcanique balayé par les ouragans. D'une superficie de 300.000 km2, elles comptent 7107 îles volcaniques dont 400 sont aujourd'hui habitées.

Le pays compte environ 100 millions d'habitants (2014), à 80% catholiques et 10% protestants. On compte aussi 5 à 10% de musulmans dans l'île méridionale de Mindanao. Les langues officielles sont le filipino (ou tagalog), dialecte malais mélangé d'espagnol, l'anglais et l'espagnol (ce dernier n'est plus guère parlé dans l'archipel).
Des Occidentaux venus... d'Orient

Au XIVe siècle, l'archipel commence d'être islamisé sous l'influence de commerçants venus de l'Indonésie voisine. Mais son destin va être bouleversé par l'arrivée au XVIe siècle des explorateurs portugais et surtout espagnols, lesquels arrivent non par l'Occident mais par l'Orient, après avoir traversé l'océan Pacifique.

Le premier, Magellan, ne terminera pas son tour du monde. Il connaît une fin tragique sur l'île de Cebu, le 27 avril 1521, en intervenant dans une querelle entre chefs locaux.

Vingt ans plus tard, le vice-roi espagnol de Nouvelle-Espagne (le Mexique actuel) monte une expédition de reconnaissance de l'océan Pacifique, avec six galions sous le commandement de Ruy López de Villalobos. Celui-ci touche la grande île de Mindanao, au sud de l'archipel. Il nomme celui-ci Philippines, en l'honneur de l'Infant d'Espagne appelé à succéder à Charles Quint sous le nom de Philippe II.

Passent vingt années supplémentaires avant que le vice-roi de Nouvelle-Espagne ne tente une nouvelle fois sa chance. Il mandate Miguel López de Legazpi pour explorer à son tour les Philippines et plus spécialement les Moluques, un archipel réputé pour ses épices.
Conquérant malgré lui

Miguel López de Legaspi (vers 1502 ; 20 août 1572) (gravure tirée de la revue La Hormiga de Oro, 16 April 1887)Legazpi est un avocat de Zummarragua (pays basque) qui s'est embarqué pour Mexico en 1528 après avoir été déshérité par son frère aîné. Il a pu refaire sa vie dans la colonie espagnole.

Le 21 novembre 1564, il lève l'ancre à Barra de Navidad avec cinq navires et 500 soldats et marins. Enfin, le 27 avril 1565, soit très exactement 44 ans après la mort tragique de Magellan en ces lieux, il fonde un établissement permanent à Cebu.

Deux ans plus tard, l'établissement est renforcé par l'arrivée de 2.100 Espagnols, soldats et paysans, en provenance du Mexique.

En 1569, Legazpi délègue à ses deux lieutenants le soin d'explorer le nord de l'archipel avec 300 hommes. Ces derniers combattent les pirates chinois et, le 8 mai 1570, entrent dans la baie de Manille, sur l'île de Luçon, où ils sont accueillis par des autochtones musulmans.

Legazpi rejoint à son tour Manille et signe un traité avec les représentants musulmans de la ville. Le 24 juin 1571, il ordonne la construction d'une cité fortifiée, Intramuros. Elle devient le siège du gouvernement espagnol pour l'océan Pacifique ouest et constitue aujourd'hui le coeur historique de la capitale des Philippines.

Nommé premier gouverneur général des Philippines (« El Adelantado »), Miguel López de Legazpi engage la conversion des habitants au catholicisme avec le concours des frères augustins et franciscains. Il ne verra pas la fin de l'entreprise car il meurt au bout de quelques mois, le 20 août 1572, à Manille. Il est inhumé dans l'église Saint-Augustin, à Intramuros.
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23 juin 1565
Le sacrifice du fort Saint-Elme

Le fort Saint-Elme, à l'extrémité du mont Sciberras, sur l'île de Malte, commande l'accès aux ports de Birgu et Senglea. Il est pilonné pendant plus d'un mois par la flotte turque et barbaresque avant d’être enfin conquis le 23 juin 1565. Son siège aura coûté la vie à plus de 2.000 assiégeants musulmans et 1.500 défenseurs chrétiens.

Tous les défenseurs du fort ou presque périssent, et il est difficile de ne pas admirer encore aujourd’hui le courage des assiégés, qui obéirent au grand-maître La Valette et firent le choix de tenir le fort jusqu’au bout, offrant aux cités portuaires de Birgù et Senglea le répit nécessaire à l’organisation de leur défense.

Ainsi auront-ils permis à Malte, contre toute attente, de supporter victorieusement le « Grand Siège ».
Anne Brogini

Siège et bombardement du fort de Saint-Elme par les Turcs le 27 mai 1565 (Matteo Perez d' Aleccio, fin XVIe siècle, National Maritime Museum, Londres)
Histoire du christianisme et le Grand Siège de Malte

Vous pouvez retrouver cet article dans le dossier que le magazine Histoire du christianisme (N°76) consacre au Grand Siège de Malte.

Histoire du christianisme (76), juin-juillet 2015Ce dossier de vingt pages, richement illustré et très documenté, a été préparé et rédigé par Anne Brogini, agrégée d'histoire, ancienne membre de l'École française de Rome, maître de conférences à l'université de Nice Sophia-Antipolis.

Histoire du christianisme présente par ailleurs dans ce numéro de juin-juillet 2015 une enquête sur Mossoul, un reportage sur le Kerala et ses Églises d'origine syriaque (plus anciennes que l'Église de Rome !), et divers articles sur l'actualité de l'Histoire (Poussin, Napoléon...), accessibles à tous les publics.

En kiosque ou sur internet (7,90 euros).
Une position stratégique

Bâti à la pointe du mont Sciberras en 1552, Saint-Elme est un petit fort dont le plan en étoile est caractéristique des constructions de moyennes dimensions édifiées au milieu du XVIe siècle pour soutenir des défenses urbaines, mais incapables de soutenir des longs sièges. Séparé du mont Sciberras par un fossé, il est constitué de quatre angles aigus bastionnés, d’un cavalier triangulaire extérieur à double niveau, édifié en 1554, et d’un ravelin sur son flanc occidental, ajouté en 1556 pour consolider le bastion.

Quand les musulmans l’encerclent, il est défendu par 140 chevaliers et 700 soldats maltais, espagnols, italiens. Ravitaillé par des barques qui font la traversée du port depuis Birgù ou Senglea, Saint-Elme présente la faiblesse de son isolement, raison pour laquelle il est choisi par les musulmans comme premier objectif de combat.

Le fort constitue un enjeu réel : qui le tient, contrôle l’embouchure du port et l’ouverture de Malte à l’extérieur. Si les Turcs s’emparent de Saint-Elme, le port se trouvera coupé de tout secours chrétien par voie maritime et pourra tomber aux mains des musulmans. Tant que Saint-Elme résiste, les chevaliers bénéficient donc d’un temps précieux pour organiser la défense des cités portuaires, où sont enfermés Hospitaliers, soldats, marins, et surtout de nombreux civils inaptes au combat.

Les musulmans se mettent en place rapidement : le 26 mai, les pièces d’artillerie sont en position et les Turcs entament le creusement de tranchées, distantes de 600 mètres du fossé qui sépare le fort Saint-Elme du mont Sciberras. Les bombardements débutent, et le 31 mai, le fort essuie des coups de canons qui endommagent tant ses flancs, que La Valette écrit au vice-roi de Sicile que « dans peu de jours, les nôtres seront ensevelis sous les ruines [de] cette place étroite ».

Le fort Saint-Elme, à l'extrémité du mont Sciberras, commande l'accès aux cités portuaires de Senglea et Birgu (Malte, 1565), doc : Histoire du christianisme
Une vie offerte à Dieu

Deux assauts violents sont conduits les 3 et 8 juin, qui rendent les Turcs maîtres du ravelin et causent la perte de 1.500 musulmans et d’environ 370 chrétiens, soit presque la moitié de la garnison du fort ! En peu de temps, la situation se dégrade : le ravitaillement est souvent empêché par des navires turcs qui interrompent les liaisons entre Birgù et Saint-Elme, et si les assiégés ont encore des réserves d’eau douce et de nourriture, c’est pour peu de temps. Surtout, avec des ballots de laine et des sacs de terre, les Turcs comblent le fossé situé entre le ravelin conquis et la muraille du fort.

Exténués, jugeant la résistance vaine, les chevaliers adressent au soir du 8 juin une lettre au grand-maître, déclarant que le fort ne tiendra pas, et l’implorent de leur permettre d’affronter les Turcs à découvert, en attaquant le ravelin ; en cas d’échec, ils proposent d’empoisonner l’eau des citernes et de faire sauter le fort avec le reste de l’artillerie.

Très inquiet, La Valette leur fait répondre que, quoi qu’ils fassent – conduire une attaque ou subir le siège –, leur mort est évidente, mais qu’elle doit servir au salut de l’Ordre et de Malte, et que pour ce faire, ils doivent défendre le fort jusqu’au bout. Il exige néanmoins une expertise de Saint-Elme et de sa capacité à résister jusqu’à la venue d’un secours chrétien : dans la nuit du 8 au 9 juin, trois chevaliers (un Italien, un Français et un Espagnol) gagnent Saint-Elme en barque, pour vérifier l’état des remparts et des réserves d’artillerie.

Au terme de l’expertise, le chevalier italien déclare que le fort peut tenir, à condition de colmater les brèches et de le défendre correctement. L’affirmation provoque la colère. Des chevaliers crient aux commissaires de demeurer dans le fort pour constater, à la lumière du jour, le mauvais état des murailles ; d’autres les invitent à assurer la défense au prochain assaut et à montrer l’exemple à tous ceux qui résistent depuis plusieurs jours mais qui, apparemment, ne savent pas comment s’y prendre. De retour à Birgù, les commissaires rapportent au Conseil les événements survenus dans la nuit.

À l’aube du 9 juin, un messager du fort, arrivé à la nage, apporte un nouveau message des assiégés, qui souhaitent abandonner le fort pour venir au secours des cités portuaires. Cette fois, Jean de La Valette n’hésite plus : il fait voter l’octroi d’un secours de 200 soldats, assorti d’une missive rappelant sèchement aux assiégés qu’en prenant l’habit, ils se sont engagés à se mettre au service de Dieu et de leur ordre, qu’ils doivent tenir pour offrir à l’Ordre le temps nécessaire à la défense de Malte, mais que les blessés et ceux qui ont peur peuvent se rendre à Birgù. Ainsi tancés, les chevaliers ne peuvent que s’engager à résister, ainsi que les soldats, qui refusent à leur tour de quitter les lieux. Un ultime message est envoyé, faisant connaître la résolution des défenseurs de demeurer dans Saint-Elme ; à cette date, tous ceux qui s’y trouvent savent désormais qu’ils y mourront.

L’étau se resserre. Les 15 et 16 juin, deux assauts sont menés, qui coûtent la vie à 2.000 musulmans et 250 chrétiens. La vie dans la forteresse est insupportable : les murailles sont fragilisées par 19.000 coups d’artillerie et les hommes assourdis par la canonnade ; l’eau et les vivres manquent et les soldats n’ont plus le temps d’organiser le transport des blessés vers Birgù, ou d’enterrer les morts, dont les corps pourrissent parfois au sein même du fort.

Au soir du 16 juin, le grand-maître envoie 150 nouveaux volontaires, des armes et des vivres, et fait ramener à Birgù les hommes les plus gravement touchés. C’est durant ces bombardements que Dragut est mortellement blessé : surveillant les combats sur une langue de terre située en face de Saint-Elme (appelée depuis « Pointe de Dragut »), il est atteint à la tempe par des éclats de roche et décède le 23 juin. Entre-temps, le 18 juin, les Turcs achèvent le creusement de tranchées qui isolent Saint-Elme du port. Le fort est perdu : si ses défenseurs ne périssent pas au combat, ils mourront de faim et de soif.

Après un nouvel assaut le 22 juin, les défenseurs savent qu’ils vivent leur dernière nuit. Ils colmatent les brèches, placent des morts sur les remparts pour faire croire qu’il reste des combattants, rassemblent les flasques de poudre et les armes pour le dernier combat. Le 23 juin, vers midi, Saint-Elme est vaincu ; l’étendard rouge à croix blanche de l’Ordre est abattu, remplacé par celui des Turcs. Les assiégés sont tous tués, hormis huit chevaliers qui, blessés avant le combat, gisent dans la chapelle du fort, et qui sont réduits en esclavage par les Barbaresques (ils seront rachetés plus tard par l’Ordre). Quelques soldats maltais prennent la fuite à la nage, rapportant aux chrétiens des cités les derniers instants de la forteresse.

Prise du fort de Saint-Elme par les Turcs le 23 juin 1565 (Matteo Perez d' Aleccio, fin XVIe siècle, National Maritime Museum, Londres)

Le lendemain, les habitants découvrent au sommet du mont Sciberras quatre têtes de chevaliers plantées sur des piques, tandis que le long des murailles de Birgù, viennent buter des corps de chevaliers cloués à des croix de bois, certains décapités, d’autres auxquels manquent les mains ou les pieds, portés par le courant depuis Saint-Elme où les Turcs les ont jetés. En représailles, La Valette fait décapiter les prisonniers musulmans et bombarder les positions turques avec les têtes tranchées.

Les pertes s’élèvent au moins à 4.000 hommes pour les musulmans et à 1.500 hommes pour les chrétiens. Les Turcs informent le sultan de la victoire chèrement obtenue, qui laisse présager un succès final ; devant ces assurances, Soliman peut envisager que sa flotte hivernera dans Malte à l’automne 1565. Fin juin, les musulmans renforcent donc leurs batteries sur le mont Sciberras et se déplacent vers Birgù et Senglea. La fin de Saint-Elme marque le commencement d’un autre siège, celui des cités.
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7 septembre 1565
Les Turcs renoncent à Malte

Le 7 septembre 1565, une flotte espagnole venue de Sicile aborde sur l'île de Malte et vient secourir les habitants, soumis à un siège de la part des Turcs depuis le 18 mai précédent.

Découragés, les assiégeants rembarquent le 13 septembre 1565.

L'épisode reste connu sous le nom de Grand Siège. Il impressionne beaucoup les contemporains, qui tenaient pour invincible le sultan Soliman le Magnifique, lequel avait plus que doublé la superficie de son empire.
Chevaliers héroïques

Le grand maître La Valette (1494-1568) pendant le siège (Antoine de Favray, musée de La Valette)

L'île est alors gouvernée par un ordre monastique, les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, sous la direction du Grand-Maître Jean Parisot de la Valette (70 ans). Les Turcs, au nombre de 30.000, débarquent sur l'île et tentent d'investir les forts qu'occupent les chevaliers.

Le fort le plus avancé, Saint-Elme, tombe au bout d'un mois et tous ses défenseurs succombent.

Les Turcs clouent leurs cadavres sur des croix qu'ils envoient dans la passe de Malte pour saper le moral des autres défenseurs. À quoi La Valette réplique en faisant bombarder le camp turc avec des têtes de prisonniers...

Finalement, les assiégeants, peu désireux de passer l'hiver dans l'île, se résignent à regagner Istamboul. Le Grand-Maître ne se laisse pas étourdir par son succès. Il renforce les fortifications de l'île et fonde une nouvelle capitale qui, depuis sa mort, porte son nom, La Valette.
Une ONG avant l'heure

N'ayant garde d'oublier leur vocation d'origine, les chevaliers de Saint-Jean mettent sur pied une « infirmerie de Saint-Georges », qui va constituer pendant deux siècles un modèle d'hygiène et d'éthique médicale et chirurgicale. On y accueille blessés et malades sans discrimination de sexe, d'âge ni de confession, et bien sûr gratis pro Deo.

Expulsé de l'île en 1798 par Napoléon Bonaparte, en route pour l'Égypte, l'Ordre de Malte est toujours reconnu comme État souverain par une douzaine de pays auprès desquels il délègue ses ambassadeurs. Cantonné dans son rôle humanitaire, il fait figure de précurseur des ONG modernes (Organisations Non Gouvernementales)
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1er juillet 1569
L'Union de Lublin

Le 1er juillet 1569, à l'initiative du roi Sigismond II Auguste Jagellon, la Diète polonaise se réunit à Lublin, à l'est du pays, et prononce l'union indissoluble du royaume de Pologne et du grand-duché de Lituanie.

Il s'agit des deux principaux États catholiques d'Europe centrale. Ils recouvrent pratiquement la Pologne actuelle ainsi que les États baltes, la Biélorussie et une grande partie de l'Ukraine.

La nouvelle «République unie de Pologne-Lituanie» ou «Royaume des Deux Nations» se donne un seul souverain et une Diète commune mais Pologne et Lituanie conservent chacune leur armée, leur trésor et leurs lois. Ce curieux État perdurera jusqu'à la proclamation d'une monarchie unitaire par la Constitution de 1791.

Heureux mariage

C'est un mariage qui est à l'origine du rapprochement des deux monarchies.

Dernier État païen d'Europe, la Lituanie s'étend au XIVe siècle de la mer Baltique à la mer Noire. Les Lituaniens occupent Kiev et même Moscou, à un moment donné, en 1368. Mais ils doivent faire face à la rude poussée des chevaliers Teutoniques, venus d'Allemagne. Pour cela, ils s'allient avec la Pologne.

Le grand-duc Ladislas II Jagellon (36 ans), petit-fils de Gedymin, épouse en mars 1386 Hedwige d'Anjou, fille et héritière du roi de Pologne Louis 1er d'Anjou. Il se convertit au catholicisme et devient du même coup roi de Pologne mais il doit céder à son cousin Withold le titre de grand-duc de Lituanie. Polonais et Lituaniens écrasent les chevaliers Teutoniques à Tannenberg.
Crise dynastique

L'Union de Lublin consacre le rapprochement entre Polonais et Lituaniens. Mais très vite, le nouvel État, qui ne doit son existence qu'au bon vouloir de la noblesse, va sombrer dans l'anarchie et la division.

Sigismond II Auguste étant mort sans héritier le 7 juin 1572, 40.000 nobles se réunissent l'année suivante à Varsovie et inscrivent dans la loi le principe d'une monarchie élective et non héréditaire. Ils font obligation au souverain de réunir la Diète au moins tous les deux ans et de suivre ses avis.

Désormais lieu de compétition entre tous les princes d'Europe, le trône polonais est d'abord offert - ou plutôt vendu à grand renfort de cadeaux - à Henri, frère du roi de France. Mais celui-ci quitte presque aussitôt son nouveau royaume pour ceindre la couronne de France sous le nom d'Henri III).

En 1652, nouveau recul de l'autorité centrale : la Diète polonaise s'oblige par le «liberum veto» à ne plus prendre de décision qu'à l'unanimité, cela alors même que dans toute l'Europe continentale se développent les monarchies autoritaires.

Cette disposition transforme le pays en une république nobiliaire impuissante que ses voisins n'auront aucun mal à suborner en achetant les votes des membres de la Diète.
Les partages de la Pologne

Cliquez pour agrandir
Les ennuis de la Pologne débutent en 1652 avec le «Liberum veto» par lequel la Diète impose un vote à l'unanimité pour toutes les décisions, y compris l'élection du souverain ! Cette disposition réduit l'assemblée à l'impuissance et offre aux voisins des prétextes à intervenir à tout va...
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7 octobre 1571
La flotte turque est détruite à Lépante

Le 7 octobre 1571, la flotte du sultan ottoman est anéantie dans le golfe de Lépante, en Grèce.

La bataille de Lépante (détail), par Giorgio Vasari (Sala Regia, Vatican)
Victoire totale

C'est le point d'orgue d'une croisade organisée par le pape en vue de libérer Chypre que le sultan Sélim II venait de conquérir.

La bataille met aux prises 213 galères espagnoles et vénitiennes et quelques 300 vaisseaux turcs. Cent mille hommes combattent dans chaque camp. Les chrétiens remportent une victoire complète.

Presque toutes les galères ennemies sont prises. L'amiral turc est fait prisonnier et décapité et 15.000 captifs chrétiens sont libérés.

Le héros de la journée est le prince Don Juan d'Autriche (26 ans), qui commande la flotte chrétienne. Il n'est autre que le bâtard de feu l'empereur Charles-Quint et le demi-frère du roi Philippe II d'Espagne.
Retentissement de Lépante

Lépante a un immense retentissement en Europe car elle libère les Occidentaux de la peur des Turcs.

La bataille permet aussi au roi d'Espagne de se poser en champion de la Contre-Réforme catholique.

Pour Venise, cependant, Lépante a le goût amer d'une victoire à la Pyrrhus. Ruinée par l'effort de guerre et la suspension de son commerce avec l'Orient ottoman, la République se détache de ses alliés et négocie avec les Turcs.

À ceux-ci, elle reconnaît la possession de Chypre, qui avait été pourtant son but de guerre, en échange de la reprise de son commerce.

Notons qu'un jeune soldat espagnol nommé Cervantès perd la main gauche pendant la bataille de Lépante (« pour la gloire de la droite », dira-t-il plus tard)... Ne pouvant plus se battre, il écrira faute de mieux les aventures de Don Quichotte ;-)
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24 août 1572
Massacre de la Saint-Barthélemy

Le 24 août 1572, jour de la Saint-Barthélemy, le carillon de l'église de Saint-Germain l'Auxerrois, en face du Louvre, donne le signal du massacre des protestants, à Paris et dans le reste du pays.

C'est le jour le plus noir des guerres de religion entre catholiques et protestants qui ont ensanglanté le pays pendant plus d'une génération. Il est devenu le symbole universel du fanatisme.
Un mariage tendu

Tout commence par un... mariage, le 18 août 1572, celui d'Henri de Navarre et Marguerite de Valois, soeur du roi Charles IX (celle-là même qui entrera dans la légende sous le surnom de reine Margot).

Les assistants de la noce, tant catholiques que huguenots (surnom des protestants), sont très agités en raison de la rumeur d'une prochaine guerre contre l'Espagne catholique du roi Philippe II.

Depuis plusieurs mois, l'amiral Gaspard de Coligny, chef de la faction protestante et principal conseiller du roi, tente de convaincre le roi d'envahir la Flandre, possession espagnole.

Mais les chefs de la faction catholique, à savoir les frères de Guise et le duc d'Anjou, frère du roi Charles IX (qui lui succèdera plus tard sous le nom d'Henri III) ne veulent à aucun prix de cette guerre. La reine-mère Catherine de Médicis n'en veut pas davantage.

Le matin du 22 août, soit quatre jours après le mariage princier, un capitaine gascon blesse Coligny de deux coups d'arquebuse. Le roi se rend au chevet de son conseiller qui l'adjure de ne pas chercher à le venger !

Les noces s'achèvent dans la confusion. Malgré les recommandations de Coligny, les chefs protestants réclament justice. Au palais du Louvre où réside le roi de France, Catherine de Médicis craint d'être débordée par les chefs catholiques, qui reprochent à la monarchie de trop ménager les protestants.

Pour sauver la monarchie, elle décide de prendre les devants et de faire éliminer les chefs protestants (à l'exception des princes du sang, Condé et Navarre, le jeune marié).
Le massacre

Le 24 août, fête de la Saint Barthélemy, avant le lever du soleil, Coligny est égorgé dans son lit et son cadavre jeté dans la rue et livré aux exactions de la populace.

Les gardes et les miliciens, arborant une croix blanche sur leur pourpoint et une écharpe blanche, poursuivent le massacre dans le quartier de Saint-Germain l'Auxerrois. Ils massacrent deux cents nobles huguenots venus de toute la France pour assister aux noces princières et rassemblent leurs cadavres dans la cour du Louvre. Certains chefs protestants, prévenus à temps, arrivent à s'enfuir avec les gardes des Guise à leurs trousses.

Quand la population parisienne sort dans la rue, réveillée par le tocsin, elle prend connaissance du massacre. C'est aussitôt la curée. Dans les rues de la capitale, chacun s'en prend aux protestants de rencontre.

Les malheureux, hommes, femmes, enfants, sont traqués jusque dans leur lit et mis à mort des pires façons. Et l'on en profite pour piller les biens des victimes.

La Saint-Barthelemy, le 24 août 1572, par François Dubois (1529-1584), musée de Lausanne

À la mi-journée, le roi ordonne d'en rester là. Mais ses sonneurs de trompe ont le plus grand mal à faire respecter ses ordres.

Charles IX assume la responsabilité des événements. Il explique que Coligny avait ourdi un complot et qu'il avait dû l'exécuter.

On évalue le nombre total de victimes dans l'ensemble du pays à 30.000 (plus que sous la Commune de 1871). Il n'empêche que le massacre n'est pas ressenti avec une horreur particulière par les contemporains. Il apparaît à ceux-ci comme relativement banal dans l'atmosphère violente de l'époque.
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4 août 1578
La bataille « des Trois Rois »

La bataille de Ksar el-Kébir est aussi dite bataille de l'oued Al-Makhazine ou bataille « des Trois Rois » du fait de la présence du Portugais Sébastien, et des deux rivaux marocains Abd el-Malik et El Motaouakil !

Elle figure parmi les plus hauts faits militaires du Maroc et les plus grandes tragédies du Portugal...
Alban Dignat
La bataille de Ksar el-Kebir, 4 août 1578, avec à gauche les Portugais et à droite l'armée d'Abd el-Malik (Miguel Leitao de Andrade, Miscelanea, 1629)
Deux vaincus et un vainqueur, trois morts

Désireux de prendre pied au Maroc, le jeune roi du Portugal Sébastien (24 ans) répond avec bienveillance à la proposition d'alliance d'un ancien roi du Maroc, El Motaouakil, en conflit avec le sultan Abd el-Malik Saâdi. Parti de Lisbonne, il débarque avec sa flotte entre Tanger et Asilah. Il commande 20 000 hommes mais le sultan en dispose lui-même de 50 000.

Habilement, le souverain saâdien lui adresse une lettre de provocation qui le convainc de quitter sa base littorale et de se porter à sa rencontre, à l'intérieur du pays. Il traverse l'oued el Makhazen (ou Al-Makhazine) et fait sa jonction avec son allié El Motaouakil.

L'affrontement avec l'armée du sultan a lieu le 4 août 1578, près de Ksar el-Kébir (ou Alcazar Quivir). Il tourne très vite au désastre pour le Portugais et son allié. Leurs armées sont battues et empêchées de faire retraite, le sultan ayant fait détruire les ponts sur l'oued Al-Makhazine.

Le jeune roi trouve la mort dans une charge de la cavalerie tandis que son allié se noie en tentant de traverser l'oued. Le sultan n'a pas l'occasion de savourer sa victoire car il meurt lui-même d'un empoisonnement ou d'une maladie contractée avant la bataille ! Sa mort est tenue secrète jusqu'à la confirmation de la victoire.
Funestes conséquences

Le roi Sébastien, de la dynastie d'Aviz (1554-1578) ; portrait par Cristóvão de Morais en 1571La mort sans héritier direct du jeune roi Sébastien, de la dynastie d'Aviz, suscite désespoir et incrédulité chez ses sujets.

Circonstance aggravante, une grande partie de la noblesse portugaise périt également au cours de ladite bataille.

Il s'ensuit deux ans plus tard l'annexion du Portugal par le roi d'Espagne Philippe II de Habsbourg, fils d'une princesse portugaise !

La noblesse portugaise ne se résoudra jamais à l'annexion et va reconquérir son indépendance deux générations plus tard, le 1er décembre 1640.
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6 janvier 1579
L'Union d'Arras et la Belgique en germe

Le 6 janvier 1579, dans le conflit qui oppose les protestants des Provinces-Unies à leur souverain espagnol, les catholiques prennent le parti de celui-ci.

Par l'Union d'Arras, les représentants des dix provinces à majorité catholique de la Flandre, de l'Artois et du Hainaut réaffirment leur fidélité au roi Philippe II de Habsbourg et à son représentant, le gouverneur Alexandre Farnèse. Ils conservent le nom de Pays-Bas espagnols. Leur Union constitue l'embryon de ce qui deviendra la Belgique.

La réplique vient le 23 janvier avec l'Union d'Utrecht, qui réunit les sept provinces à majorité protestante du nord, embryon des actuels Pays-Bas.
Marie Desclaux
Tous unis contre les Espagnols

De Groningue, au nord, à Cambrai, au sud, les Dix-Sept Provinces appartenaient un siècle plus tôt au duc de Bourgogne Charles le Téméraire. Par le hasard des successions et des mariages, elles ont échu à l'empereur d'Allemagne Maximilien 1er de Habsbourg, puis à son successeur Charles Quint, enfin au fils de celui-ci, le roi d'Espagne Philippe II.

Philippe II les administre par l'entremise de sa demi-soeur Marguerite de Parme, gouvernante générale des Pays-Bas. Fille naturelle de Charles Quint et d'une Belge, Johanna Van der Gheenst, mariée à Alexandre de Médicis puis à Octave Farnèse, elle administre avec dévouement son pays d'origine mais doit en passer par un groupe de fonctionnaires bourguignons, la Consulta, aux ordres du cardinal Antoine Perrenot de Granvelle, véritable maître du pays.

À la fin du XVIe siècle, on est en pleines querelles religieuses entre catholiques et réformés et la Consulta réprime avec zèle les manifestations protestantes. Les nobles locaux, aussi bien catholiques que protestants, craignent d'être dépouillés à la faveur de cette répression au profit de gouverneurs étrangers. Ils obtiennent le renvoi du cardinal de Granvelle puis publient à Breda un «compromis des Nobles» par lequel ils exigent la fin de l'Inquisition et la convocation d'états généraux.

Ils se rendent en délégation à Bruxelles pour remettre leur texte à Marguerite de Parme, gouverneur général des Pays-Bas. Celle-ci, qui les voit arriver de son balcon de l'hôtel de ville, glisse à l'un de ses conseillers : «Mais que me veulent donc ces gueux ?» L'expression fait florès et les protestataires, quoique nobles, s'enorgueillissent de cette appellation de «gueux».

Philippe II nomme un nouveau gouverneur des Pays-Bas en la personne du duc d'Albe. Celui-ci arrive à Bruxelles avec le titre de vice-roi et les pleins pouvoirs. Il occupe le pays avec 60.000 hommes : Espagnols, Napolitains, Allemands. La répression ne se fait pas attendre. Elle est dirigée par le Conseil des troubles, que les habitants surnomment le Conseil du sang («Bloedraat»).

Le chef des «gueux», Guillaume de Nassau, gagne le soutien de l'ensemble des Néerlandais contre l'oppression espagnole. Le 8 novembre 1576, il obtient des représentants des Dix-Sept Provinces qu'ils signent la Pacification de Gand, par laquelle les habitants de la Hollande et de la Zélande obtiennent le droit de pratiquer le calvinisme à leur gré.
Calvinistes contre catholiques

Arrive un nouveau gouverneur. Ce n'est autre que le jeune et prestigieux don Juan d'Autriche, demi-frère de Philippe II et héros de la victoire de Lépante sur les Turcs. Il feint de retirer les troupes espagnoles et d'accepter les termes de la Pacification.

Là-dessus, il s'empare de Namur. Mais comme les armées de Philippe II sont retenues en France dans d'autres guerres de religion, il lui est impossible de restaurer l'autorité du roi sur la totalité des Pays-Bas.

Mort du typhus pendant une campagne, don Juan est remplacé par son alter ego et ami, le prince Alexandre Farnèse, chef de guerre illustre et négociateur avisé, fils de Marguerite de Parme, qui gouverna également le pays. Faute de soumettre l'ensemble des provinces, il monte habilement les catholiques du sud contre les calvinistes du nord.

C'est ainsi que les représentants des dix provinces du sud, craignant l'hégémonie protestante, concluent l'Union d' Arras par laquelle ils dénoncent la Pacification de Gand, rejettent l'allégeance à Guillaume d'Orange et réaffirment leur fidélité au roi d'Espagne.

Le 17 mai 1579, par le traité d'Arras conclu avec Alexandre Farnèse, ils confirment leur ralliement à celui-ci.
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23 janvier 1579
Les Provinces-Unies forment l'Union d'Utrecht

Par l'Union d'Utrecht du 23 janvier 1579, sept provinces des Pays-Bas à majorité protestante se constituent en confédération. C'est la naissance des Pays-Bas actuels. Le sud du pays, catholique, reste sous souveraineté espagnole et deviendra beaucoup plus tard la Belgique.
Vers l'affrontement

De Groningue, au nord, à Cambrai, au sud, les Pays-Bas appartenaient un siècle plus tôt au duc de Bourgogne, Charles le Téméraire. Par le hasard des successions, ils échoient à Philippe II, roi d'Espagne. Comme on est en pleine guerre de religion, les catholiques et les protestants s'affrontent aux Pays-Bas comme ailleurs.

Guillaume de Nassau, dit Le TaciturneGuillaume de Nassau, qui a hérité de la principauté d'Orange, au sud de la France, reçoit le gouvernement de la province de Hollande. Avec d'autres nobles néerlandais, aussi bien catholiques que réformés, il dénonce les persécutions contre les protestants calvinistes.

C'est ainsi qu'en 1566, à Bruxelles, leur délégation présente à Marguerite de Parme, gouvernante générale des Pays-Bas, une pétition, le «compromis des Nobles», par laquelle ils réclament davantage de modération dans l'application des lois religieuses et surtout pas d'Inquisition ! Les protestataires, quoique nobles, s'énorgueillissent de l'appellation de «gueux» qui leur est lancée. Ils adoptent pour insignes l'écuelle et la besace.

Le roi Philippe II réagit par un surcroît de répression en confiant celle-ci au duc d'Albe, lequel débarque aux Pays-Bas en août 1567 avec le titre de vice-roi, les pleins pouvoirs et 60.000 soldats espagnols, allemand et napolitains. Marguerite de Parme quitte le pays en décembre 1567. Le duc constitue sans attendre un tribunal spécial, le Conseil des troubles. La tension culmine lorsque le duc fait juger et décapiter à Bruxelles, le 5 juin 1568, deux chefs des «gueux», les comtes d'Egmont et de Hoorn, en réplique à des agressions contre des lieux catholiques.

Guillaume d'Orange, dit «le Taciturne», s'enfuit en Allemagne. Il revient un peu plus tard aux Pays-Bas avec une armée et devient le chef («stathouder» en néerlandais) de l'insurrection.
Triomphe calviniste

Le nouveau représentant du roi n'est autre que le jeune don Juan d'Autriche, demi-frère de Philippe II et héros de la victoire de Lépante sur les Turcs. Il s'empare de Namur mais comme les armées de Philippe II sont retenues en France dans d'autres guerres de religion, il lui est impossible de restaurer l'autorité royale sur l'ensemble des Pays-Bas. Son successeur, Alexandre Farnèse, monte habilement les catholiques contre les protestants.

Craignant l'hégémonie protestante, les représentants des dix provinces du sud concluent l'Union d'Arras le 6 janvier 1579. La division du pays devient irrémédiable. Il ne reste plus aux Provinces Unies du nord qu'à confirmer à Utrecht leur propre union autour de la Hollande. C'est chose faite deux semaines plus tard.

Fortifiées par leur révolte, les Provinces Unies deviendront le premier des États modernes, avec une économie capitaliste et un empire colonial très prospère.
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15 octobre 1582
Naissance du calendrier grégorien

Le lendemain du jeudi 4 octobre 1582, les Romains se réveillèrent le vendredi... 15 octobre 1582. Cette nuit du 4 au 15 octobre 1582 avait été choisie par le pape Grégoire XIII pour l'entrée en application de sa réforme du calendrier julien, ainsi nommé d'après Jules César.

La réforme de Jules César

À Rome, l'année débutait en mars et comportait 355 jours et dix mois.

Les Romains payaient leurs dettes au début de chaque mois, ces jours étant appelés calendes (ou calendae). D'où le mot «calendrier» qui désigne le registre où sont inscrits les comptes puis la mesure du temps elle-même.

En 46 avant JC, Jules César donne à l'année 365 jours et 12 mois. Il la fait débuter le 1er janvier et prévoit des années bissextiles. Ce nouveau calendrier est dit julien en référence à son promoteur. L'Église, au Moyen Âge, lui demeure fidèle tout en faisant remonter le décompte des années à la naissance du Christ (ce décompte s'est aujourd'hui imposé à toute la planète).

Mais sous la Renaissance, les astronomes s'aperçoivent que l'année calendaire dépasse l'année solaire de... 11 minutes 14 secondes. Le cumul de cette avance quinze siècles après la réforme julienne se monte à une dizaine de jours avec pour conséquence de plus en plus de difficultés à fixer la date de Pâques !
La réforme de Grégoire XIII

Grégoire XIII décide donc d'attribuer désormais 365 jours, et non 366, à trois sur quatre des années de passage d'un siècle à l'autre. Les années en 00 ne sont pas bissextiles sauf les divisibles par 400 : 1600, 2000, 2400...

Cette modeste réforme ramène à 25,9 secondes l'écart avec l'année solaire (une broutille).

Par ailleurs, le pape décide de rattraper les dix jours de retard du calendrier julien entre le 4 et le 15 octobre 1582.

La réforme va s'étendre peu à peu à l'ensemble des pays. Le calendrier grégorien est aujourd'hui d'application universelle ou à peu près.
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8 février 1587
Exécution de Marie Stuart

Le 8 février 1587, Marie Stuart est décapitée. À seulement 44 ans, l'ancienne reine d'Écosse et de France parvient au terme d'un destin aussi tragique qu'exceptionnel.
Tragédie française

L'héritière des Stuart est devenue reine d'Écosse trois jours après sa naissance, à la mort de son père Jacques V.

La régence est assurée par sa mère, Marie de Guise, dont les frères animent à la cour le parti catholique et anti-anglais. Ils obtiennent de fiancer la petite reine au fils aîné du roi de France Henri II, le futur François II.

À peine âgée de six ans, Marie prend donc un bateau pour la France. Plongée dans une cour raffinée, la princesse devenue jeune fille s'attire les éloges de Ronsard. Elle épouse le Dauphin en 1558 et signe un acte secret par lequel elle promet de céder à la France ses droits sur l'Écosse... et l'Angleterre si elle venait à mourir sans enfant.

L'accession au trône de François II, en 1559, renforce l'influence de la famille de Guise à la cour. Il s'ensuit une rivalité de plus en plus aiguë entre les Guise et le parti protestant, dont découleront de longues et dramatiques guerres de religion.

Mais François II, de santé fragile, meurt à 17 ans, le 5 décembre 1560, après un règne de moins de deux ans. La jeune reine doit s'en retourner à regret dans le pays de son père.
Le retour de Marie Stuart à Édimbourg, par James Drummond (1870, Scottish National Gallery)
Tragédie écossaise

Marie Stuart retrouve un royaume déchiré par les perpétuelles dissensions entre chefs de clans et par la Réforme. Le peuple est tombé sous le charme d'un prédicateur austère, John Knox. Prêtre catholique passé à la Réforme anglicane puis au calvinisme, il fonde en Écosse une Église réformée nationale, sans clergé ni hiérarchie, l'Église presbytérienne. Dans chaque paroisse, les fidèles nomment eux-mêmes leur pasteur. Au sommet de l'État, pasteurs, bourgeois et squires (nobles) siègent ensemble.

C'est ce contexte ô combien éloigné de la cour des Valois que découvre Marie Stuart. La jeune reine s'attire la haine de John Knox.

Pour ne rien arranger, en dépit de nombreuses offres de mariage de grands princes étrangers, elle se laisse séduire par son cousin, le sémillant - et catholique - lord Darnley. Le choix est désastreux. Le beau lord ne manque pas une occasion d'humilier son épouse et s'attire la haine unanime de l'aristocratie.

Marie elle-même prend pour galant un petit musicien italien, David Rizzio. La cour ne le supporte pas et une conspiration encouragée par Darnley aboutit au meurtre de Rizzio dans les jupes mêmes de la reine, pendant leur souper.

Trois mois plus tard, le 9 février 1567, Lord Darnley meurt à son tour dans un attentat à la bombe, quelques jours après la naissance de son héritier, le futur Jacques VI, que d'aucuns soupçonnent d'être le fils de Rizzio ! Marie se remarie aussitôt avec l'instigateur du crime, le comte de Bothwell, fournissant ainsi un prétexte de soulèvement à la noblesse protestante.

Détrônée par ses sujets écossais, elle abdique au profit de son fils. Après dix mois de forteresse à Loch Leven, elle s'enfuit à cheval en Angleterre en mai 1568. Elle se place sous la protection de sa cousine, la reine Elizabeth 1ère, de la dynastie des Tudor, dont elle n'a pourtant jamais reconnu la légitimité.

Elizabeth 1ère est la fille du roi Henri VIII et la petite-fille d'Henri VII. Le roi d'Écosse Jacques V, père de Marie Stuart, est quant à lui le fils de Marguerite Tudor, fille d'Henri VII et soeur d'Henri VIII. Elisabeth 1ère est donc cousine au premier degré de Jacques V et cousine au deuxième degré de sa fille Marie Stuart.
Tragédie anglaise

Craignant une sédition des catholiques anglais, la reine d'Angleterre fait emprisonner son encombrante cousine. Dans sa prison, pendant près de vingt longues années, Marie Stuart participe à plusieurs complots ourdis par les «papistes» pour la faire monter sur le trône.

Les conseillers de la reine d'Angleterre s'inquiètent du danger qu'elle représente à l'heure où se profile une nouvelle guerre avec l'Espagne catholique. Elizabeth 1ère la fait finalement condamner à mort et décapiter. Sir Francis Walsingham, en charge de la police, piège la captive par le biais d'un provocateur qui l'entraîne dans un complot contre la reine. Marie Stuart donne par écrit son avis et conseille même les comploteurs sur la manière de procéder au meurtre. Cela lui vaut d'être jugée et condamnée à mort.

Les Communes réclament son exécution immédiate. Elizabeth 1ère rechigne malgré tout à faire exécuter une souveraine, si coupable soit-elle. Elle se résout à signer l'ordre d'exécution après beaucoup d'hésitation.

Marie Stuart retrouve son courage et sa dignité en montant sur l'échafaud. Le bourreau, maladroit, s'y reprendra à trois fois avant d'arriver à lui sectionner la tête.

Ayant triomphé de tous ses ennemis mais dépourvue d'héritier direct, la reine d'Angleterre lègue sa couronne au propre fils de Marie Stuart et lord Darnley, le roi d'Écosse Jacques VI. C'est ainsi qu'en 1603, à 37 ans, il devient également roi d'Angleterre sous le nom de Jacques 1er et inaugure la dynastie des Stuart.
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20 octobre 1587
Henri de Navarre remporte la bataille de Coutras

Le 20 octobre 1587, l'armée protestante , par ailleurs le chef du parti protestant, bat à plate couture l'armée catholique du roi de France Henri III à Coutras, non loin de Périgueux, en dépit d'effectifs inférieurs. Depuis le début des guerres de religion, 25 ans plus tôt, c'est la première victoire des protestants dans une bataille rangée. Ils la doivent à l'énergie de leur chef, le roi Henri de Navarre, héritier de la couronne de France et futur Henri IV.
Alban Dignat
Meurtrière bataille

Après un début de bataille qui donne l'avantage aux catholiques, Henri de Navarre fait donner l'artillerie et la cavalerie, gardées en réserve. L'armée royale fléchit. C'est dès lors un corps-à-corps dans lequel Henri de Navarre fait montre d'un courage remarquable. La bataille se solde par la mort de 2000 catholiques, parmi lesquels le chef de l'armée royale, le duc de Joyeuse, l'un des favoris du roi Henri III, et son frère Saint-Sauveur.
Écharpe blanche, drapeau blanc

À la bataille de Coutras, pour la première fois, Henri de Navarre et ses compagnons protestants se dotent d'une écharpe blanche. La légende veut que ce soit la « Grande Corisande », Diane d'Andoins, maîtresse du roi de Navarre, qui ait suggéré à celui-ci ce signe de reconnaissance.

Les hagiographes du futur roi Henri IV feront plus tard la confusion entre l'écharpe et un panache qu'aurait porté le roi, notamment à la bataille d'Ivry...

Le blanc, sans doute choisi pour s'opposer au rouge, couleur des troupes espagnoles et catholiques, ou par référence à une forme de pureté évangélique, va ainsi devenir la couleur du clan protestant, puis, quand Henri montera sur le trône, l'une des couleurs de référence de la monarchie française.
Henri IV après la bataille de Coutras, par Victor-Jean Adam (1801-1866), musée de Pau
Le goût amer de la guerre civile

En bon politique, soucieux de préparer la réconciliation future entre les deux clans ennemis, Henri III de Navarre (futur Henri IV) organise dès le lendemain, à Libourne, sur la Dordogne, de grandioses funérailles pour les victimes des deux camps. Il renvoie la dépouille de Joyeuse au roi de France avec un message de sincère contrition : « Je suis bien marri qu'en cette journée je ne pus faire de différence des bons et naturels Français d'avec les partisans et adhérents de la Ligue... Croyez, mon cousin, qu'il me fâche fort du sang qui se répand... ».

La défaite achève de discréditer le roi légitime Henri III aux yeux des ligueurs catholiques. Ceux-ci vont se rallier aux Guise et le chasser de Paris. Quelques mois plus tard, il sera assassiné par un moine.
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12 mai 1588
Journée des Barricades

Le 12 mai 1588, au petit matin, le Quartier latin se couvre de barricades. Le peuple catholique de Paris se soulève contre son souverain légitime et le chasse de la capitale.

Cette révolte d'un caractère inédit est la conséquence des haines entre catholiques et protestants, avivées par les interventions des souverains étrangers et par la crainte de voir un protestant succéder au roi Henri III de Valois.
Marie Desclaux
Un roi huguenot ? Jamais !

En 1584 est mort le dernier frère du roi Henri III, le duc d'Alençon. Chef du parti des Politiques, celui-ci était partisan d'une conciliation entre protestants et catholiques au nom de l'intérêt national. Comme Henri III, alors âgé de 33 ans, n'a pas encore d'enfant mâle pour lui succéder, c'est son cousin, Henri, roi de Navarre, qui devient l'héritier légitime de la couronne. L'ennui, c'est qu'il est protestant !

Rejetant la perspective d'un roi huguenot (sobriquet pour désigner les protestants), les bourgeois catholiques de Paris veulent interdire au roi Henri III de se compromettre avec les protestants. Ces bourgeois, à Paris comme dans les autres villes du pays, se sont rapprochés dix ans plus tôt des gentilshommes catholiques et de leur chef, le duc Henri de Guise. Ils ont constitué une Ligue «au nom de la Sainte Trinité pour restaurer et défendre la Sainte Église catholique apostolique et romaine».

Après la mort du duc d'Alençon, ils ne s'en tiennent pas là. 225 hommes déterminés forment le «Conseil des Seize», qui prétend représenter les 16 quartiers du Paris de l'époque (13 sur la rive droite de la Seine, 1 sur l'île de la Cité, deux sur la rive gauche).
Saint-Barthélemy à l'envers ?

Philippe II de Habsbourg (1527-1598), par Coello Alonso Sanchez (musée du Prado, Madrid) Ces ligueurs sont décidés à faire pression sur le roi et résolus, s'il le faut, à abattre la dynastie des Valois. Ils demandent au duc de Guise de les rejoindre à Paris.

Ils reçoivent aussi l'appui du roi Philippe II d'Espagne, qui se dispose à envahir l'Angleterre avec son Invincible Armada et tient à s'assurer la neutralité bienveillante de la France.

Le roi Henri III, méfiant, fait venir de son côté 4 000 gardes suisses et 2 000 gardes françaises. Il les met en position autour du Louvre et de l'île de la Cité.

Le bruit court dans la ville d'une Saint-Barthélemy à l'envers, organisée par le roi et dirigée cette fois contre la majorité catholique. Dans cette atmosphère surchauffée, le peuple prend parti pour la Ligue catholique et acclame le prince Henri de Guise, dit le Balafré. Celui-ci nourrit une haine inextinguible envers les protestants depuis que son père, François 1er de Lorraine, 2e duc de Guise, a été assassiné par l'un d'eux, Poltrot de Méré, en faisant le siège d'Orléans, en 1563 (l'assassin a été rien moins qu'écartelé).
Premières barricades

Le matin du 12 mai 1588, les étudiants parisiens et leurs professeurs, suivis par les parlementaires et les bourgeois se regroupent autour de la place Maubert. Craignant une agression de l'armée royale, ils barrent les rues en tendant des chaînes et en entassant des objets divers. C'est une première dans l'Histoire de Paris et de la France.

L'émeute reste connue sous le nom de «journée des barricades». Le mot lui-même est forgé à cette occasion à partir de barriques, l'un des objets les plus utilisés par les émeutiers pour barrer les rues. Près du pont Saint-Michel, un coup de feu éclate et une soixantaine de gardes sont aussitôt massacrés par la foule en représailles. Ici et là, beaucoup de soldats se rendent aux émeutiers.

Le duc Henri de Guise, dit le Balafré, est maître de la capitale. Il ne tiendrait qu'à lui de se faire proclamer roi. Mais il s'en garde bien et laisse s'enfuir le souverain légitime....
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8 août 1588
Défaite de l'Invincible Armada

Le 8 août 1588, devant le port de Gravelines, le feu et le canon dispersent la flotte espagnole destinée à conquérir l'Angleterre. Elle sera plus tard surnommée avec une teinte d'ironie « l'Invincible Armada ».
Le défi espagnol

Elizabeth 1ère, fille d'Anne Boleyn et fruit du deuxième mariage d'Henri VIII, avait succédé en 1558 à sa demi-soeur Marie Tudor, issue du premier mariage d'Henri VIII avec Catherine d'Aragon et mariée par procuration au roi d'Espagne, le très catholique Philippe II.

Elizabeth est, quant à elle, protestante. Les catholiques anglais et ceux du continent la considèrent bâtarde et hérétique. Pour eux, l'héritière légitime du trône est Marie Stuart, la malchanceuse et déchue reine d'Écosse, prisonnière d'Elizabeth. Plusieurs conspirations visant à déposer Elizabeth pour la remplacer par Marie sont mises à jour par la police secrète de Sir Francis Walsingham, compromettant sans équivoque la reine d'Écosse. Son exécution en 1587 décide Philippe II à mettre en branle ce qu'il appelle lui-même l'« Entreprise d'Angleterre ».

Au grief religieux s'ajoute la concurrence entre l'Espagne, puissance déclinante, et l'Angleterre, puissance montante.

Depuis plusieurs années, le développement de la puissance maritime anglaise se heurte de front aux intérêts espagnols. Dans les Flandres, où Philippe II a maille à partir avec les révoltes incessantes des Hollandais, Elizabeth soutient les insurgés.

Portrait d'Elizabeth 1ère avec l'Armada espagnole en toile de fond
Les forces en présence

L'Armada espagnole, c'est un formidable rassemblement de navires. Au total, 130 vaisseaux la composent. Elle transporte près de 30.000 hommes dont 19.000 soldats, 300 chevaux et mules, l'équipement nécessaire pour assiéger des villes, un hôpital de campagne etc. Son objectif est d'opérer un débarquement en Angleterre et de marcher sur Londres.

Cette force, sous le commandement du duc de Médina Sidonia, doit se joindre à celle du duc de Parme, située dans les Flandres et composée d'environ 18.000 hommes aguerris. Une fois la jonction effectuée, l'Armada doit escorter les barges de Parme pour la traversée de la Manche.

Pour faire face à la menace, l'Angleterre dispose d'une flotte composée des navires de la reine et de navires marchands fournis par des officiers de la marine royale, par la ville de Londres ou par de simples volontaires, pour un total de 197 navires et 15.835 hommes.
La bataille de Gravelines

Pendant la nuit du 7 au 8 août 1588, tandis que l'Armada mouille dans la Manche, les Anglais l'attaquent avec des barques bourrées d¹explosifs et de matières incendiaires, qu'ils font dériver à travers les navires ennemis. Cette manoeuvre inattendue sème la terreur et une indescriptible pagaille. Afin d'échapper aux flammes, des capitaines ordonnent de couper les amarres les reliant aux ancres. La flotte espagnole se disperse dans la nuit. Au matin, le duc de Médina Sidonia s¹emploie à regrouper ses navires.

C'est alors que débute, au large de Gravelines, l'engagement final avec les Anglais. Pendant des heures, la canonnade fait rage. Les Espagnols essuient le feu de l'ennemi sans pouvoir y répondre correctement. Puis, un vent du sud pousse leurs navires vers le nord.
Fin piteuse de l'Armada

Dans l'impossibilité de regrouper les 112 navires qui lui restent et sans nouvelle des préparatifs du duc de Parme et de ses barges de débarquement, Médina Sidonia se résigne à retourner en Espagne par la seule route possible vu les circonstances et les vents : contourner l'Écosse et l'Irlande et faire voile vers l'Espagne.

Malheureusement, la mer n'est point clémente et beaucoup de navires s'échoueront sur les côtes d'Irlande. Les équipages seront pour la plupart massacrés par les insulaires. Une poignée d'entre eux seulement reverront les rivages d'Espagne.
La puissance anglaise

Cliquez pour agrandir
En s'appuyant sur l'État de droit, la démocratie parlementaire et la domination des mers, l'Angleterre a pu dominer la planète comme aucune autre nation avant elle...
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23 décembre 1588
Le duc de Guise est assassiné !

Le 23 décembre 1588, le duc de Guise est assassiné au château de Blois.

L'assassinat du Duc de Guise, source : INA
Le temps des assassins

Quelques mois plus tôt, le roi Henri III a été chassé de Paris parce que, n'ayant pas d'enfant mâle pour lui succéder, il acceptait de laisser le trône, à sa mort, à Henri de Navarre, un protestant ! Réunis dans une Ligue catholique, les Parisiens se disposent à donner la couronne au duc Henri de Guise.

Henri III affecte alors de se soumettre et promet de ne jamais conclure «aucune paix ou trêve avec les hérétiques». Il nomme Henri de Guise lieutenant général du royaume et lui demande de le rejoindre à Blois où doivent se réunir les états généraux.

Le roi supporte sans mot dire l'insolence de son ennemi mais décide d'agir. Le vendredi 23 décembre 1588, au petit matin, une douzaine de fidèles le rejoignent dans son antichambre. Ils font partie de la garde royale. Le roi lui-même leur distribue des poignards. Leur chef se cache dans la chambre du roi avec huit complices. Les autres attendent à côté. Le roi se retire.

Henri de Guise pénètre dans la chambre où le roi l'a convoqué sous prétexte d'en terminer avec les affaires courantes avant Noël. Le duc est aussitôt percé de coups de poignard.

Quand le roi rentre dans la chambre et voit ce colosse de près de deux mètres étalé de tout son long au pied de son lit, la chronique lui prête cette réflexion : «Mon Dieu, qu'il est grand ! Il paraît même plus grand mort que vivant !» (*).

Le lendemain, c'est au tour du cardinal Louis de Lorraine, le frère du Balafré, d'être à son tour assassiné. Son corps est brûlé et jeté dans la Loire (ce refus de sépulture témoigne de la haine qui agite les esprits).

Les chefs de la Ligue sont arrêtés mais le camp catholique ne désarme pas. Paris proclame la déchéance d'Henri III. Les troupes espagnoles campent à Paris et Rouen, en soutien des insurgés.

Il appartiendra à Henri de Navarre, devenu Henri IV, de restaurer la paix civile.
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14 mars 1590
Henri IV et son panache vainqueurs à Ivry

Avec l'assassinat du roi Henri III, la couronne de France est revenue à son cousin le protestant Henri de Navarre, sous le nom d'Henri IV.

Mais les extrémistes catholiques, regroupés autour des Guise, rejettent le nouveau roi et relancent les guerres de religion...
Blanc, dites-vous ?

Le 21 septembre 1589, à Arques, près de Dieppe, Henri IV repousse les forces catholiques commandées par le duc de Mayenne Charles de Lorraine, frère du duc Henri de Guise, assassiné un an plus tôt. Avec des renforts anglais, il occupe méthodiquement la Normandie.

Bataille d'Ivry en 1590 : Henri IV et son panache blanc, dessin par Alexandre Joseph Desenne, vers 1817 - Illustration pour la Henriade. Musée national du château de Pau

Au printemps, tandis qu'il assiège Dreux, le duc de Mayenne revient à la charge avec des forces trois fois plus nombreuses. L'affrontement a lieu au matin du 14 mars 1590, près du village d'Ivry-sur-l'Eure.

D'après la chronique, le truculent Béarnais aurait harangué ses troupes avant la bataille : « Mes compagnons, Dieu est pour nous ! Voici ses ennemis et les nôtres ! Voici votre roi (...). Si vous perdez vos enseignes, cornettes ou guidons, ne perdez point de vue mon panache, vous le trouverez toujours au chemin de l'honneur et de la victoire... »

Ce casque à panache, orné de grandes plumes, ainsi que d'une améthyste et de perles, allait effectivement conduire le roi à la victoire et le faire entrer dans la légende.

Mais la chronique ne dit pas qu'il fut blanc. C'est seulement au XIXe siècle que les hagiographes feront le rapprochement entre ce panache et les écharpes blanches dont s'étaient dotés Henri de Navarre et ses compagnons protestants à la bataille de Coutras. Ils prêteront au premier la couleur des secondes.
Alban Dignat

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12 avril 1591
Fin de l'empire songhai

Le 12 avril 1591, une grande bataille a lieu sur les bords du Niger, à Tondibi.

Elle met aux prises une troupe marocaine commandée par un eunuque aux yeux bleus originaire de Grenade et composée essentiellement de mercenaires espagnols, et des dizaines de milliers de soldats songhaï.

La défaite de ces derniers, face à des agresseurs dotés d'un armement à feu ravageur, signe la fin de l'empire de Gao, plus connu sous le nom de Songhaï. Cet État noir islamique de la bordure sud du Sahara a prospéré pendant plusieurs siècles en servant d'intermédiaire entre l'Afrique noire et le monde méditerranéen.

De Tombouctou, sa principale ville, partaient vers le nord des caravanes chargées de sel et d'or, mais aussi d'ambre gris, de gomme arabique, de peaux de léopard et... d'esclaves. Elles revenaient avec des produits manufacturés (bijoux, armes, étoffes, miroirs...) ainsi que des produits agricoles (blé, chevaux...).

Grâce à ce commerce, Tombouctou, cité mystérieuse fermée aux Occidentaux, s'était dotée de belles mosquées en pisé (mélange de terre et de paille). Ses écoles abritaient de nombreux lettrés formés dans les universités d'Afrique du Nord.

Le sultan du Maroc, qui lorgne sur les mines de sel et le commerce de l'or, va mettre un terme à cette prospérité.

Après la bataille de Tondibi, le souverain du Songhaï est assassiné. Son empire devient une province marocaine gouvernée par un pacha et dénommée Soudan (d'après l'expression arabe Bilad al-Sudan, qui signifie «pays des Noirs»)... Tombouctou, en déclin, tombe sous la coupe de familles afro-marocaines. C'en est fini des grands royaumes africains...
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25 juillet 1593
Henri IV abjure le protestantisme à Saint-Denis

Le 25 juillet 1593, dans le désir de mettre fin aux guerres de religion et de réconcilier les Français, Henri IV abjure la foi protestante et demande à devenir catholique. Ce sixième et dernier changement de religion du roi de France est le résultat de négociations.
Alban Dignat.

«Paris vaut bien une messe»

Héritier légitime de la couronne suite à la mort sans héritier de son cousin Henri III de Valois, le nouveau roi a dû combattre les ligueurs catholiques, supérieurs en nombre, qui ne supportaient pas l'idée d'avoir un protestant sur le trône.

Un long siège devant Paris et une victoire éclatante à Ivry-sur-l'Eure sur l'armée catholique du duc de Mayenne ne font pas avancer ses affaires. Son ami Maximilien de Béthune, futur duc de Sully, par ailleurs protestant indéfectible, lui fait comprendre que le moment est venu pour lui de revenir à la foi catholique, au nom de la raison d'État.

L'Histoire résume le calcul par la formule, un tantinet cynique : «Paris vaut bien une messe». On la prête tantôt à Henri IV, tantôt à Sully, mais elle est plus vraisemblablement apocryphe...
Conversion

Selon un cérémonial convenu, Henri IV se présente devant le portail de l'abbatiale de Saint-Denis, au nord de Paris. «Qui êtes-vous ?» lui demande monseigneur de Beaune, archevêque de Bourges, en grand apparat.
- Je suis le roi, répond Henri.
- Que demandez-vous ?
- À être reçu dans le giron de l'Église catholique, apostolique et romaine».

Là-dessus, le roi s'agenouille et jure de mourir dans la religion catholique. L'archevêque lui donne l'absolution et le roi baise son anneau.
Pardons

Après sa conversion de raison, qui atténue les ressentiments des catholiques à son égard, le roi peut se faire sacrer à Chartres le 27 février 1594 (et non à Reims, la ville habituelle du sacre, encore aux mains des ligueurs). Il entre à Paris le mois suivant.

Mais la paix demeure précaire. Il faut encore rassurer les protestants et obtenir le pardon du pape...
- Henri IV et les protestants :

Par l'édit de Saint-Germain du 15 novembre 1594, le roi renouvelle les garanties des précédents édits de pacification. Mais les huguenots ne s'en satisfont pas. Leurs représentants, réunis à Saumur, font part au représentant du roi, le protestant Duplessis-Mornay, de leur souhait d'un nouvel édit. Les négociations s'engagent...
- Henri IV et le pape :

Dans le même temps, Henri IV délègue à Rome, auprès de Clément VII, deux prestigieux représentants de la France catholique : Jacques du Perron et l'abbé d'Ossat. Ils s'engagent au nom du roi à l'application en France des décisions du concile de Trente et au rétablissement de la religion catholique dans le royaume de Navarre, autrement dit le Béarn, la terre de Jeanne d'Albret, mère du roi.

Enfin, le 17 septembre 1595, le pape accorde son absolution au roi de France. Cette cérémonie solennelle se déroule au Vatican. Les deux représentants du roi, à genoux devant le souverain pontife, demandent pardon au nom de leur souverain.
Épilogue

Les choses s'arrangent du côté catholique, avec la soumission du duc de Mayenne après sa défaite à Fontaine-Française, le 5 juin 1595, et l'absolution du pape.

Mais les protestants, plus inquiets que jamais, font traîner les négociations. Là-dessus, le 11 mars 1597, les Espagnols, anciens alliés de la Ligue catholique, s'emparent par surprise de la ville d'Amiens, qui avait refusé la protection des troupes royales.

Le roi assiège Amiens et prie les protestants de lui apporter leur concours. Ces derniers croient habiles de profiter de la situation pour poser leurs conditions. Le roi ne cède rien. Ayant repris Amiens le 25 septembre 1597, il menace de reprendre la guerre contre ses anciens coreligionnaires. Ces derniers s'inclinent...

L'Édit de Nantes du 30 avril 1598 consacre la paix religieuse en faisant une place aux protestants. Avec la paix de Vervins, le 2 mai de la même année, les Espagnols quittent le pays. La France peut enfin se remettre sur pied et réparer ses plaies.
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La Deuxième République, ou Seconde RépubliqueN 1, est le régime républicain de la France du 24 février 1848, date de la proclamation provisoire de la République à Paris, jusqu’à la proclamation de Louis-Napoléon Bonaparte comme empereur le 2 décembre 1852, amorcée — jour pour jour l’année précédente — par un coup d’État. Elle fait suite à la monarchie de Juillet et est remplacée par le Second Empire.

La Deuxième République se distingue des autres régimes politiques de l’histoire de France d’abord par sa brièveté, ensuite parce que c’est le dernier régime à avoir été institué à la suite d’une révolution. C’est enfin le régime qui applique pour la première fois le suffrage universel masculin en France et abolit définitivement l’esclavage dans les colonies françaises. Après une période transitoire où un gouvernement relativement unanime prend des mesures sociales demandées par la frange ouvrière des révolutionnaires, le régime se stabilise et évince les socialistes, puis se dote d’une constitution.

Dès décembre 1848, la République a un président, Louis-Napoléon Bonaparte, élu pour quatre ans comme champion (jugé manipulable) du parti de l’Ordre. S’ensuivent plusieurs années de politique conservatrice, marquées notamment par la loi Falloux qui implique plus fortement l’Église catholique dans le domaine de l’éducation et la nette restriction du suffrage universel pour freiner le retour de la gauche, incarnée par la Montagne. Les conceptions sociales de Bonaparte l’éloignent du parti qui l’a amené au pouvoir, et il rassemble progressivement autour de sa personne une nouvelle sphère bonapartiste, tandis que le parti de l’Ordre espère faire arriver à la présidence, en 1852, un candidat monarchiste.

Bonaparte, à qui la Constitution interdit de se représenter au terme de son mandat, fait pression pour obtenir qu’elle soit amendée, mais en vain. Il orchestre donc avec ses proches le coup d’État du 2 décembre 1851 qui lui permet par la suite d’instaurer un régime autoritaire, approuvé par le peuple par le biais d’un plébiscite. L’année suivante, Bonaparte reçoit la dignité impériale, mettant fin au régime au profit du Second Empire. Le souvenir de la fin agitée de la Deuxième République marque durablement la classe politique française, qui refusera pendant plus de cent ans que le président de la République puisse à nouveau être élu au suffrage universel.

L'avènement de la nouvelle République
Crise économique et impossible réforme de la monarchie de Juillet
Article détaillé : Campagne des banquets.
portrait de François Guizot par Jehan Georges Vibert
François Guizot est, en 1848, à la tête du gouvernement depuis huit ans, un record sous la Monarchie de Juillet.

Le milieu des années 1840 est marqué par une crise à la fois économique, sociale et politique qui touche la Monarchie de Juillet et conduit le régime à sa fin. Les mauvaises récoltes de 1845 et 1846 et la déficience des moyens de transport pour acheminer des secours donnent lieu à une crise économique marquée par une hausse des prix alimentaires, avec son cortège de misère et d’émeutes (comme celles de Buzançais en 1847, qui se soldent par trois condamnations à mort)2. Cette crise cumule par ailleurs des aspects anciens et modernes : il s'agit notamment de la dernière grande crise de subsistance en France, mais aussi de la première véritable crise capitaliste de surproduction2.

En effet, si la crise est d'abord agricole, elle s'amplifie par la suite dans d'autres secteurs3. La bonne récolte de 1847 fait baisser les prix, ce qui gêne les gros producteurs céréaliers comme les petits, qui ont du mal à écouler leur production. L'exode rural s'amplifie. De plus, le monde rural (75 % de la population) réduit sa consommation de produits artisanaux et industriels. Une crise économique secoue ce dernier secteur, qui s'est fortement développé depuis 18404. La crise économique et monétaire conduit des entreprises à la faillite, notamment dans les domaines de la métallurgie et de la construction ferroviaire, mettant à la fin de 1847 près de 700 000 ouvriers au chômage5. Ce climat de crise fait baisser la natalité, augmenter la mortalité, et crée un important sentiment de peur sociale. La perte de confiance ne favorise pas la reprise, et nombre des victimes de la crise recherchent des responsables à leur situation, se retournant donc contre un pouvoir déjà fragilisé6.

Une crise plus ancienne touche en effet le régime. Divers scandales impliquant des notables d'influence locale et nationale ruinent leur prestige aux yeux de la petite bourgeoisie, et inquiètent certains dirigeants quant à leur légitimité7. À cela s'ajoute le débat croissant sur la réforme électorale : en 1848, le pays ne compte que 241 000 électeurs pour près de 35,5 millions d'habitants. Une part croissante du corps législatif, notamment les membres de l'« opposition dynastique », attend un nouvel abaissement du censN 2 et l'introduction de plus de « capacités » (corps de métier bénéficiant du droit de vote sans condition de cens), ainsi que l'impossibilité pour un fonctionnaire d'accéder à un mandat législatif. L'opposition espère ainsi doubler le nombre de votants, et réduire l'importance de François Guizot, à la tête du gouvernement depuis 1840 et qui avait encore obtenu une importante majorité aux élections de 1846. En 1847, cette majorité refuse l'abaissement du cens de 200 à 100 francs, conduisant à un inévitable blocage9.

Conscients de la nécessité d'une réforme pour arriver au pouvoir, et de l'impossibilité de cette réforme avec la majorité au pouvoir, les monarchistes de l'« opposition dynastique » organisent partout une vaste campagne de banquets par laquelle, en contournant l'interdiction de réunions politiques, ils tentent de convaincre Guizot d'élargir les conditions d'accès au vote en sollicitant l'opinion. Le premier banquet a lieu à Paris le 9 juillet 1847 avec 1 200 personnes, dont 85 députés. D'autres s'enchaînent en province, souvent dirigés par des opposants de renom. Pour contourner l'interdiction de réunions politiques, les participants portent des toasts à connotation politique, par exemple: « à la fin de la corruption », et parfois plus sociale comme « à l'amélioration du sort des classes laborieuses ». Cependant, malgré l'importante mobilisation, qui pousse un conservateur à proposer à la Chambre et à Guizot des réformes « sages, modérées, parlementaires », le chef du gouvernement reste inflexible10.
La révolution de 1848
Article détaillé : Révolution française de 1848.
gravure représentant un banquet en plein air.
La crise conduit à la campagne des banquets, comme celui du Château-Rouge le 9 juillet 1847. Celui de Paris le 22 février suivant sonne le départ de la révolution.
Acte d'abdication de Louis-Philippe
Le 24 février 1848, Louis-Philippe signe son acte d'abdication.

Face à ce refus, l'opposition décide d'organiser à nouveau un banquet d'importance à Paris, en février 1848, dans un quartier populaire. La crainte de dérives insurrectionnelles pousse les chefs de l'opposition dynastique, comme Odilon Barrot, à faire machine arrière, mais il est trop tard. Pour limiter les risques, le banquet est déplacé aux Champs-Élysées et reporté au mardi 22 février au lieu du dimanche initialement prévu, mais l'arrivée du peuple dans la rue semble inévitable. De fait, si le banquet est officiellement interdit, une manifestation survient. Dès le 23, des barricades sont dressées et le maintien de Guizot semble un obstacle à l'apaisement11. De plus, la garde nationale, chargée de maintenir l'ordre, n'est guère favorable au ministre. Sa démission le jour même n'empêche pas un drame : dans la soirée, des manifestants venus se féliciter de son départ devant le ministère des Affaires étrangères, boulevard des Capucines, sont fusillés dans la confusion. Seize d'entre eux sont tués, donnant un nouveau tour à la révolution12.

Le roi Louis-Philippe met alors en œuvre plusieurs solutions successives, faisant appel en l'espace de quelques heures à deux de ses anciens ministres, Mathieu Molé et Adolphe Thiers, qui ne satisfont pas les manifestants, puis à Odilon Barrot, l'un des leaders de l'opposition dynastique, qui ne parvient pas non plus à rétablir la situation. Le 24, la marche des insurgés vers le palais des Tuileries pousse le roi vieillissant à abdiquer rapidement en faveur de son petit-fils, le comte de Paris, âgé de neuf ans. Il s'empresse ensuite de fuir en Angleterre, signant dans le même geste la fin de la monarchie de Juillet. La Chambre démissionne dans la foulée13.

Le pouvoir tend alors à se regrouper dans les mains des chefs républicains à la tête des insurgés, mais aussi autour des journaux d'opinion que sont Le National (républicain modéré) et La Réforme (socialiste)14. Le nouveau roi désigné étant trop jeune, une régence s'annonce pour la duchesse d'Orléans qui, selon ses principes libéraux, choisit de se faire investir par les députés et se rend au Palais Bourbon, où la salle des séances est déjà envahie par les insurgés. Les indécis les plus influents, qui auraient pu permettre au régime de perdurer (comme Lamartine), penchent finalement dans le sens de l'insurrection — et donc de la République — et préparent un gouvernement provisoire15. Des manœuvres semblables ayant lieu à l'Hôtel de Ville, les députés s'y précipitent. C'est là qu'est finalement mis au point le gouvernement provisoire, autour de cadres des courants de La Réforme et du National, ce dernier étant prépondérant. La République est proclamée dans la foulée, pour éviter une nouvelle hésitation comme en 183014,16.
Histoire du régime
La création d'un nouveau système
Gouvernement provisoire et tentatives sociales
Article détaillé : Gouvernement provisoire de 1848.
tableau de Philippoteaux
Le 26 février, Lamartine refuse le drapeau rouge devant l'Hôtel de Ville.

Le gouvernement provisoire de 1848 réunit donc deux tendances, démocrates et libéraux. La tendance majoritaire est celle des libéraux non socialistes, représentée par les députés Dupont de l'Eure (qui en a la présidence symbolique, pour sa participation à la Révolution française), Lamartine, Crémieux, Arago, Ledru-Rollin, Garnier-Pagès, Marie, auxquels se joint Marrast du National. Si les démocrates se reconnaissent en Ledru-Rollin, ainsi qu'en Flocon, du journal La Réforme, ils demandent une plus grande représentation de leurs idées au gouvernement. S'y ajoutent donc Louis Blanc et Alexandre Martin, dit « l'ouvrier Albert ». Cependant, ces trois derniers ne bénéficient d'aucune fonction de ministre, signe de l'inégalité des forces entre les deux partis17. Décidés à revendiquer l'héritage de la Révolution, mais pas de la Terreur, les représentants de la République, notamment Lamartine, souhaitent une conciliation des classes, une amélioration des conditions de travail, et rejettent le drapeau rouge que veut imposer la foule au profit du drapeau tricolore déjà adopté18.
Gravure représentant Dupont de l'Eure dans les années 1850.
Jacques Charles Dupont de l'Eure devient de facto et de façon honorifique le premier chef de gouvernement de la Deuxième République.

Leurs premières mesures sont révélatrices de la tonalité qu'ils souhaitent donner au nouveau régime. Le 25 février, ils instituent le suffrage universel masculin. La peine de mort pour raisons politiques est également abolie, comme désaveu de cette Terreur19,20. Les « principes de 1789 », comme la liberté individuelle, sont mis en application : le 27 avril un décret annoncé dès le début du régime met définitivement fin à l'esclavage dans les colonies françaises. Se réclamant de la Révolution française, ils souhaitent que les peuples puissent librement choisir leur destin et ils souhaitent que la République soutienne les Polonais et les Italiens de Milan et de Sicile insurgés contre leurs souverains, ou les Autrichiens, mais certains, comme Lamartine, prônent la prudence en ce domaine. Ce dernier, chef de la diplomatie, définit la politique de la France en ce domaine comme un équilibre entre les principes qu'elle défend et l'étendue de ses forces. Aussi la nouvelle République ne s'engage-t-elle pas à soutenir toutes les révolutions, et renonce aux guerres de conquête qui avaient marqué la Première République21.

Pour satisfaire la frange de gauche de ce gouvernement provisoire très hétérogène, l'État se dote de moyens de lutter contre le chômage qui touche de nombreux Français. Un compromis entre les ateliers sociaux gérés par les ouvriers voulu par Louis Blanc et la défense de la propriété défendue par ses opposants est trouvé avec la création des ateliers nationaux le 27 février. Ces grands travaux ont le double avantage de diminuer le chômage et d'éloigner les ouvriers de possibles révoltes22. Faute d'obtenir la création d'un ministère du Travail, les socialistes bénéficient de la création de la commission du Luxembourg, où l'on réfléchit sous la présidence de Louis Blanc et d'Albert à une nouvelle organisation du travail en vue d'améliorer le sort des « classes populaires ». Cette commission permet aux ouvriers d'obtenir, le 2 mars, que le gouvernement diminue d'une heure la durée de la journée de travail, qui passe de onze à dix heures à Paris et de douze à onze heures en province23.

En province, l'information circule vite et de nouveaux fonctionnaires favorables au régime sont mis en place. De nombreux notables légitimistes, heureux de l'éviction de Louis-Philippe, et même des orléanistes, rallient la République, tandis que les Républicains, censurés sous la monarchie de Juillet, manifestent leur enthousiasme24. Aux Républicains « de la veille » se joignent donc les Républicains « du lendemain », gagnés au nouveau régime : les légitimistes, notamment, profitent de cette occasion pour se débarrasser des Orléans. Nombre de catholiques se rallient également25. Les populations de province profitent cependant dans un premier temps de la désorganisation suscitée par le changement de régime pour laisser exploser des tensions plus anciennes, et certains règlements de compte ont lieu, sous forme de pillages et destructions, avant que la majorité de la population ne rejoigne la République26. Les paysans, oubliés par les réformes, restent en revanche distants vis-à-vis du nouveau régime27.
Les élections d'avril 1848 et l'Assemblée constituante
Article détaillé : Assemblée nationale constituante (Deuxième République).
L'intérieur de la salle de l'Assemblée constituante, sur une gravure de l'époque.

L'unanimisme « républicain » est de mise pendant quelques semaines : les prêtres bénissent les arbres de la liberté qui sont plantés dans de nombreuses communes, dans l'illusion de l'avènement d'une « ère nouvelle », celle de la fraternité universelle28. La situation change avec l'approche d'élections en vue de former l'Assemblée constituante, qui doit poser les bases d'un nouveau régime politique. Les républicains avancés, conscients du contrôle des ruraux par les notables, redoutent les résultats du suffrage universel. Afin d'avoir le temps de développer leur propagande en province, ils demandent, sous la direction de Blanqui, un report des élections. Ils obtiennent maigrement satisfaction, les élections étant décalées du 9 au 23 avril. Déçu, Blanqui s'obstine et mène des ouvriers dans la rue le 16 avril. Ils font face à la garde nationale devant l'Hôtel de Ville, mais la journée se termine sans effusion de sang, et sans modification du calendrier électoral29. Un front de l'ordre se forme, décidé à contrer les revendications des ouvriers en passant dans un premier temps par les urnes30.

Les élections du 23 avril confirment les craintes des républicains avancés. Au début du mois, Ledru-Rollin avait demandé à ses commissaires d'éclairer le peuple provincial pour l'inciter à voter pour des républicains de la veille. Ainsi, si on cherche à contrer le courant socialiste à Paris, c'est le courant monarchiste qui est craint en province31. Les élections mobilisent 84 % de l'électorat, qui doit souvent marcher longuement jusqu'au chef-lieu de canton dans ce qui est parfois une véritable procession civique guidée par le maire et quelques fois par le curé32. La nouvelle Assemblée, d'environ 900 membres, est dominée par les républicains modérés (environ 500 élus). Mais les monarchistes, qui vont former le parti de l'Ordre, représentent 200 députés. Le courant socialiste occupe alors moins du quart de l'Assemblée et ses chefs ne sont pas élus, à l'exception d'Armand Barbès33. Les membres du gouvernement provisoire sont réinvestis pour leur part, en particulier Lamartine qui est élu dans 17 départements34. Par crainte de la fermeture des ateliers nationaux, seul moyen de subsistance d'une partie de la population ouvrière, une émeute survient à Rouen, première effusion de sang entre républicains sous ce régime35. Le 4 mai, l'Assemblée proclame à nouveau la République, à une date qui devient symboliquement sa fête36.
La commission exécutive et les journées de juin
Article détaillé : Journées de Juin.
Barricade dans la rue de Soufflot, à Paris, le 25 juin 1848 par Horace Vernet

L'élection de l'Assemblée constituante permet de mettre en place un système de gouvernement moins confus. En s'inspirant du Directoire, il est décidé de créer une commission exécutive de cinq membres, choisis parmi l'ancien gouvernement provisoire. Les socialistes en sont exclus, et elle est composée de François Arago (qui la préside), ainsi que Louis-Antoine Garnier-Pagès, Pierre Marie de Saint-Georges, Alphonse de Lamartine et Alexandre Ledru-Rollin. Ce dernier, jugé par certains comme le responsable des tumultes parisiens, ne doit son entrée à la commission qu'à Lamartine, qui en fait une condition de sa propre participation37. À la suite de la création de la commission, un gouvernement est formé dans la même tendance, proche du National, malgré deux concessions aux socialistes : le maintien d'Hippolyte Carnot à l’Instruction, et l'arrivée de Ferdinand Flocon à l’Agriculture et au Commerce38.

Des troubles se produisent rapidement. Le 15 mai 1848, à la suite d'une manifestation en faveur de la Pologne, Barbès, Blanqui, Raspail et l'ouvrier Albert rentrent de force dans l'assemblée élue trois semaines plus tôt. Aloysius Huber la déclare dissoute et acclame les noms des dirigeants révolutionnaires susceptibles de former un nouveau gouvernement, mais ils sont finalement arrêtés39. L'historien Henri Guillemin y voit pour sa part un « piège », dans la mesure où Huber aurait pu être un provocateur de la police, rôle qu'il avait rempli sous Louis-Philippe40. Sa personnalité douteuse entretient dans tous les cas la confusion sur l'origine réelle de l'événement41. Qu'il s'agisse d'une provocation ou non, le résultat est la décapitation de l'extrême-gauche et les premières arrestations politiques du régime42.

L'élection en plusieurs lieux de certains des députés (notamment Lamartine, qui l'est 17 fois), laisse de nombreux sièges libres, et entraîne de nouvelles élections, le 4 juin. Arrivent ainsi de nouveaux venus, notamment Victor Hugo, mais aussi Louis-Napoléon Bonaparte (qui démissionne aussitôt), et pour l'extrême gauche, Marc Caussidière, Pierre-Joseph Proudhon et Pierre Leroux. Cela n'est pas sans danger pour le gouvernement, d'autant que les idées socialistes, mais aussi la popularité croissante de Bonaparte, ont trouvé un puissant moteur dans les ateliers nationaux dont la majorité craint qu'ils ne suscitent des mouvements insurrectionnels43. Leur fort coût accroit encore la motivation de la majorité des constituants pour les détruire44.

Le 21 juin, sous la pression de l'Assemblée, la Commission exécutive prend un décret obligeant les hommes de moins de 25 ans à rejoindre l'armée, et les autres ouvriers à se disperser en province. Il s'agit de fait d'une dissolution des ateliers nationaux45. Une partie du Paris populaire entre en insurrection le 22 pour protester contre cette fermeture. Ce sont les journées de Juin, qui durent jusqu'au 28. L'armée, commandée par le général républicain Cavaignac (à qui l'assemblée confie tous les pouvoirs le 24), réprime durement les insurgés avec ses 50 000 soldats, rejoints par 100 000 gardes nationaux de province. Plusieurs milliers d'insurgés sont tués, 1 500 fusillés, tandis que l'on compte plus de dix mille prisonniers46.

Outre l'agitation, qui marque aussi un certain recul de la domination de Paris sur la province (recul symbolisé par le suffrage universel), les journées de juin marquent aussi l'avènement du gouvernement Cavaignac, et le retrait des cinq de la Commission47. La peur bourgeoise face à ces événements est très forte, et les conséquences de ces violences sont durables dans les esprits48. Le régime en sort affaibli et est désormais marqué par une forte peur sociale, renforcée par les rumeurs souvent infondées sur les atrocités commises par les insurgés49.
La République conservatrice
Retour en force du camp conservateur
Articles détaillés : Gouvernement du général Cavaignac et Constitution française de 1848.
portrait de Cavaignac
Au cours des journées de juin, Eugène Cavaignac, fervent républicain, est devenu chef du gouvernement, et le reste jusqu'en décembre.

L'hypothèse d'une république sociale étant brutalement levée, la majorité de l'Assemblée (républicains modérés et monarchistes) soutient le gouvernement du général Cavaignac, républicain mais conservateur et autoritaire. Le gouvernement perd ses derniers éléments socialistes avec le départ de Flocon, mais aussi d'Hippolyte Carnot qui doit quitter l’Instruction publique le 5 juillet à la suite d'un vote de défiance, pour satisfaire notamment la droite cléricale qui apprécie peu d'avoir un tel libre penseur à ce poste50. Le gouvernement annule les mesures sociales prises au printemps 1848 (limitation du temps de travail, notamment), il limite drastiquement la liberté d'expres​sion(loi sur la presse et censure des théâtres), et poursuit certains des derniers socialistes, comme Louis Blanc, qui préfère s'exiler. Lorsque Proudhon propose son projet socialiste à l'Assemblée, il ne reçoit que 2 voix, contre 60051.

L'élimination de l'extrême gauche semble accroître les chances d'une république bourgeoise et modérée, sous l'égide de Cavaignac. C'est pourtant rapidement un échec52. Pendant l'été 1848, les élections municipales du 3 juillet, et les cantonales des 27 août et 3 septembre, montrent une évolution de l'électorat. Les ruraux sont mécontents de la baisse des prix, liée à une bonne récolte, et ulcérés des moyens militaires utilisés pour percevoir l’impôt des 45 centimes, et désavouent par conséquent la République. Plus de 35 000 maires et adjoints élus (sur 65 000) occupaient déjà ces fonctions sous la Monarchie de Juillet53. Les élections législatives des 17 et 18 septembre confirment l'évolution : dans treize départements, sur dix-sept députés élus, quinze sont monarchistes54.

Le 4 novembre, l'Assemblée vote le texte d'une Constitution élaborée par une commission depuis le 17 mai. À côté d'un président de la République, chef de l'exécutif, élu pour quatre ans au suffrage universel masculin et non rééligible immédiatement, siège une Assemblée législative élue pour trois ans au suffrage universel toujours masculin, qui vote les lois et contrôle le gouvernement. Rien n'est prévu pour régler pacifiquement un possible conflit durable entre le président et l’assemblée. À gauche, certains, comme Jules Grévy, se sont opposés à cette fonction suprême, jugeant que l'exécutif devait revenir au chef de gouvernement, révocable par l'assemblée ; mais leur proposition a été très nettement rejetée55. La Constitution annonce les grandes valeurs de la République : « Elle a pour principes la Liberté, l’Égalité, la Fraternité. Elle a pour base la Famille, le Travail, la Propriété, l'Ordre public ». En revanche, l'extrême-gauche ne parvient pas à y faire exprimer le principe de « droit au travail »56. L'élection du président par le peuple suscite des craintes de retour à la monarchie, et un amendement supprimant cette élection est proposé, sans succès. Des dispositions sont cependant prises pour garantir la non-rééligibilité du président, et des mesures en cas de coup d’État de sa part57.
L'élection présidentielle de décembre 1848
Article détaillé : Élection présidentielle française de 1848.
Louis-Napoléon Bonaparte, président de la République

L'automne est occupé par la préparation de l'élection présidentielle qui doit avoir lieu le 10 décembre 1848. Regroupés autour du National, les Républicains modérés pensent que la popularité d'Eugène Cavaignac assurera son élection. Face à lui se présente Louis-Napoléon Bonaparte qui a, en septembre, été réélu à l'Assemblée. Entre eux s'engage une lutte pour séduire l'électorat conservateur de droite, qu'il s'agisse de libéraux ou de catholiques. Pour ce faire, Cavaignac fait entrer deux orléanistes au gouvernement, et propose d'accueillir le pape Pie IX, chassé de ses États par la révolution et la proclamation de la République romaine. Cela lui fait perdre une partie du soutien des modérés, tandis que la gauche lui est opposée depuis les événements de juin58. De leurs côté, les chefs du « parti de l'Ordre », peu convaincus, se rabattent sur Bonaparte, dont Adolphe Thiers juge qu'il sera ensuite facile à manipuler59.

À gauche, Alexandre Ledru-Rollin propose sa candidature, afin de rassembler les déçus de Cavaignac et les socialistes modérés, tandis que les socialistes intransigeants présentent Raspail, alors emprisonné. Comptant sur sa popularité démontrée par ses succès aux législatives, Lamartine se présente également. Quelques légitimistes portent pour leur part la candidature du général Nicolas Changarnier60.

Le résultat est sans appel : Bonaparte obtient plus de 5 millions de voix, soit 74,2 % des suffrages exprimés, alors que Cavaignac, arrivé second, ne récolte qu'un million et demi de voix59. Ledru-Rollin en obtient moins de 400 000, Raspail 37 000, et Lamartine moins de 18 000 tandis que Changarnier, bon dernier, est encore nettement derrière. Il est alors évident que l'assemblée élue en avril n'est plus représentative de l'électorat61. Les campagnes, notamment, ont plébiscité Bonaparte car, chose rare, il leur est possible de voter pour un nom qu'ils connaissent. Ce jour de vote fait donc figure d'entrée en scène du monde rural sur la scène politique française62.
Les élections législatives de 1849
Articles détaillés : Élections législatives françaises de 1849 et Assemblée nationale législative (Deuxième République).
Les voix des républicains démocrates-socialistes en mai 1849

Le président nomme Odilon Barrot à la tête d'un gouvernement à forte coloration monarchiste. Très représentatif des visées du parti de l'Ordre, ce gouvernement ne compte aucun républicain. La nouvelle tendance est clairement affichée et, rapidement, certains préfets républicains sont remplacés par des anciens de la monarchie de Juillet ou des bonapartistes63. Le gouvernement œuvre pour affaiblir le camp républicain en vue des élections législatives que l'Assemblée, à majorité républicaine, est contrainte d'accepter le 29 janvier sous pression militaire (l'armée étant mobilisée au vague prétexte d'émeutes). Elles doivent avoir lieu le 13 mai 184964.

Le ministre de I'Intérieur, Léon Faucher, obtient difficilement le 24 mars l'interdiction des clubs politiques. L'expression publique des républicains démocrates-socialistes regroupés au sein de la Solidarité républicaine (créée pour Ledru-Rollin lors de l'élection présidentielle), est ainsi rendue plus difficile. Cette nouvelle Montagne (dont le nom fait référence à la Montagne de 1793) se retrouve être la seule opposition conséquente face au parti de l'Ordre, puisque les quelques républicains modérés ne parviennent pas à créer une faction centrale conséquente après la défaite de Cavaignac. Si le parti de l'Ordre remporte ces élections (53 % des voix, 64 % des élus), les démocrates-socialistes progressent (25 % des voix), alors que les républicains modérés sont laminés (11 % des voix). La géographie politique de la France à cette époque pose les foyers durables de l'extrême-gauche dans le pays65. L'espoir est alors grand pour les démocrates-socialistes (qui voient fortement progresser le vote paysan en leur faveur depuis l'élection présidentielle) d’une plus forte progression à l’avenir, ce qui est symétriquement une crainte pour les conservateurs effrayés par le « spectre rouge »66.

Cependant, le pouvoir est aux mains du parti de l'Ordre, et c'est donc dans le sens d'une politique conservatrice et catholique qu’agit le gouvernement. C'est notamment le cas lors de l'expédition de Rome, où le corps envoyé pour défendre la jeune République romaine contre les Autrichiens est détourné de sa mission pour rétablir le pape Pie IX dans ses prérogatives temporelles67. Certains républicains sont choqués que la République française s'attaque à une autre république pour restaurer une monarchie, et Ledru-Rollin appelle à des manifestations le 13 juin. Cependant, il n’est pas suivi, une partie des chefs sont arrêtés, et Ledru-Rollin lui-même s'exile pour vingt ans en Angleterre68. Des manifestations ont lieu en province, notamment à Lyon où des barricades sont dressées : on compte des dizaines de morts et des centaines d'arrestations69.
Crépuscule d'une République avortée
gravure d'Honoré Daumier, intitulée "Les Fricoteurs politiques"
La loi du 31 mai 1850, réduisant le corps électoral, suscite des critiques. Sur cette caricature d'Honoré Daumier, les chefs conservateurs font goûter leur « cuisine » électorale à une France visiblement dégoûtée.

La reprise des hostilités contre la République romaine permet au gouvernement de se débarrasser des chefs républicains qui s'y opposent après le fiasco de leur manifestation du 13 juin 1849 : 34 députés sont suspendus de leur mandat, la plupart se trouvent sur le chemin de l'exil. L’état de siège est déclaré dans les départements qui se sont révoltés, et de nouveaux délits sont créés, notamment celui d'offense au président dans la presse. Peu à peu, une répression des idées républicaines se met en place, servant les intérêts communs de Bonaparte et du parti de l'Ordre70. Afin d'éviter de nouvelles révoltes, notamment à Paris, et suivant le courant du catholicisme social, le gouvernement entreprend de lutter contre la misère. Les conservateurs innovent dans leur démarche en reconnaissant que l’État doit intervenir dans la question sociale71. Ainsi apparaît le 13 avril 1850 une loi sur les logements insalubres ; en juillet de la même année, une loi encadre les sociétés de secours mutuels, en février 1851, une loi est adoptée sur l'apprentissage, et le 30 juin, une autre concerne les caisses d'épargne. Ces innovations n'ont qu'un impact limité, et ne parviennent à combler les attentes de 1848, tout en créant le débat entre les députés72.

D'autre part, les catholiques effrayés par le socialisme et, notamment, les projets d'Hippolyte Carnot sur l'éducation, renforcent leur lutte contre le monopole de l'Université. La loi Falloux votée en mars 1850 donne une plus grande place à l’Église dans l'enseignement, et une plus grande liberté aux préfets concernant la nomination et l'éviction des instituteurs. Cela a également pour effet d'entraîner une poussée d'anticléricalisme chez les intellectuels et l'effacement du courant socialiste chrétien par rapport à la défense de l'ordre73.

Cependant, l'harmonie n'est pas parfaite entre le président et la majorité qui l'a porté au pouvoir. Le 31 octobre 1849, il renvoie le gouvernement Barrot pour former à la place un ministère de partisans qui dépend davantage de son autorité. Sa politique restant la même, le parti de l'Ordre finit par s'en accommoder74. Face à lui, l'opinion républicaine poursuit sa résistance, notamment lors des élections législatives complémentaires du 10 mars et du 28 avril 1850. Les républicains parviennent à faire élire vingt-et-un des leurs pour remplacer trente-et-un de leurs chefs, déchus de leur mandat par la Haute Cour. Cette persistance d'une faction montagnarde qu'elle croyait avoir éliminée effraie la majorité, qui décide d'agir75.

La loi électorale du 31 mai 1850 réduit ainsi l'électorat de 30 % sans pour autant remettre en cause le principe du suffrage universel : elle s'assure notamment que les électeurs ont résidé trois ans dans leur canton et prend d'autres dispositions qui éliminent dans les faits les plus pauvres et les militants du corps électoral76. La loi suscite des critiques pour son hypocrisie, et réduit de 9 600 000 à 6 800 000 le nombre des électeurs, laissant penser au pouvoir que la menace montagnarde est définitivement passée. De nouvelles perspectives apparaissent donc pour l'élection présidentielle de 185277.

Une nouvelle loi réduit la liberté d'expression dans la presse (16 juillet 1850). Les républicains se scindent : la majorité opte pour une action légale, la minorité, soutenue par les chefs en exil, préconise l'action de sociétés secrètes, qui sont particulièrement nombreuses dans la vallée du Rhône78. Cette mise au silence de la faction républicaine n'est pas sans conséquences sur les relations entre le président et le parti de l'Ordre, qui se sentent désormais libre d'afficher des désaccords croissants avec Bonaparte, notamment en ce qui concerne ses idées sociales. Ce dernier rend également les conservateurs responsables de la mutilation du suffrage universel, qu'il condamne. Peu à peu, un « parti de l’Élysée » se crée79.
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La culture politique sous la Deuxième République
Les forces politiques
Article détaillé : Courants politiques sous la Deuxième République.
graphique montrant une forte domination du parti de l'Ordre, suivi de la Montagne et d'une petite part de modérés
Composition de l'Assemblée législative après les élections de mai 1849.

Plusieurs courants de pensée coexistent durant la Deuxième République, dont l'évolution se révèle très forte. Ainsi, lors des débuts du régime, la polarisation se fait principalement entre les partisans d'une république sociale et les républicains plus modérés, ces derniers regroupant également des royalistes opportunément ralliés, provisoirement, au nouveau régime. L'entente est d'abord bonne entre les deux factions, organisées autour des journaux La Réforme et Le National. Si ce dernier domine très nettement, les deux courants sont représentés au sein du gouvernement provisoire. C’est à l’époque de cette union républicaine que sont adoptées un certain nombre de mesures progressistes et sociales (abolition de l'esclavage, fin de la peine de mort politique, baisse du temps de travail, ateliers nationaux). Les élections législatives de mai 1848 marquant une nette faiblesse du courant socialiste, celui-ci est progressivement exclu de la vie politique51.

Le « danger rouge » étant provisoirement écarté, les monarchistes et conservateurs s'éloignent peu à peu des républicains modérés pour former le parti de l'Ordre, réuni autour des valeurs du catholicisme et du conservatisme, qui favorise l'accession de Louis-Napoléon Bonaparte au pouvoir. Aux élections législatives de mai 1849, les modérés sont marginalisés, leur courant étant dépassé à sa droite par le parti de l'Ordre, et à sa gauche par l’émergence du courant démocrate-socialiste, la Montagne. S'il est en partie décapité en juin, ce courant parvient à se maintenir à l'Assemblée jusqu'à la fin de 1851 malgré les persécutions53.

À l'opposé, le parti de l'Ordre voit émerger un nouveau concurrent qu'il a contribué à créer. Bonaparte s'émancipe en effet peu à peu des conservateurs, et rallie à lui des partisans attirés notamment par ses idées sociales. Un « parti de l’Élysée », bonapartiste, se forme, permettant la marche vers le coup d’État79.
Une politisation progressive de la population

La Deuxième République favorise, par le biais du suffrage universel, la politisation de la population. Dès le début du régime, la fin de la censure permet une circulation plus facile des idées, notamment au sein des milieux ouvriers. De très nombreux journaux, souvent éphémères, se créent : plus de 300 titres à Paris et quasiment autant en province95. Les ateliers nationaux deviennent également un biais pour la propagation de la pensée socialiste chez les ouvriers, ce qui est un des motifs de leur fermeture43. Cependant, au début de la République, cette circulation est surtout aisée dans la capitale, ce qui explique la crainte des socialistes face à des élections législatives qu'ils jugent prématurées, mais aussi la différence des cibles de la propagande gouvernementale lors de ces mêmes élections : alors que les idées socialistes sont combattues à Paris, c'est la monarchie qui est crainte en province, où la population pourrait être amenée à suivre les notables29.

En province, les idées de la Montagne circulent aussi par le biais du folklore, des danses et des chansons96. Les clubs et associations sont également un moyen important pour cette propagation au sein de la gauche, ce qui conduit le parti de l'Ordre à en faire interdire plusieurs97. Ses propres idées, pour leur part, circulent surtout par le biais de l’Église, de ses missions et processions, et plus généralement par le rôle d'encadrement qu'il juge avoir sur la population98. Une division provinciale se crée (notamment visible lors des élections de 1849) avec une France conservatrice au nord et à l'ouest, et une France montagnarde au centre et à l'est : cette carte politique qui se révèle en 1849 s'avère durable99.

La réaction au coup d’État du 2 décembre est représentative de l'évolution de l'engagement des populations. Alors que la population ouvrière parisienne, encore marquée par les journées de juin 1848, rechigne à défendre un régime qui l’a combattue, la province se mobilise fortement en plusieurs endroits87. Cette insurrection de province suscite un long débat entre les conservateurs, qui y voient avant tout une jacquerie tant redoutée avec son lot de destructions et de pillages, et, au contraire, les républicains qui y voient un mouvement de défense de la République. Il est en effet difficile d'évaluer avec précision la limite entre l'engagement politique des paysans et les exactions aux causes plus locales, mais aussi la part d'implication des paysans dans ces mouvements100.
Le rôle des femmes dans la vie politique
Article détaillé : Place des femmes en France en 1848.
Honoré Daumier raille l'engagement politique des femmes (Les Divorceuses, lithographie publiée dans Le Charivari du 4 août 1848).

La révolution de 1848 et la Deuxième République marquent une étape importante dans l'émergence politique des femmes, à l'époque encore considérées aux yeux de la loi comme mineures101. Certaines femmes de lettres se manifestent ainsi politiquement, comme George Sand qui s'engage au côté du gouvernement provisoire. Plus encore, les libertés nouvellement acquises, notamment en ce qui concerne les droits de réunion et les publications, entrainent la naissance de plusieurs journaux féministes comme La Voix des femmes, La Politique des femmes ou encore L'Opinion des femmes. Au sein de ces journaux émergent des personnalités de premier plan, telles qu'Eugénie Niboyet, Jeanne Deroin et Désirée Gay102. Il est cependant difficile de quantifier cette implication des femmes dans la révolution103.

Bien que les femmes restent exclues du suffrage universel mis en place à l'époque, elles s'expriment notamment par divers types de publications. Le fond de leur propos varie sans réelle unité. Certaines s'engagent pour le droit au travail, ce qui leur permet d'obtenir des ateliers nationaux qui leur sont destinés. Le désir d'égalité sur des sujets sociaux est également présent, et certaines s'engagent pour le rétablissement du divorce. Enfin, la question politique est importante, et des comités sont créés pour obtenir auprès du gouvernement un réel suffrage universel. Niboyet tente même d'obtenir la candidature de George Sand aux élections législatives, ce que celle-ci refuse102. Elles bénéficient d'une certaine audience : ainsi, Armand Marrast, alors maire de Paris, reçoit une délégation de femmes et promet de rapporter leur parole à l'Assemblée101.

Après les journées de Juin et le tournant conservateur, une vague d'antiféminisme déferle. Les femmes sont en effet soupçonnées d'avoir contribué aux soulèvements, et leur présence au sein des clubs est interdite dès le mois de juillet. Peu à peu, également, l'image d'une femme mal éduquée et trop soumise à la volonté du clergé émerge chez les républicains. Cette image, durable, reste longtemps leur argument rejetant le suffrage des femmes102.
Arts et politique
tableau représentant des esclaves fêtant leur liberté
L'Abolition de l'esclavage dans les colonies françaises en 1848 est un exemple de peinture inspirée par la Deuxième République.

Les arts reflètent l'ambiance politique de l'époque. Les peintres se font l'écho de l'évolution du régime : L'Abolition de l'esclavage dans les colonies françaises en 1848 de François-Auguste Biard illustre bien l'utopie quarante-huitarde104, tandis que le célèbre tableau Un enterrement à Ornans, de Gustave Courbet, crée la polémique en étant perçu comme une illustration de la déception du peintre après la victoire des conservateurs en 1849105. Si on ne peut parler d'une peinture révolutionnaire, un tournant décisif s'amorce néanmoins, avec l'émergence d'une peinture davantage empreinte d'émotion et la naissance de la peinture de reportage, qui anticipe l'avènement de la photographie106. Cette dernière est quant à elle utilisée comme source documentaire. L'Illustration emploie ainsi des photos des personnalités ou des événements, comme la barricade de la rue Saint-Maur-Popincourt du 26 juin 1848, pour en tirer des gravures qu'elle publie107.

Le théâtre, pour séduire un public que la crise politique et l'épidémie de choléra pourraient détourner, brocarde le régime à partir de la fin de l'année 1848, présentant la République comme l'héritière de la Terreur108. Il s'en prend aussi violemment aux femmes qui militent pour leurs droits109.
Héritage de la Deuxième République
Influence du régime sur la pensée politique
photographie de De Gaulle en 1961
L'impact du coup d’État marquant la fin de la Deuxième République est tel qu'il faudra cent ans, et l'arrivée au pouvoir de Charles de Gaulle, pour que le président de la République soit à nouveau élu au suffrage universel.

Bien qu'il s'agisse d'une période particulièrement courte, la Deuxième République fait figure de « laboratoire » et d'expérience dans la pratique républicaine en France. Dès 1852, Victor Hugo écrit dans Napoléon le Petit que, désormais, l'idée de République ne sera plus liée à celle de Terreur, car le régime n'a pas vécu dans le sang110. Les journées de Juin contribuent pour leur part à la théorie de lutte des classes que définissent Karl Marx et Friedrich Engels à la même époque111. L'enthousiasme des premiers mois de 1848 est également une période fondatrice pour les socialistes, et fait naître chez eux l'idée que le socialisme est l'aboutissement de l'idéal républicain. C'est une idée que reprend notamment Jean Jaurès dans son discours d'Albi, en 1903112. Les années conservatrices de 1849 et 1850, avec notamment la loi Falloux, ont également un effet sur la mentalité républicaine en accroissant leur anticléricalisme. C'est ainsi que le combat pour la laïcité sera un des grands enjeux de la Troisième République113.

Cependant, cette période républicaine ne donne pas d'héritage qu'à la gauche. Cette période sans monarque permet en effet à certains conservateurs, qu'ils soient légitimistes ou orléanistes, de voir que le concept de république ne remet pas forcément en cause ni leurs biens, ni leurs principes. C'est ainsi qu'un homme comme Adolphe Thiers, qui a accepté la Deuxième République comme une contrainte temporaire, deviendra l'un des fondateurs de la Troisième114. C'est donc de cette période que la gauche et la droite contemporaines tirent une partie de leurs racines communes115.

La fin de la Deuxième République et le coup d’État de Bonaparte ont également durablement marqué la vie politique française, en donnant naissance à une certaine peur du suffrage universel. La dérive du régime fait apparaître la nécessité d'éduquer le peuple pour lui permettre de voter : l'éducation des masses sera un enjeu de la Troisième République116. L'élection de Louis-Napoléon Bonaparte en 1848 a prouvé que le suffrage universel pouvait devenir un danger pour la démocratie lorsqu'il sert à plébisciter un nom célèbre suscitant des espérances diverses et contradictoires117.

Cette élection du président de la République au suffrage universel est donc durablement rejetée. Lors de l'établissement des lois constitutionnelles de 1875, les radicaux vont jusqu'à demander la suppression de la fonction présidentielle, et son élection est finalement l’œuvre des chambres législatives118. Il en va de même au début de la Quatrième République où le souvenir de Bonaparte, mêlé à celui, plus récent, de Pétain, pousse à rejeter à nouveau le suffrage universel pour l'élection présidentielle119. De même, lorsque Charles de Gaulle propose un référendum pour que le président soit de nouveau élu au suffrage universel, le tollé de la part de la classe politique (à l'exception des gaullistes de l'UNR) est général, sans pour autant empêcher une nette majorité du « oui » de l'emporter120,121
Persistance de la Deuxième République dans la culture

Après sa chute, le régime reste très présent dans la littérature, sous la plume d'écrivains comme Gustave Flaubert, qui le met en scène en 1869 dans L'Éducation sentimentale, ou encore de Victor Hugo qui en dresse un portrait élogieux en opposition tranchée avec le Second Empire. D'autres témoins de l'époque ont laissé de précieuses sources, qu'il s'agisse des mémoires de Charles de Rémusat, d'Alexis de Tocqueville, ou de la correspondance de George Sand122. Karl Marx a également analysé cette époque sous l'optique de la « lutte des classes »123.

Par la suite, le cinéma aussi s'inspire de la période, par exemple avec le documentaire 1848 commenté par Bernard Blier, qui est, en 1950, nominé pour l'Oscar du meilleur court métrage documentaire124.
Historiographie

L'historiographie de la Deuxième République a longtemps été principalement limitée aux mois de 1848 suivant la révolution : ceux qui ont traité cette période ont souvent été guidés par leurs opinions politiques lorsqu'ils ont mis en place, tantôt la « légende rose » d'une République progressiste apportant la fin de l'esclavage, le suffrage universel et le début de la résolution de la question sociale, traitreusement abattue par « Badinguet » ; tantôt la « légende noire » d'une République idéaliste, sombrant dans l'improvisation stérile et dangereuse125. Cela s'est longtemps traduit par une opposition entre historiens spécialistes de la Seconde République et du Second Empire, les uns et les autres s'accusant mutuellement d'une trop grande complaisance à l'égard de leur sujet d'étude126.

Depuis le milieu du XXe siècle, cependant, les historiens se penchent de plus en plus sur la période de 1849 à 1851, qui voit le centre de la vie politique française se déplacer de Paris vers la province par le biais du suffrage universel. Cette dynamique trouve son origine dans le paradigme labroussien alors en vogue, qui privilégie les études à l'échelle régionale ou départementale127. Par ailleurs des historiens étrangers se sont penchés sur le xixe siècle français, avec une approche plus culturelle que politique, contribuant à un renouvellement historiographique128. Tous ces travaux entraînent une meilleure compréhension, moins politisée, du régime129. Toutefois les recherches sur les années 1849 et 1850 restent trop peu nombreuses par rapport à celles sur le début et la fin du régime.
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La Marseillaise
Les Révolutionnaires
Aux armes, citoyens
Formez vos bataillons
Marchons, marchons!
Qu'un sang impur
Abreuve nos sillons!
Allons enfants de la Patrie
Le jour de gloire est arrivé!
Contre nous de la tyrannie
L'étendard sanglant est levé
L'étendard sanglant est levé
Entendez-vous dans les campagnes
Mugir ces féroces soldats?
Ils viennent jusque dans vos bras
Égorger vos fils, vos compagnes!
Aux armes, citoyens
Formez vos bataillons
Marchons, marchons!
Qu'un sang impur
Abreuve nos sillons!
Nous entrerons dans la carrière
Quand nos aînés n'y seront plus,
Nous y trouverons leur poussière
Et la trace de leurs vertus
Et la trace de leurs vertus
Bien moins jaloux de leur survivre
Que de partager leur cercueil
Nous aurons le sublime orgueil
De les venger ou de les suivre
Aux armes, citoyens
Formez vos bataillons
Marchons, marchons!
Qu'un sang impur
Abreuve nos sillons!
Quoi! des cohortes étrangères
Feraient la loi dans nos foyers!
Quoi! Ces phalanges mercenaires
Terrasseraient nos fiers guerriers!
Terrasseraient nos fiers guerriers!
Grand Dieu! Par des mains enchaînées
Nos fronts sous le joug se ploieraient
De vils despotes deviendraient
Les maîtres de nos destinées!
Aux armes, citoyens
Formez vos bataillons
Marchons, marchons!
Qu'un sang impur
Abreuve nos sillons!
Amour sacré de la Patrie,
Conduis, soutiens nos bras vengeurs
Liberté, Liberté chérie
Combats avec tes défenseurs!
Combats avec tes défenseurs!
Sous nos drapeaux que la victoire
Accoure à tes mâles accents
Que tes ennemis expirants
Voient ton triomphe et notre gloire!
Aux armes, citoyens
Formez vos bataillons
Marchons, marchons!
Qu'un sang impur
Abreuve nos sillons!
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Bibliographie
Synthèses et essais

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Maurice Agulhon, 1848 ou l'apprentissage de la République. 1848-1852, Paris, Seuil, 1973 (réédité en 2002), 249 p.
François-Xavier Arnoux, Cahiers Jean Moulin, Vol.1, « La défense d’une idée politique sous la Deuxième République. La rue de Poitiers et la réduction du corps électoral », Lyon, 2015
Sylvie Aprile, La Deuxième République et le Second Empire, Pygmalion, 2000, 398 p. (ISBN 9782857046806)
Sylvie Aprile, La Révolution inachevée. 1815-1870, Paris, Belin, coll. « Histoire de France », 2010, 671 p. (ISBN 978-2-7011-3615-Cool.
Francis Choisel, La Deuxième République et le Second Empire au jour le jour, chronologie érudite détaillée, Paris, CNRS Editions, 2015.
Arnaud Coutant, 1848, Quand la République combattait la Démocratie, Mare et Martin, 2009, 555 p. (ISBN 9782849340660)
Quentin Deluermoz, Le crépuscule des révolutions, 1848 - 1871, Paris, Seuil, 2012, 409 p. (ISBN 9782021005967).
Francis Démier, La France du XIXe siècle, 1814 - 1914, Seuil, 2000, 602 p. (ISBN 9782020406475).
André Jardin et André-Jean Tudesq, La France des notables : I. L'évolution générale, 1815 - 1848, Seuil, 1973, 249 p. (ISBN 2-02-000666-9).
Louis Girard, Naissance et mort : La IIe République, Calmann-Lévy, 1981, 310 p.
Henri Guillemin, La Première résurrection de la République, Gallimard, 1967.
Inès Murat, La Deuxième République, Fayard, 1987, 547 p. (ISBN 9782213657844)
Philippe Vigier, La Seconde République, PUF, coll. « « Que sais-je ? » », 1992 pour celle utilisée dans l'article, édition originale en 1967, 127 p. (ISBN 9782130447573).
Michel Winock, L'élection présidentielle en France, Perrin, 2008, 252 p. (ISBN 978-2-262-02822-0).

Mémoires et souvenirs

Alexis de Tocqueville, Souvenirs et Correspondance avec G.Beaumont, Tome VIII, Gallimard, 1967.
Charles de Rémusat, Mémoire de ma vie (1841-1851), Hachette, 1962.

Liens externes

La Deuxième République (1848 - 1851) et 1848 et l'éloquence parlementaire sur le site de l'Assemblée nationale.
Documents relatifs à la Deuxième République sur le site L'Histoire par l'image.

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