Le clans des mouettes
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 Y'becca, La Vie et L'Histoire du Protestantisme

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yanis la chouette




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MessageSujet: Re: Y'becca, La Vie et L'Histoire du Protestantisme   Y'becca, La Vie et L'Histoire du Protestantisme - Page 2 EmptyMar 20 Sep à 9:40

Notes et références

↑ Paul Faure, La Renaissance, PUF, 1986, p. 108
↑ a, b et c Michel Péronnet, Le XVe siècle, Hachette U, 1981, p. 129
↑ Michel Péronnet, p. 130
↑ a, b et c Michel Péronnet, p. 131
↑ a et b Michel Péronnet, p. 132
↑ a, b et c Michel Péronnet, p. 133
↑ Paul Faure, p. 109
↑ a et b Éric Deheunynck, article de Liens protestants (mars 2007) : article [archive]
↑ Paul Faure, p. 110
↑ a et b Michel Péronnet, p. 270
↑ Michel Péronnet, p. 134
↑ a et b Michel Péronnet, p. 135
↑ a et b Michel Péronnet, p. 137
↑ Martin Luther, Œuvres
↑ Daniel Olivier, Alain Patin, Luther et la Réforme, tout simplement, Les éditions de l'Atelier, p. 26
↑ Pour approfondir, voir l'article « Bible de Luther », Justification (théologie) et Déclaration commune sur la justification par la foi
↑ Les papes précédents Léon X avaient déjà procédé à la vente d'indulgences pour financer la construction de Saint-Pierre de Rome
↑ a et b Michel Péronnet, p. 138
↑ Marin Luther, De Babylonia captivia, 1520
↑ Martin Luther, De la liberté chrétienne, 1520
↑ a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l, m, n, o, p et q Bernard Vogler, Article Réforme, Encyclopaedia Universalis, DVD, 2007
↑ Michel Péronnet, p. 139
↑ a et b Michel Péronnet, p. 141
↑ a, b et c Michel Péronnet, p. 142
↑ Michel Péronnet, p. 143
↑ Georges Livet, L'Allemagne du XVIe et XVIIe siècle, Encyclopaedia Universalis, DVD, 2007
↑ Michel Péronnet, p. 200
↑ Michel Péronnet, p. 201
↑ Michel Péronnet, p. 202
↑ Michel Péronnet, p. 140
↑ Le Temps des Réformes, Pierre Chaunu.
↑ W. Nijenhuis, "Calvin and the Augsburg Confession" in Ecclesia Reformata: Studies on the Reformation I. (Leiden: E. J. Brill, 1972).
↑ Michel Péronnet, p. 145
↑ a et b Michel Péronnet, p. 147
↑ a et b R. Stauffer, La réforme, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je? », 1988
↑ «L'histoire de l'Académie est celle d'une lente laïcisation» [archive], sur LeCourrier (consulté le 8 avril 2016)
↑ a et b Michel Peronnet, p. 148
↑ Histoire du protestantisme dans la vallée de la Dordogne [archive]
↑ a et b Michel Péronnet, p. 186
↑ Le texte précise que le salut revient à ceux que Dieu a élus « par sa seule bonté et miséricorde en JCNS (Jésus Christ notre sauveur), sans considération de leurs œuvres, laissant les autres en icelle, corruption et damnation pour démontrer en eux sa Justice comme ès prmemiers il fait luire les richesses de sa miséricorde »
↑ Article 1 de la discipline ecclésiastique de 1559
↑ Jean Delumeau, Renaissance et discordes religieuses in L'histoire de France, sous la direction de Georges Duby, Larousse, 2007, p. 474
↑ Michel Péronnet, p. 221
↑ Michel Péronnet, p. 249
↑ Roger Avermaete, Guillaume le Taciturne, Éd. Payot, Paris 1939
↑ Michel Péronnet, p. 250
↑ Michel Péronnet, p. 197
↑ Michel Péronnet, p. 198
↑ Michel Péronnet, p. 264
↑ Michel Péronnet, p. 265-266
↑ Michel Péronnet, p. 193
↑ Michel Péronnet, p. 194
↑ Michel Péronnet, p. 195
↑ Daniel Olivier et Alain Patin, Luther et la Réforme, tout simplement, Les éditions de l'Atelier, p. 165-167

Bibliographie

Pierre Chaunu, Le Temps des réformes : La crise de la chrétienté, l'éclatement (1250-1550), Fayard, 1977
Bernard Cottret, Histoire de la Réforme Protestante, Paris, Tempus, 2010.
Jean Delumeau, Thierry Wanegffelen, Bernard Cottret, Naissance et affirmation de la Réforme, PUF, rééd. 2012 (1re éd. 1973).
William Estep, Renaissance and Reformation, Eerdmans Publishing, 1986
Janine Garrisson, Guerre civile et compromis, 1559-1598
Émile Léonard, Histoire générale du protestantisme, Presses universitaires de France, 1961
Marc Lienhard, La Réforme à Strasbourg in Histoire de Strasbourg, sous la direction de Georges Livet et Francis Rapp, p. 363-544, Strasbourg, Éditions des Dernières nouvelles d'Alsace-Istra, 1981.
Marc Lienhard, Martin Luther, un temps, une vie, un message, Genève, Labor et Fides, 1983, (4e édition 1998).
Jean Séguy, Les Assemblées anabaptistes-mennonites de France, Mouton & Co, 1977
Annick Sibué, Luther et la réforme protestante, Eyrolles, 2011
Leonard Verduin, The Reformers and their stepchildren, Eerdmans Publishing, 1964

Articles connexes

Protestantisme
Musée virtuel du protestantisme
Fête de la Réformation
Monument international de la Réformation
Musée international de la Réforme
Réformateur protestant
Justification (théologie)
Maison de Luther à Eisenach

Liens externes

(fr) Renaissance et réformes par Nicole Lemaître, Université de Paris I
La Réforme luthérienne, notice publiée sur le Musée virtuel du protestantisme
Site internet de l'hebdomadaire Réforme

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MessageSujet: Re: Y'becca, La Vie et L'Histoire du Protestantisme   Y'becca, La Vie et L'Histoire du Protestantisme - Page 2 EmptyMar 20 Sep à 9:41


24 mai 1543
Triomphe posthume de Copernic

Le 24 mai 1543, un chanoine inconnu de 70 ans rend l'âme à Frauenburg (aujourd'hui Frombork, en Pologne), une petite ville située à l'embouchure de la Bande, sur la mer Baltique. Publiée à sa mort seulement, son oeuvre va transformer le monde et la représentation que les hommes s'en font.

Héros national polonais à titre posthume, l'astronome a été inhumé en grande pompe le 22 mai 2010 dans l'église de Frombork...
Marie Desclaux.
Un érudit de la Renaissance

De mère allemande et de père polonais, Nicolas Copernic naît en 1473 à Torún, ville de la Hanse sur la Vistule, qui, jusqu'en 1466, appartenait à l'ordre des Chevaliers Teutoniques, sous le nom de Thorn, avant d'être incorporée au royaume de Pologne. Celui-ci, sous la dynastie des Jagellon, est alors à son apogée et rivalise avec les États d'Europe occidentale.

Après des études dans la prestigieuse université de Cracovie, Copernic devient chanoine à Frauenburg, ce qui ne l'empêche pas de parcourir l'Europe.

En véritable érudit de la Renaissance, Copernic se montre ouvert à tous les domaines de la connaissance.

Il est à la fois théologien, médecin, mathématicien, économiste et bien sûr astronome (il a étudié cette science à Bologne, en Italie).

Il rédige un traité notable sur la monnaie et intervient dans les affaires politiques de son temps, notamment dans la lutte contre les Chevaliers teutoniques.

À la demande du pape, désireux de réformer le calendrier, il se lance dans l'étude des planètes et du soleil.

Copernic s'interroge sur la cosmologie de Claude Ptolémée, un astronome, mathématicien et géographe grec qui a vécu au 2e siècle de notre ère. L'Almageste, son traité fondamental, écrit vers l'an 141 de notre ère, passait jusqu'à la Renaissance pour la vérité établie. Il situait la Terre au centre de l'univers, le Soleil et les planètes décrivant de façon complexe différents cercles autour d'elle.

Le savant polonais découvre des incohérences dans la conception de Ptolémée et en conclut que le Soleil, et non la Terre, est au centre du système. «Après de longues recherches, je me suis enfin convaincu : que le Soleil est une étoile fixe entourée de planètes qui roulent autour d'elle et dont elle est le centre et le flambeau» écrit-il.

Plutôt bien vu... mais cette théorie le met en contradiction avec la doctrine traditionnelle de l'Église qui situe l'Homme, et donc la Terre, au centre de l'univers.

Craignant, à juste titre, les foudres de Rome et de Wittenberg, centre du luthérianisme alors en plein essor, Copernic attend l'approche de sa mort pour publier le fruit de ses travaux dans un traité écrit en latin, la langue internationale de la Renaissance, De revolutionibus orbium coelestium libri sex (Des révolutions des corps célestes). Il n'oublie pas une belle dédicace au pape Paul III pour revendiquer le droit à la liberté d'expression.

Quoique très imparfait sur le plan scientifique et dans sa conception d'un univers héliocentrique, organisé autour du Soleil, son traité s'impose très vite par son évidence. Nicolas Copernic libère les savants de leurs préjugés théologiques... À l'inverse, il conduit les théologiens à se méfier d'une interprétation trop littérale des textes sacrés.

La recherche scientifique s'émancipe de la théologie, l'une et l'autre se déployant désormais dans des champs distincts.
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MessageSujet: Re: Y'becca, La Vie et L'Histoire du Protestantisme   Y'becca, La Vie et L'Histoire du Protestantisme - Page 2 EmptyMar 20 Sep à 9:42


14 octobre 1543
Barberousse s'invite chez François 1er

Le 14 octobre 1543, le corsaire Barberousse entre dans la rade de Toulon avec 200 galères et 30.000 hommes sans qu'aucune résistance ne lui soit opposée... et pour cause.
Marie Desclaux

Une alliance sans précédent

Dix-huit ans plus tôt, en 1525, le roi de France François 1er a été battu et capturé à Pavie par les troupes de l'empereur Charles Quint.

Khair el-Din Barberousse (1476-1546)Il demande aussitôt à sa mère, Louise de Savoie, de solliciter l'aide du sultan Soliman II le Magnifique. Il veut de cette façon contrecarrer les ambitions italiennes de son rival.

L'année suivante, le sultan écrase une armée hongroise à Mohacs. Il met fin à l'indépendance du royaume de Hongrie mais échoue à s'emparer de Vienne, la capitale des Habsbourg, la famille de Charles Quint.

François 1er ne veut pas rester sur cet échec. Il songe à utiliser la flotte du corsaire Barberousse en vue d'une nouvelle attaque de l'Italie. C'est ainsi que le Turc attaque en août 1543 la ville de Nice, qui est rattachée au duché de Savoie, allié de Charles Quint. La ville basse est conquise après plusieurs assauts mais le château résiste à trois semaines de siège.

C'est après ce coup de main que Barberousse et ses hommes sont invités à hiverner à Toulon.

Pendant plusieurs mois, sur ordre du roi de France François 1er, la ville est mise à la disposition de ces corsaires musulmans venus d'Alger. La plus grande partie de la population habituelle est évacuée et la cathédrale Sainte-Marie-Majeure est même transformée en mosquée (*).

Tout cela pour rien. Perdant l'envie de combattre pour le roi de France, Barberousse se fait payer son départ au prix fort au printemps suivant. Il poursuit la guerre de course pendant quelques temps encore avant de se retirer dans son palais d'Istamboul où la mort le rattrappe en 1546, à 70 ans.

François 1er meurt l'année suivante sans avoir rien obtenu de son conflit avec Charles Quint pour la domination de l'Italie.
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MessageSujet: Re: Y'becca, La Vie et L'Histoire du Protestantisme   Y'becca, La Vie et L'Histoire du Protestantisme - Page 2 EmptyMar 20 Sep à 9:42


Théorie du complot
Le complotisme, mal du siècle ?

Y aurait-il un mouvement de panique face au complotisme ? Gouvernement et médias, qui s'estiment légitimes pour transmettre l'information, voient leur crédibilité battue en brèche par des thèses fantaisistes sur tout et n'importe quoi. Comment faire pour retrouver cette capacité à informer l'opinion, voire à la manipuler, sans laquelle le pouvoir politique entre en déliquescence?

Depuis les attentats de 2015 et l'accélération des départs de jeunes pour le djihad, le gouvernement français multiplie les initiatives : colloque organisé par l'Éducation nationale sur le thème, « Comment faire face au complotisme ? », campagne avec le youtubeur Kevin Razy, création d'une page web « on te manipule.fr », séminaire du SIG (Service d'information gouvernementale). Même chose en Belgique et dans les démocraties menacées par le terrorisme.

Campagne gouvernementale contre les théories du complot : www.gouvernement.fr/on-te-manipule
La « théorie du complot », un phénomène d'actualité

Le complotisme ou « théorie du complot » semble en recrudescence depuis les attentats du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center et le Pentagone.

Une recrudescence qui coïncide avec la guerre déclenchée par les islamistes radicaux contre le reste du monde, mais aussi avec l'explosion d'Internet et des réseaux sociaux, le tout sur fond de crise économique (crise boursière en 2000, crise des subprimes en 2008). Les réseaux jouent un rôle d'accélérateur en mettant quasi instantanément à la disposition des foules des informations qui, auparavant, auraient été diffusées lentement et sous le manteau.

La crise économique, en multipliant les déçus du système, contribue à la perte de crédibilité des experts et amène à chercher ailleurs que dans la vérité officielle l'explication des événements.

Les tours du World Trade Center frappées par les avions des terroristes (9 septembre 2001)Ainsi, jamais aucun avion ne se serait écrasé sur le World Trade Center et sur le Pentagone. Ils auraient été dynamités par la CIA et le Shin Beth dans le but de s'emparer du pétrole du Moyen Orient et de pousser l'Occident à entrer en guerre contre les musulmans.

Les attentats de Paris et de Bruxelles ne seraient que la suite logique de ce vaste complot américano sioniste, appuyé par ses vassaux occidentaux contre l'Islam en général, et les Arabes en particulier.

L'on croit également pouvoir affirmer que le parcours de la manifestation du 11 janvier 2015 reproduit la carte de l'État d'Israël, comme si les véritables instigateurs des attentats avaient voulu signer leur forfait ?

La démarche complotiste est toujours la même : tous les faits ont une cause humaine, même les plus naturels : un tsunami sera ainsi attribué à une expérimentation d'armes nouvelles plutôt qu'au mouvement imprévisible des plaques tectoniques. Les gouvernements et ceux qui les manipulent cachent toujours les vraies causes, la plupart du temps inavouables. Leur intention est toujours mauvaise.

Le Protocole des Sages de Sion - Couverture d'une édition russe de 1912, réalisée par Sergueï Nilus.Ainsi l'épidémie du virus Zika qui se répand en Amérique Latine serait en réalité le résultat d'une guerre bactériologique menée par les États-Unis pour stopper l'immigration chez eux et consolider leur domination sur le continent.

Enfin, tous ces complots sont l'œuvre d'un petit groupe secret qui aspire à gouverner le monde et à réduire les individus en esclavage : Trilatérale, francs-maçons, Juifs, complexe militaro-industriel américain, grand capital, extra-terrestres reptiliens…

Ceux qui propagent ces fadaises énoncent des faits jamais vérifiés dont la seule accumulation vaut preuve. Ils soulignent des coïncidences « étranges » qui n'en sont pas car, pour un complotiste, rien n'est jamais dû au hasard.

Ils chargent leurs contradicteurs de prouver qu'ils ont tort et dénoncent comme imposteurs et liés au complot ceux qui nient leurs thèses : puisqu'ils nient avec une telle véhémence, c'est bien la preuve que c'est vrai, expliquait Hitler dans Mein Kampf à propos du prétendu complot juif révélé dans Le Protocole des Sages de Sion, un faux fabriqué par des policiers tsaristes.

Car si le complotisme est particulièrement vigoureux à l'ère de l'Internet, c'est un phénomène aussi vieux que l'histoire humaine. Lorsqu'en l'an 64 de notre ère, Rome est détruite par un incendie, le peuple commence par accuser l'empereur Néron d'avoir voulu détruire la ville. Celui-ci retourne la vindicte populaire contre les chrétiens.

Ni lui, ni ceux qu'il a livrés au supplice n'étaient coupables, mais il fallait, à la fois donner du sens à l'événement que la seule insalubrité de la ville eut pu expliquer, et canaliser la soif de vengeance de la foule.

De ce moment-là, autour de la Méditerranée, à chaque crise, les Juifs vont être désignés comme le « peuple comploteur » par excellence. Ainsi sont-ils massacrés avec l'aval du roi de France en 1321, sous l'accusation d'avoir empoisonné les puits et les fontaines avec le concours des lépreux, en vue de dominer le monde !

C'est le phénomène du bouc émissaire, théorisé par René Girard dans son ouvrage La violence et le Sacré : chargé de tous les péchés de la société, il est sacrifié pour permettre, par un effet de catharsis, de canaliser la violence inhérente aux sociétés humaines. C'est en substituant le tous contre un au tous contre tous que l'humanité peut, selon lui, échapper à la pente naturelle de son autodestruction.

Le malheur, c'est que dans l'histoire occidentale, ce « un » fut souvent collectif. De Néron à nos jours, ce furent presque toujours les Juifs, solidaires, discrets, travailleurs et efficaces. Autant de caractéristiques propres à susciter inquiétude et jalousie.
Vrais et faux complots

Cette constante de l'Histoire ne s'explique pas seulement par la sociologie des foules et leur prétendue tendance naturelle à s'entretuer. Il n'y aurait pas autant de complotisme s'il n'y avait tant de complots inventés par les États. Les gouvernements ont beau jeu de s'étonner de ne plus être crus après avoir tant menti.

De la conjuration de Catilina à Rome en 63 av. J.-C. au vrai-faux coup d'État d'Alger du 13 mai 1958, en passant par le « Popish Plot » de 1678 à Londres par lequel les monarchistes font croire à un complot catholique contre le roi, l'Histoire est tissée de vrais et faux complots qui visent à la conquête du pouvoir ou l'élimination des opposants.

Comment être surpris que les Américains soient la cible de tous les soupçons quand le secrétaire d'État de George Bush, Enoch Powel, brandit en pleine séance du Conseil de Sécurité de l'Onu une fiole censée contenir de l'anthrax, preuve forgée de toute pièce pour convaincre l'opinion mondiale de la possession d'armes bactériologiques par l'Irak ?

Cet énorme mensonge d'État, si dramatique dans ses conséquences, n'est pas le premier (...).
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MessageSujet: Re: Y'becca, La Vie et L'Histoire du Protestantisme   Y'becca, La Vie et L'Histoire du Protestantisme - Page 2 EmptyMar 20 Sep à 9:43


13 décembre 1545
Concile de Trente et Contre-Réforme

Le pape Paul III Farnèse convoque en 1542 un grand concile oecuménique à Trente, dans les Alpes (aujourd'hui en Italie). Il débute officiellement le 13 décembre 1545. Le pape lui donne pour objectif de revigorer l'Église catholique qui va s'en trouver profondément modifiée.

La revanche catholique

Après le départ d'une partie de ses ouailles à l'appel de Luther, Calvin, Zwingli et quelques autres, le Saint-Siège a compris la nécessité d'engager une grande réforme au sein de l'Église catholique. Il y est encouragé par le nouvel ordre des Jésuites, énergique et passionné.

Le mouvement va prendre le nom de Contre-Réforme, ou Réforme catholique, par réaction à la Réforme protestante.

Le concile impose en premier lieu de strictes règles de conduite au clergé et en particulier aux évêques. Il améliore la formation des prêtres et promeut l'enseignement du catéchisme. Il confirme aussi la préséance du Saint-Siège à la tête de la hiérarchie catholique.

Le concile de Trente clarifie par ailleurs l'interprétation catholique des Saintes Écritures, en particulier le dogme de la justification ou de la grâce : à la différence des luthériens qui estiment que Dieu décide in fine de sauver ou non un homme et de lui accorder la vie éternelle, les prêtres conciliaires précisent que l'homme peut être porté aux bonnes actions salvatrices s'il dispose de la grâce et lui concèdent une certaine marge de liberté.
Le nouveau visage de l'Église

Outre ces points de doctrine, le concile de Trente rénove l'organisation du culte. À la place d'une Église médiévale épuisée, une nouvelle Église prend forme, avec ses zones d'ombre et de lumière. Elle va perdurer jusqu'à la fin du XXe siècle et au concile Vatican II.

La confession, l'un des sacrements de l'Église catholique, ne se pratique plus de façon publique. Elle devient un exercice intime, sans contact visuel ou physique entre le confesseur et le pénitent. Elle devient aussi plus fréquente. On ne se confesse plus seulement une fois l'an mais tout au long de l'année.

À la différence de l'Église médiévale qui privilégiait la dévotion, les pèlerinages et les processions, l'Église issue du concile de Trente va privilégier la confession et la prédication, caractérisées par le confessionnal et par la chaire (une estrade d'où le prêtre, lors des offices, s'adresse aux fidèles).

Le souci nouveau porté à la formation des prêtres change le visage de l'Église catholique. C'en est fini des curés et moines incultes, paillards et laxistes qui faisaient le régal des bateleurs de foire et des fabulistes au Moyen Âge. Le concile instaure des séminaires (le mot vient du latin seminare, semer ; il est synonyme de pépinière). Les nouveaux prêtres en soutane se montrent instruits, habiles à la rhétorique et rigides sur le plan des mœurs, plus respectueux que précédemment du vœu de chasteté.

Le concile réaffirme aussi le caractère sacramentel du mariage et son indissolubilité. Au risque de déplaire aux bourgeois et à l'aristocratie, il réaffirme aussi le libre consentement des époux et condamne les mariages forcés. Toutefois, il impose l'accord parental pour les femmes de moins de vingt-cinq ans et les hommes de moins de trente.

Pour prévenir la bigamie et les « mariages clandestins », il exige la présence au mariage de quatre témoins ainsi que du curé de la paroisse. Il exige aussi que tous les mariages soient enregistrés sur les registres paroissiaux, ancêtres de l'état-civil.
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16 janvier 1547
Ivan IV fonde la Russie moderne

Ivan IV a trois ans quand il devient grand-prince de Moscou, à la mort de son père Vassili III. À seize ans, le 16 janvier 1547, il troque son titre contre celui de tsar, revendiqué avant lui par son grand-père Ivan III. Ce mot russe est une déformation de César (qui se retrouve aussi dans l'allemand Kaiser).
Des débuts prometteurs

Le nouveau souverain est un jeune homme érudit et plein de talents. Il veut sortir son pays, la Russie, du désespoir où l'a laissée une longue occupation par les Mongols. Il ambitionne de la hisser au niveau de l'Occident, alors en pleine Renaissance.

Ivan IV soumet les grands seigneurs féodaux, les boyards, en s'appuyant sur les représentants du peuple et de la petite noblesse.

Il vainc après d'âpres combats les Tatars établis sur la Volga, autour de Kazan et Astrakhan. Ces victoires ouvrent aux paysans russes la colonisation de l'immense Sibérie, au moment où les Occidentaux entament celle de l'Amérique.
Vers le cauchemar

Le tsar échoue cependant dans ses efforts pour ouvrir la Russie sur la mer Baltique. Il doit faire face à l'union des Polonais et des Lituaniens, ainsi qu'aux Suédois. C'est à ce moment qu'il éprouve la trahison de plusieurs boyards.

Ivan IV dit le Terrible, gravure anonymePour faire face à la montée des périls, le vieux tsar s'attribue un pouvoir sans limites sur les terres les plus riches de la Russie.

Il en élimine les boyards et en confie l'administration à ses hommes de main... Mais ceux-ci commettront tant d'excès que le tsar devra plus tard les remplacer par une noblesse à son service.

Pour tenir les paysans dans la soumission, Ivan IV restreint leur liberté de circulation. C'est ainsi que la paysannerie russe entre dans le servage.

La fin du règne est placée sous le signe d'une horrible répression, ce qui vaut au tsar le surnom de «Terrible» ou «Redoutable» (en russe, Grozny).

Les boyards sont exterminés par milliers. Les habitants de la prestigieuse cité de Novgorod, au nord de Moscou, sont noyés pour s'être révoltés. Ivan IV pousse la folie meurtrière jusqu'à tuer son fils aîné à coups de bâton.

Plusieurs décennies de troubles et d'anarchie s'annoncent avec la mort du tsar à 55 ans, en 1584.

Ivan IV aura forgé l'État russe mais échoué dans sa tentative de le hisser à marches forcées au niveau de l'Occident. D'autres que lui connaîtront semblable échec : Pierre le Grand, Alexandre II et également... Staline.
Ivan le Terrible au cinéma

Le cinéaste soviétique Serguei Eisenstein a mis en images «Ivan le Terrible» en 1943, afin d'exalter le nationalisme russe dans la guerre contre l'envahisseur allemand.

Plus près de nous, en 2009, le personnage d'Ivan IV Grozni a aussi inspiré le cinéaste Pavel Lounguine, qui s'est rendu célèbre par des films au souffle mystique (L'île, Le pope...).
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La Turquie d’Atatürk à Erdoğan
L'introuvable synthèse de l'islam et de la laïcité

Recep Tayyip Erdoğan devant le portrait de Moustafa Kémal Atatürk en 2013 (DR)À sa mort le 10 novembre 1938, Moustafa Kémal Atatürk laissait derrière lui une Turquie laïque et en apparence occidentalisée. Et pourtant, dès que le régime commença à s’ouvrir à la démocratie dans les années 1950, l’instabilité alla de pair avec la lente affirmation d’un islam politique, ponctuée à intervalles réguliers de coups d’État militaires.

Encore très pauvre vers 1950, peu peuplée (20 millions d’habitants), très peu alphabétisée et rurale à 80%, la Turquie est en ce début du XXIe siècle un pays de 80 millions d’habitants largement urbanisé, doté d’une métropole, Istanbul, passée dans l’intervalle de 1,5 millions à quinze millions d’habitants.

Issue de la dislocation d’un grand empire à cheval sur l'Europe et le Moyen-Orient, elle est en passe de redevenir une puissance mondiale. Elle constitue un cas à part, tant par son importance géopolitique que par sa profondeur historique.

Gecekondu (bidonville) à Izmir
L'occidentalisation autoritaire d'Atatürk (1922-1938)

L’image du père fondateur Atatürk demeure omniprésente dans les lieux publics, et rappelle que le cadre républicain résulte du projet volontariste par lequel Moustafa Kémal voulut créer une nouvelle nation.

Celle-ci est le résultat d’une Histoire tragique qui passe par le démembrement de l’empire ottoman, la Première Guerre mondiale, l'élimination des populations autres que turcophones et musulmanes, Kurdes exceptés, enfin la guerre d’indépendance et le traité de Lausanne (1919-1922).

Portrait de Mustafa Kemal Atatürk, 29 octobre 1923La victoire de Moustafa Kémal permit de faire naître l’État turc sous la forme qu’on lui connaît aujourd’hui, mais au prix d’une homogénéisation ethnique qui vit la fuite de centaines de milliers de Grecs ou la négation de l’identité kurde (15 à 20% de la population).

Atatürk, lui-même largement incroyant, voulut aussi procéder à une révolution culturelle : les Turcs devaient abandonner ce qui était perçu comme l’immobilisme ottoman et devenir « laïques », c’est-à-dire renoncer aux traditions musulmanes, tandis que la religion était confinée à un espace privé, vouée à péricliter. La République fut proclamée en 1923, le califat aboli en 1924, les confréries religieuses interdites, les tribunaux coraniques supprimés, l’égalité juridique entre hommes et femmes proclamée (les femmes eurent le droit de vote dès 1934), le costume occidental, le calendrier grégorien, l’emploi de l’alphabet latin et le dimanche comme jour de repos furent imposés.

Dernier grand symbole : la transformation en musée de la mosquée et ancienne basilique byzantine Sainte-Sophie (du grec Haghia Sophia qui se traduirait mieux par « Sainte-Sagesse »).

La laïcité kémaliste, notons-le, n’est pas une neutralité religieuse de l’État sur fond de pluralisme des croyances. De fait, le culte religieux fut contrôlé dès l’origine par l’État, qui n’a reconnu comme légitime qu’un seul islam, l’islam sunnite, malgré la présence d’une très importante communauté hétérodoxe, les Alévis (difficiles à dénombrer, et évalués entre 10 et 20% de la population actuelle).

Atatürk fut aussi l’homme de la répression et du parti unique. Le nationalisme turc fut élevé au rang de quasi-religion. L'Histoire complexe d’une Anatolie marquée par l’héritage grec-byzantin ou arménien fut réduite à celle d’un peuple brave et victorieux, mais toujours obligé de rester sur ses gardes face aux trahisons multiples.

C’est ainsi qu’à travers Atatürk, l’armée a engendré une République et une idéologie que les enseignants et les serviteurs de l’État se devaient de porter à travers tout le pays.

2- Sainte-Sophie à Istanbul, ancienne basilique (VIe s.) puis mosquée (XVe s.), à présent musée (DR)
Le double paradoxe d'un État moderne et laïc aux fondements anatolien et musulman

Par ses idées et son armée, la Turquie d’Atatürk, lui-même issu de la très cosmopolite Thessalonique, était encore en partie l’héritière d’un empire ottoman multiculturel avec une assise européenne dans les Balkans.

La révolution kémaliste trouva donc dans ces régions proches de l'Europe une base sociale suffisante pour forger l'État à sa main, à la différence d’autres élites « éclairées » dans le monde musulman à la même époque.

Or, tout en adoptant le langage de la laïcité, elle a façonné une société repliée sur une Anatolie archaïque, encore peu touchée par la modernité – le choix d’Ankara comme nouvelle capitale est à cet égard significatif. Elle a aussi fondé le nationalisme turc sur le caractère presque exclusivement musulman de la population (...).
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10 juillet 1547
Le «coup de Jarnac»

Le 10 juillet 1547, deux nobles se préparent à un duel sans concession devant la Cour et le roi de France Henri II. De l'issue tragique de ce fait divers va nous rester une expression fameuse, le « coup de Jarnac ».
Maîtresse femme

diane de Poitiers (école de Fontainebleau)À l'origine du duel se tient l'une des plus singulières maîtresses royales qu'ait connues la Cour de France, Diane de Poitiers.

Née en 1499, Diane est mariée à 16 ans à Louis de Brézé, grand sénéchal de Normandie, de 40 ans plus âgé qu'elle.

C'est dès lors sous le nom de Diane de Brézé qu'elle est connue de ses contemporains (l'appellation Diane de Poitiers, plus accrocheuse, lui vient d'Alexandre Dumas).

Veuve à 32 ans, Diane devient, croit-on, la maîtresse du roi François 1er puis, vers 1536, celle de son deuxième fils Henri d'Orléans, qui règnera sous le nom d'Henri II.

Henri a connu dans son enfance la captivité à Madrid et en a gardé une grande mélancolie. Aussi trouve-t-il du réconfort auprès de cette femme supérieure et de vingt ans plus âgée que lui.
Querelle entre maîtresses royales

Après la mort de François 1er, le 31 mars 1547, Diane veut prendre sa revanche sur la dernière maîtresse du défunt roi, Anne de Pisseleu, duchesse d'Étampes...

Elle se souvient opportunément d'une rumeur répandue à la cour deux ans plus tôt par le Dauphin selon laquelle le beau-frère de la duchesse, un jeune écervelé du nom de Guy Chabot, par ailleurs baron de Jarnac, aurait été l'amant d'Éléonore d'Autriche, deuxième épouse de François 1er.

La rumeur était arrivée aux oreilles de François de Vivonne, seigneur de La Châtaigneraie, un colosse réputé pour sa force. Son père ne disait-il pas de lui : « S'il va jamais en enfer, il en chassera les diables et s'en rendra maître » !... La Châtaigneraie, indigné, avait publiquement accablé Jarnac de ses insultes mais ce dernier n'avait pas osé relever l'affront et l'affaire en était restée là.
Le retour du duel judiciaire

À l'avènement d'Henri II, Diane rappelle l'incident et convainc son royal amant d'autoriser un duel judiciaire entre les deux rivaux ; la mort devant désigner le coupable devant Dieu et les hommes. À titre exceptionnel, le roi autorise donc le duel judiciaire, une pratique médiévale interdite depuis... Saint Louis !

N'ayant rien à perdre, le sieur de Jarnac se fait enseigner quelques bottes secrètes par un vieux maître italien. Arrive le jour du duel. Sur la terrasse du château de Saint-Germain-en-Laye où s'est réunie la cour, Vivonne se présente en grande pompe, accompagné de 300 gentilshommes. Sûr de sa victoire, il a préparé un grand festin.

Après quelques passes d'armes « à toute outrance », surprise ! Jarnac se découvre et frappe son adversaire au jarret. Les leçons du maître italien n'auront pas été vaines. Le roi consent à rendre son honneur au vainqueur et accorde la vie sauve à La Châtaigneraie, qui n'en meurt pas moins pendant la nuit...

L'expression « coup de Jarnac » devient bientôt synonyme d'habileté mais elle est détournée de son sens à la fin du XVIIIe siècle par le Dictionnaire de Trévoux qui préfère y voir une manoeuvre traîtresse et déloyale.

NB : selon certains historiens, l'expression rappellerait plutôt la perfidie du capitaine de Montesquiou à la bataille de Jarnac (1569).
Maîtresse en majesté

Désappointée par la victoire du beau-frère de sa rivale, Diane de Poitiers ne tire pas du duel la vengeance qu'elle espérait. Elle n'en poursuit pas moins une carrière prestigieuse, forte de son charme et de son éternelle jeunesse, entourée d'une cour brillante.

Châtelaine d'Anet, à l'ouest de Paris, et heureuse propriétaire du château de Chenonceau, elle reçoit du roi le titre de duchesse de Valentinois.

Pendant tout le règne de son jeune amant, Diane, qui a arrangé le mariage de celui-ci avec Catherine de Médicis, a soin de tenir la Florentine dans l'ombre.

La reine se vengera lorsqu'elle deviendra régente du royaume, à la mort d'Henri II en chassant Diane de la Cour et en lui retirant Chenonceau. La duchesse finira sa vie à 67 ans dans son château d'Anet.
Marie Desclaux.
Chenonceau, Diane et Catherine

Le château de Chenonceau porte le nom du village voisin, Chenonceaux, à une lettre près, le x final. Ce bijou de la Renaissance garde le souvenir de ces deux maîtresses femmes que furent Diane de Poitiers et sa rivale Catherine de Médicis.

Au château, situé sur la rive droite du Cher, un pittoresque affluent de la Loire, Diane, passionnée par la chasse, fait ajouter un pont pour gagner plus facilement la rive opposée et ses forêts giboyeuses.

Plus tard, Catherine ajoute au pont une somptueuse galerie à double étage de 60 mètres de long où vont désormais se dérouler fêtes et bals, faisant de Chenonceau un bijou architectural voué à la joie de vivre... et à notre bonheur.

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15 août 1550
La controverse de Valladolid

Le 15 août 1550 s'ouvre dans la somptueuse chapelle du collège Saint-Grégoire de Valladolid, au nord-ouest de l'Espagne, une controverse appelée à faire date. Elle a été voulue par l'empereur Charles Quint, également roi d'Espagne.

Un demi-siècle après la découverte du Nouveau Monde par Christophe Colomb, le vieux souverain a décidé, par un acte de piété sans précédent, de suspendre les entreprises de conquête en Amérique aux résultats de cette rencontre entre d'éminents religieux.

À Valladolid, qui est encore l'une des deux capitales de l'Espagne avec Tolède, ils vont débattre sur le point de savoir s'il est légitime de convertir les Indiens d'Amérique par la contrainte et de les soumettre au travail forcé. Le débat est présidé par l'envoyé du pape Salvatore Roncieri.

Contrairement à une légende tenace, il ne s'agit en aucune façon de décider si les Indiens (ou Amérindiens) ont une âme. La question a été tranchée par l'affirmative dès les premiers voyages de Christophe Colomb, la reine Isabelle de Castille elle-même en ayant jugé ainsi et réclamé que les Indiens soient traités en hommes libres. N'en faisant qu'à leur guise, les conquistadors espagnols allaient allègrement contourner ses injonctions et les asservir de mille manières...
Les Indiens ont certes une âme, mais peuvent-ils assurer leur salut sans le baptême ?

La controverse va se prolonger pendant un mois et demi et reprendre l'année suivante pendant un mois à la mi-avril 1551. Elle oppose le chapelain de l'empereur, Frère Juan Ginès de Sepulveda (60 ans), au vieux dominicain Bartolomeo de Las Casas (76 ans), ex-évêque du Chiapas (Mexique) et auteur d'une Très brève relation sur la destruction des Indes.

Le premier, fin lettré et partisan de la conquête, est un théologien émérite. Il a combattu avec brio les thèses luthériennes dans un ouvrage intitulé Democrates. Dans un deuxième ouvrage, Democrates alter, il a prétendu débattre aussi de la colonisation des Amériques et de la conversion des Indiens, sujets qu'il ne connaît cependant que par ouïe-dire.

Il défend l'idée que les Indiens sont des êtres cruels et met en avant leurs sacrifices humains. Il souligne la nécessité de les soumettre par humanité, afin de sauver au moins les victimes de ces rituels macabres et de leur assurer également le salut par le baptême.

Son contradicteur rappelle les souffrances infligées par les colons aux Indiens. Il soutient surtout que la pratique des sacrifices, si choquante soit-elle, procède d’un sentiment religieux. On offre à son Dieu ce qui est le plus précieux, or « rien dans la nature n’est plus grand ni plus précieux que la vie de l’homme ou l’homme lui-même » (*).

Avec cette approche discutable des sacrifices humains, Las Casas est le premier Européen à mettre en avant « la relativité de la notion de barbarie » (*). Mais lui aussi n'en pense pas moins que les Indiens, comme l'ensemble des hommes, ne peuvent assurer leur salut éternel hors du baptême.

L'empereur, ému par la plaidoirie de Las Casas, tentera, mais en vain, de sévir contre les abus en Amérique. Protégés par l'éloignement, les colons d'Outre-Atlantique ont beau jeu d'ignorer les injonctions impériales.

Tout juste savent-ils saisir au vol une suggestion malheureuse de Las Casas. Celui-ci, du temps où il était planteur aux Amériques, considérant que les Indiens des plateaux n'étaient pas aptes au travail dans les plantations, avait proposé de bonne foi de recourir à des travailleurs. Il regrettera par la suite cette idée africains !
Marie Desclau
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MessageSujet: Re: Y'becca, La Vie et L'Histoire du Protestantisme   Y'becca, La Vie et L'Histoire du Protestantisme - Page 2 EmptyMar 20 Sep à 9:46

Le Saint-Empire romain germanique (traduction habituelle du nom allemand Heiliges römisches Reich deutscher Nation, utilisée à partir de la fin du XVe siècle) est un regroupement politique de multiples principautés d'Europe centrale, sans pour autant avoir jamais été un État-nation en tant que tel, ni un pays.

Son statut, bien que complexe, lui permit de regrouper sous la puissance d’un Empereur, de Princes-électeurs et de souverains féodaux plus ou moins sous la domination du pouvoir central, jusqu’à 1 800 territoires depuis les frontières occidentales de la Francie orientale du Moyen Âge, à la celles orientales du Royaume de Prusse à l’âge industriel et aux États pontificaux vers l’an mil.

Il se voulait l'héritier de l'Empire d'Occident des Carolingiens qui avait disparu au Xe siècle, mais également du prestige et de l'Antiquité de l'Empire romain avant lui. C'est sous la dynastie des Ottoniens, au Xe siècle, que l'Empire se forme et l'adjectif Saint n'apparaît que sous le règne de Frédéric Barberousse, pour légitimer le pouvoir de manière divine, tandis que celui de Germanique n'est utilisé qu'à partir du XVe siècle.
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9 avril 1553
François Rabelais s'éteint dans la solitude

François Rabelais, premier des très grands écrivains de langue française, s'éteint dans l'oubli et la solitude dans sa maisonnette des environs de Paris, vers le 9 avril 1553.
Camille Vignolle.
Un moine turbulent

François Rabelais (1494-1553)L'écrivain est né soixante ans plus tôt à la Devinière, dans le val de Loire . Cette métairie de la ravissante campagne de Chinon se situe «à deux portées de fusil» de l'abbaye bénédictine de Seuilly, une dépendance de l'abbaye de Maillezais (Bas-Poitou).

François Rabelais suit de longues études monastiques qui le dégoûtent à tout jamais de l'enseignement scolastique décadent du Moyen Âge finissant.

Devenu moine au couvent franciscain de Fontenay-le-Comte, en 1520 (il a déjà 26 ans), il découvre avec bonheur les auteurs de l'Antiquité et correspond avec l'humanisteGuillaume Budé. Mais les franciscains, à l'instigation de la Faculté de théologie de Paris (la Sorbonne), interdisent l'apprentissage du grec. Ils retirent à Rabelais ses livres.

Le moine, dépité, change d'ordre et passe chez les bénédictins grâce à la protection de l'évêque Geoffroy d'Estignac. Il entre à l'abbaye de Maillezais puis suit son protecteur jusqu'à Rome.

En 1528, alors âgé de 35 ans, il se rend à Paris où il loge rue Saint-André-des-Arts et fréquente l'Université. Il jette son froc aux orties et prend l'habit de prêtre séculier. Désormais libre de ses mouvements, il entame un tour de France et étudie la médecine dans les livres. C'est ainsi qu'il se fait immatriculer le 17 septembre 1530 à la très réputée Faculté de médecine de Montpellier. Devenu docteur en médecine, il s'illustre comme professeur à l'Hôtel-Dieu de Lyon.

Connu comme humanisteautant que comme médecin, Rabelais correspond avec le célèbre Érasme et se lie avec Étienne Dolet. Mais ces nourritures spirituelles ne compensent pas la médiocrité de son revenu de professeur (quarante livres par an).
Une oeuvre littéraire tardive

Un jour, le savant découvre sur un marché un roman à succès : Les Grandes chroniques du grand et énorme géant Gargantua. L'idée lui vient d'écrire une suite à ce récit qui semble très bien se vendre, et ainsi d'arrondir ses fins de mois.

C'est ainsi qu'à près de 40 ans, l'humaniste publie les Horribles et Espouvantables Faicts et Prouesses du très renommé Pantagruel, roy des Dipsodes, fils du grant Gargantua sous le nom d'Alcofribas Nasier (un anagramme de François Rabelais).

Son livre, qui se veut seulement drôlatique, est mis en vente le 3 novembre 1532 à la foire de Lyon. Il recueille de suite un grand succès auprès du public populaire.

L'auteur est comblé. Comme un bonheur n'arrive jamais seul, voilà que son nouveau protecteur, l'évêque de Paris Jean du Bellay, oncle du poète Joachim du Bellay, est envoyé par le roi François 1er en ambassade auprès du pape. Il engage Rabelais en qualité de médecin personnel. L'humaniste entreprend ce deuxième voyage à Rome avec plein d'enthousiasme.
Gargantua et la «la substantifique moelle»

À son retour à l'Hôtel-Dieu de Lyon, Rabelais se met à l'écriture d'un nouveau livre : La Vie très horrifique du grant Gargantua, père de Pantagruel.

Comme le précédent, publié deux ans plus tôt, ce livre est une énorme farce, «pource que rire est le propre de l'homme». Il est écrit dans un style parlé inhabituel pour l'époque. Il est également servi par une langue d'une richesse incomparable où l'auteur réussit la synthèse des parlers populaires et de sa propre érudition.

C'est aussi une critique acérée des moeurs éducatives, politiques et religieuses de son temps. Et l'auteur lui-même nous invite à dépasser le stade de la farce, «mordre l'os et sucer la substantifique moelle».

À la fin de Gargantua, l'humaniste développe l'utopie d'une éducation libérée de toute contrainte en faisant la description de l'abbaye idéale de Thélème dont la devise est : «Fays ce que voudras».
La Sorbonne contre Rabelais

La publication de Gargantua survient en pleine «affaire des placards». Le roi François 1er, indigné que des protestants aient pu placarder des protestations antipapistes jusque sur la porte de sa chambre, sévit contre les impudents. La Sorbonne en profite pour dénoncer et pourchasser les esprits anticonformistes.

Rabelais, prudent, s'éloigne de Lyon et se rend auprès de l'évêque de Maillezais. Puis il retrouve à Lyon l'évêque Jean du Bellay et en profite pour un nouveau voyage en Italie.

Gargantua et Pantagruel l'ont entre-temps rendu célèbre. Toujours prudent, l'auteur réédite ses livres en les expurgeant de quelques tournures ironiques à l'adresse des théologiens de la Sorbonne (Sorbonicole par exemple)... Mais ne voilà-t-il pas qu'Étienne Dolet, devenu imprimeur à Lyon, les réédite de son côté avec lesdites tournures !

Rabelais, qui n'a cure du martyre, désavoue l'initiative et se fâche avec son ami. Ses deux livres n'échappent pas malgré tout à une condamnation par la Sorbonne le 2 mars 1543. Ils sont inscrits l'année suivante sur la première liste de livres interdits, l'Indexde la Sorbonne !

Après quelques pérégrinations, l'auteur publie en 1546 Le Tiers Livre, un ouvrage plus recherché que les précédents dans lequel il raconte le projet de mariage de Panurge et disserte longuement sur les femmes et le mariage. L'ouvrage est à son tour condamné et Rabelais doit s'enfuir cette fois à Metz.

Après la tempête, il retrouve le cardinal Jean du Bellay pour un quatrième voyage à Rome et, au retour, à Lyon, publie le Quart Livre. Ce sera le dernier de ses livres. C'est l'époque où l'on se passionne pour la recherche d'un «passage du Nord-Ouest» qui permettrait de gagner la Chine en contournant le continent américain. Le Quart Livre en est une parodie. Il raconte la quête par Pantagruel de la Dive Bouteille qui contient la réponse au projet de mariage de son ami Panurge !

Le cardinal Jean du Bellay octroie à Rabelais, toujours à court d'argent, les revenus de deux cures, Saint-Martin de Meudon, près de Paris, et Saint-Christophe-du-Jambet, près du Mans. Rabelais poursuit par ailleurs l'exercice de la médecine mais il perd ses cures en 1551 et finit sa vie dans l'oubli et la solitude deux ans plus tard.

D'une personnalité attachante, curieux et avide de voyages, non dépourvu de courage, François Rabelais est un parfait représentant de la Renaissance, contemporain des poètes Clément Marot, Pierre Ronsard, Joachim du Bellay.

À la différence des autres humanistes de son temps, comme Guillaume Budé et Érasme, c'est en français et non en latin qu'il a choisi de s'exprimer.
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26 octobre 1553
Michel Servet est condamné au bûcher

Le 26 octobre 1553, Michel Servet est condamné au bûcher comme hérétique par le Grand Conseil de la république de Genève. Il est brûlé le lendemain à Champel, aux portes de la ville.
Génial mais imprudent

Ce médecin de génie est né en 1509 ou 1511 en Aragon, à Villanueva de Sigena (Villeneuve d'Aragon, Espagne).

Ayant lu dans la Bible que l'âme humaine réside dans le sang, il entrevoit la circulation sanguine, près d'un siècle avant l'Anglais William Harvey. Il va jusqu'à préciser que le sang se régénère dans les poumons au contact de l'air.

Mais il ne s'en tient pas à des recherches scientifiques et se laisse happer par les guerres religieuses de son temps, entre catholiques et protestants.

Dès l'âge de 20 ans, il a le front de développer des idées très personnelles sur le dogme de la Sainte Trinité dans un petit livre publié en 1531 sous le titre De trinitatis erroribus (Les erreurs de la Trinité). « L'essence divine est indivisible... il ne peut y avoir dans la Divinité diversité de personnes », écrit-il notamment.

En 1536, Michel Servet entre au service de l'évêque de Vienne (Dauphiné) en qualité de médecin. Il se garde d'afficher ses opinions religieuses mais entame une correspondance secrète avec le réformateur protestant Jean Calvin pour tenter de le convaincre de leur bien-fondé.

Il en vient à publier en 1553 un opuscule : Christianismi restitutio (Restitution chrétienne), en réplique au livre fondamental de Calvin (L'Institution chrétienne). Ses détracteurs l'accusent de nier dans ce livre la divinité du Christ, comme les arianistes du IVe siècle.
Traqué par les catholiques comme par les réformés

Calvin lui-même décide d'en finir. Il dévoile sa correspondance avec Servet à un ami qui s'empresse de dénoncer le médecin à l'Inquisition catholique.

Michel Servet est arrêté mais arrive à s'échapper et ne trouve rien de mieux que de se cacher à Genève, où Calvin impose au nom de la Réforme protestante une très sévère discipline morale. Le médecin cherche de l'appui auprès des « Vieux-Genevois », en conflit avec Calvin.

Mais il est arrêté encore une fois. Son procès, pendant deux mois, donne lieu à un débat très vif. Le Grand Conseil de Genève consulte les autres villes suisses avant de se prononcer sur la peine : la mort. Calvin, qui a pris Servet en haine, entérine la décision.

L'époque, il est vrai, ne se prête guère à la tolérance et à la libre discussion, tant du côté protestant que du côté catholique.

Calvin, toutefois gêné aux entournures, tente de se justifier mais il s'attire dès l'année suivante une réponse cinglante de son ancien ami Sébastien Castellion sous la forme d'un opuscule : « Lorsque les Genevois ont mis à mort Servet, ils n’ont pas défendu une doctrine, ils n’ont fait que tuer un homme. La violence endurcit le cœur qui ne s’ouvre pas à la mansuétude. On ne surmonte le mal, on ne dissipe les ténèbres que par la lumière, non par l’épée »
René Castillon
Expiation

En 1903, une stèle a été érigée à Champel, sur l'emplacement du bûcher, avec ces mots :
« Fils respectueux et reconnaissants de Calvin, notre grand réformateur, mais condamnant une erreur qui fut celle de son siècle et fermement attachés à la liberté de conscience selon les vrais principes de la Réformation et de l'Évangile, nous avons élevé ce monument expiatoire ».
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8 décembre 1554
Ambroise Paré devient docteur en chirurgie

Le 8 décembre 1554, sur ordre du roi Henri II, la Faculté de Paris se résigne à coiffer Ambroise Paré du bonnet de docteur en chirurgie bien que cet autodidacte de 44 ans ne connaisse ni le latin ni le grec et n'ait jamais lu Galien !...
Un médecin de grande vertu

Ambroise Paré se contente de pratiquer le métier de chirurgien-barbier dans une échoppe de Paris. Mais il possède une expérience exceptionnelle acquise pendant les guerres d'Italie.

Cautérisation traditionnelle aux fers chauds Ainsi sauva-t-il dix ans plus tôt le duc François de Guise, qui avait été gravement blessé à l'oeil. Le duc en garda le surnom de «Balafré».

Ambroise Paré est à l'origine d'importantes avancées médicales. Par exemple, au lieu de cautériser les plaies en les brûlant, il imagine de les ligaturer ou de les panser avec un mélange de jaune d'oeuf, d'huile et de térébenthine.

Dans ses nombreux traités, écrits en français, il s'affranchit de l'obéissance aux Anciens et recommande l'apprentissage de la chirurgie par la pratique.

Précurseur de la Croix-Rouge et des «french doctors», il soigne les blessés de tous les camps, Français et Allemands, catholiques et protestants. Lui-même protestant, il témoigne d'une pieuse humilité («Je le pansai, Dieu le guérit», dit-il de ses patients).

Le père de la chirurgie moderne s'éteint en 1590 après une longue vie de labeur au service de l'humanité, en digne représentant de la Renaissance. Il demeure l'une des plus belles figures de l'Histoire de France.
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25 septembre 1555
Paix d'Augsbourg entre catholiques et protestants

La paix signée à Augsbourg le 25 septembre 1555 (certaines sources donnent le 3 octobre 1555) consacre la division religieuse de l'Allemagne entre catholiques et luthériens. Aujourd'hui encore, le pays compte à peu près autant de catholiques que de protestants.
Une paix précaire

Pendant deux décennies, l'empereur Charles Quint, bon catholique, s'est efforcé de contenir en Allemagne les progrès de la doctrine de Luther.

Dès 1531, les princes luthériens se sont unis dans une Ligue dite de Smalkalde et ont cherché des appuis auprès de François 1er, le roi de France n'hésitant pas lui-même à s'allier aux Turcs et aux Barbaresques pour contrer l'empereur.

Charles Quint doit combattre sur plusieurs fronts, contre les Turcs qui menacent Vienne, contre les Barbaresques de Tunis et d'Alger qui saccagent les côtes italiennes, et contre les protestants allemands. À ces derniers, faute de mieux, il concède la paix religieuse de Nuremberg le 23 juin 1532.

Après la paix de Crépy-en-Laonnois conclue en 1544 avec François 1er, l'empereur décide d'en finir avec la ligue. Il met au ban de l'Empire ses deux chefs, l'Électeur Jean-Frédéric de Saxe et le landgrave de Hesse. Après une victoire des troupes impériales à Mühlberg, en Saxe, le 24 avril 1547, le landgrave fait sa soumission tandis que l'Électeur est déposé et remplacé par son rival Maurice de Saxe.avril 1547.

Cependant, les menaces d'une intervention française en Lorraine et d'une intervention turque en Hongrie obligent une nouvelle fois l'empereur à composer...
Cessez-le-feu

Vieilli et amer, Charles Quint autorise son frère Ferdinand à signer la trêve de Passau en 1552. Puis il lui demande de convoquer une Diète à Augsbourg, en Bavière, pour tenter de mettre enfin un terme à la guerre civile et religieuse.

Au terme de plusieurs mois de négociations, Ferdinand concède aux princes allemands, par le recès d'Augsbourg, le libre choix de leur religion, catholique ou luthérienne. Il leur donne en prime le droit d'imposer leur religion à leurs sujets selon l'adage de l'époque: «cujus regio, ejus religio» (tel prince, telle religion). Seules les villes dépendant directement de l'empereur bénéficient de la tolérance religieuse.

Une exception importante concerne les principautés ecclésiastiques gouvernées par un évêque. Ce dernier, s'il se convertit au luthérianisme, ne peut contraindre ses sujets catholiques à se convertir ou émigrer. Réciproquement, les habitants de ces principautés ont le droit de suivre la foi de Luther. D'autre part, les protestants autres que luthériens (calvinistes, anabaptistes, zwingliens) sont exclus du compromis d'Augsbourg.

Lourd de sous-entendus et de non-dits, le compromis instaure une paix précaire. Charles Quint, qui y voit un échec personnel, abdique un mois plus tard et transmet à son frère Ferdinand la dignité impériale. Les rapports entre les communautés religieuses se tendent au point de susciter à la génération suivante une atroce guerre de Trente Ans.

Cette guerre s'achèvera en 1648 par les traités de Westphalie après que la moitié de la population allemande aura trépassé de mort violente. C'est alors seulement que s'installera la paix religieuse.
Marie Desclaux.
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Y'becca, La Vie et L'Histoire du Protestantisme - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Y'becca, La Vie et L'Histoire du Protestantisme   Y'becca, La Vie et L'Histoire du Protestantisme - Page 2 EmptyMar 20 Sep à 9:50

Catherine de Médicis est née le 13 avril 1519 à Florence (République florentine) sous le nom de Caterina Maria Romola di Lorenzo de' Medici et morte le 5 janvier 1589 à Blois (France).

Fille de Laurent II de Médicis (1492-1519), duc d'Urbino, et de Madeleine de la Tour d'Auvergne (1495-1519), elle grandit en Italie d'où elle est originaire par son père. À la mort de ses parents, elle hérite du titre de duchesse d'Urbino, puis de celui de comtesse d'Auvergne à la mort de sa tante Anne d'Auvergne en 1524.

Par son mariage avec le futur Henri II, elle devient Dauphine et duchesse de Bretagne de 1536 à 1547, puis reine de France de 1547 à 1559. Mère des rois François II, Charles IX, Henri III, des reines Élisabeth (reine d'Espagne) et Marguerite (dite « la reine Margot », épouse du futur Henri IV), elle gouverne la France en tant que reine-mère et régente de 1560 à 1563.

Catherine de Médicis est une grande figure du XVIe siècle. Son nom est irrémédiablement attaché aux guerres de Religion opposant catholiques et protestants. Partisane d'une politique de conciliation, elle est l'instauratrice en France de la liberté de conscience pour les protestants, et a de nombreuses fois tenté de faire accepter le concept de tolérance civile.

Une légende noire persistante la dépeint comme une personne acariâtre, jalouse du pouvoir, ne reculant devant aucun crime pour conserver son influence. Aujourd'hui, la tendance historiographique la réhabilite, et reconnaît en elle une des plus grandes reines de France. Néanmoins, sa fermeté envers le parti calviniste et son rôle supposé dans le massacre de la Saint-Barthélemy contribuent à en faire une figure controversée.

Catherine quitte Florence le 1er septembre 1533 et rejoint la France à bord de la galère du pape. Elle apporte avec elle une dot de 100 000 écus d'argent et 28 000 écus de bijoux, ce qui lui vaudra de la part de courtisans persifleurs les surnoms de « la Banquière » ou « la fille des Marchands »5. Il avait été convenu dans le contrat que le pape procurerait une dot assez importante pour combler le trou des finances royales. Le mariage a lieu à Marseille le 28 octobre 1533 en présence du pape venu s'entretenir avec le roi et lui remettre personnellement la main de Catherine, le contrat de mariage étant signé après le traité d'alliance qui prévoit que le pape aide le roi François Ier à reconquérir le duché de Milan et de Gênes en échange du mariage. Après le bal de mariage, le couple se rend dans la chambre nuptiale remplir ses devoirs conjugaux, suivi par le roi qui reste présent jusqu'à la consommation du mariage. Le pape s'y rend dès le lendemain pour trouver les deux jeunes mariés « contents l'un de l'autre » et est rassuré, Catherine n'étant plus répudiable7. S'ensuivent des festivités somptueuses qui durent plusieurs semaines. Une tradition populaire plus ou moins légendaire veut qu'elle soit venue d'Italie accompagnée d'une quarantaine de cuisiniers et qu'elle aurait introduit lors du banquet de mariage le sabayon ainsi que les sorbets « tutti frutti »8. Selon une autre tradition, ce serait Jean Pastilla, l'un de ses trois pâtissiers confiseurs, qui répand en France la mode de la pastille à base de gomme arabique et de sirop de sucre9.

L'alliance avec la papauté ne procure finalement pas à la France les effets escomptés du fait de la mort de Clément VII, survenue l'année suivante. Le pape Paul III rompt le traité d'alliance et refuse de payer la dot à François Ier qui se lamente en ces termes : « J'ai eu la fille toute nue ». Au début de son mariage, Catherine n'occupe que peu de place à la Cour, bien qu'elle y soit appréciée pour sa gentillesse et son intelligence. Elle n'a pas quinze ans, ne parle pas bien le français et son jeune mari est plus intéressé par son amie et confidente Diane de Poitiers10.

Le 10 août 1536, le destin de Catherine bascule. Le fils aîné de François Ier, le dauphin François, meurt soudainement, faisant de l'époux de Catherine l'héritier du trône. Catherine devient dauphine de Viennois et duchesse titulaire de Bretagne (1536-1547). Elle prend progressivement sa place à la Cour.

Mais Catherine et Henri n'ont toujours pas d'héritier (ils mettront dix ans à en avoir un). Pour Catherine, la menace de répudiation plane dès 1538. Mais elle reçoit l'appui inattendu de Diane de Poitiers, sa propre cousine et celle d'Henri. Elle laisse Henri arborer partout les couleurs de Diane.

Remarquée pour son intelligence, Catherine est appréciée par le roi, son beau-père. Partageant avec sa belle-sœur Marguerite de France un goût pour les arts et lettres, Catherine devient son amie. Avec la reine de Navarre Marguerite d'Angoulême, elle participe à l'élévation culturelle de la cour, notamment par des compositions littéraires. C'est à cette époque que Catherine choisit son propre emblème : l'écharpe d'Iris (l'arc-en-ciel).

Alors qu'elle craint de plus en plus d'être répudiée, elle accouche finalement en janvier 1544 d'un héritier : François, futur François II de France. Sa naissance, suivie l'année suivante par celle d'une fille, baptisée Élisabeth, conforte la position de Catherine à la cour. À la mort de François Ier le 31 mars 1547, Henri d'Orléans monte sur le trône sous le nom d'Henri II et Catherine devient reine de France.
La reine de France
Catherine de Médicis (vers 1555) par François Clouet

Le 10 juin 1549, Catherine est officiellement sacrée reine de France à la basilique de Saint-Denis. Le rôle qui lui est conféré à la cour est celui de procréer. En l'espace d'une quinzaine d'années, Catherine mettra au monde dix enfants, dont sept survécurent. Les difficultés de l'accouchement de jumelles en 1557 mirent un terme à ces maternités successives.

Dans sa maison, Catherine réunit autour d'elle une cour où elle place de nombreux compatriotes italiens. Elle reste très attentive à la politique italienne de la France et protège les opposants au grand-duc de Toscane qui se sont exilés dans le royaume. Elle incite Henri II à confier des responsabilités militaires ou administratives à ces Italiens qui préfèrent servir la France plutôt que l'empereur. Parmi ces hommes se trouvent Simeoni, le jeune Gondi (qui deviendra l'un des conseillers les plus influents de la reine dans les années 1570) et les cousins de Catherine, les frères Pierre et Léon Strozzi qui s'illustrent au service du roi durant les guerres d'Italie.

À l'avènement d'Henri II, Catherine doit souffrir la présence de la favorite royale Diane de Poitiers. Bien que par respect pour elle, le roi lui cache ses infidélités, elle doit accepter que sa rivale prenne une place importante à la cour. Diane de Poitiers exerce une influence importante sur le roi et reçoit en contrepartie de nombreuses responsabilités. Elle obtient ainsi la charge de l'éducation des enfants royaux et le titre de duchesse de Valentinois. Catherine souffre de cette situation en silence. Dans le fameux duel (le coup de Jarnac) qui oppose La Châtaigneraie et Jarnac, Catherine prend le parti du second, celui de la duchesse d'Étampes, l'ennemie jurée de Diane.
Jeton en argent sur Catherine de Médicis.

Catherine obtient des responsabilités quand le roi reprend la guerre en 1552 contre Charles Quint et s'absente pour mener les opérations dans l'est du royaume. Catherine est nommée régente et avec l'aide du connétable Anne de Montmorency, elle assure l'approvisionnement et le renforcement des armées. Elle intervient également en 1557, après le désastre de Saint-Quentin. Elle est envoyée par le roi demander à la ville de Paris l'argent nécessaire pour poursuivre la campagne. Enfin, Catherine ne manque pas de désapprouver ouvertement la paix signée les 2 et 3 avril 1559 au Cateau-Cambrésis qui fait perdre l'essentiel des possessions italiennes à la France et met un terme à sa politique d'ingérence en Italie. Elle marque par là son opposition au connétable et son rapprochement avec le clan des Guise.

Le traité est suivi par des festivités au cours desquelles des mariages princiers doivent venir renforcer les alliances politiques tout juste conclues. Alors, que sa seconde fille, Claude, a épousé le duc Charles III de Lorraine en février, sa fille aînée Élisabeth épouse le roi Philippe II d'Espagne et sa belle-sœur Marguerite épouse le duc Emmanuel-Philibert de Savoie : le premier mariage est célébré par procuration à Notre-Dame de Paris le 22 juin, tandis que le second a lieu le 10 juillet alors que le roi est sur son lit de mort. Celui-ci a en effet été blessé à la tête le 30 juin par le capitaine de sa garde écossaise, Gabriel de Montgommery, lors d'un tournoi donné à l'occasion des noces, et meurt après plusieurs jours d'agonie ce même 10 juillet.
Le règne de François II
Catherine de Médicis représentée en tenue de deuil, à l'âge de 40 ans environ
François II et Marie Stuart
dans le livre d'heures de Catherine de Médicis
Le deuil de la reine

Lorsque son fils François monte sur le trône, Catherine de Médicis lui recommande de confier les rênes du gouvernement à la famille de son épouse : les Guise11. Issus de la maison de Lorraine12 et apparentés à la famille royale13, les Guise sont riches et puissants. Ils ont su se faire une place de première importance à la cour et leur sœur Marie de Guise, la mère de la nouvelle reine, est régente d'Écosse pour sa fille.

Catherine les soutient et approuve la mise à l'écart opérée par eux, du connétable et de Diane de Poitiers. Elle-même intervient dans la redistribution des faveurs royales en échangeant avec l'ancienne favorite le château de Chenonceau contre celui de Chaumont14. Par l'ascendant qu'elle exerce sur le jeune roi, Catherine joue un rôle central au sein du conseil royal, mais profondément atteinte par la mort de son époux, elle reste en retrait par rapport aux Guise qui détiennent la réalité du pouvoir.

Les contemporains ont souligné la douleur extrême manifestée par la reine à la mort du roi. Pour marquer son chagrin, Catherine choisit de ne plus s'habiller qu'en noir (alors que le deuil se marquait traditionnellement en blanc) et arbore désormais un voile qu'elle ne quittera plus. La souffrance qu'entraîne chez elle le souvenir de son défunt époux, la pousse même à ne pas assister au sacre de son fils le 18 septembre 155915. Catherine change son emblème : la lance brisée, avec la devise : « De là viennent mes larmes et ma douleur » (Lacrymae hinc, hinc dolor).
Le problème protestant

Le règne de François II est marqué par la montée des violences religieuses. Jusqu'à présent Henri II avait réprimé très sévèrement le protestantisme. La mort de ce dernier encourage les protestants à réclamer la liberté de conscience et celle du culte. Bien que leur chef Calvin condamne la violence, une minorité de réformés veulent en découdre par la force. Devant la menace grandissante, les Guise sont favorables à une politique de répression.

À la mort de son époux, Catherine de Médicis était considérée par certaines autorités protestantes comme une personne ouverte d'esprit et sensible à l'injustice16. Sous l'influence de ses amies les plus proches, attirées par la réforme protestante (la princesse Marguerite, la duchesse de Montpensier et la vicomtesse d'Uzès), et prenant conscience elle-même de l'inutilité de la répression, elle entame dès la mort du roi un dialogue avec les protestants. Elle se disait prête à accepter leur présence à la condition qu'ils restent discrets et qu'ils ne s'assemblent pas (et ainsi éviter l'agitation dans la population)17. Progressivement, elle devient face aux Guise le plus ferme soutien des partisans de la tolérance civile (appelés aussi moyenneurs).

Catherine demeurait toutefois étrangère à la religion nouvelle. Heurtée par l'injonction des prédicateurs, elle approuvait pleinement la sanction des fauteurs de trouble. Touchée personnellement par des pamphlets injurieux déposées chez elle lors de la conjuration d'Amboise, elle appuie la répression par les Guise des rebelles huguenots qui avaient attaqué la résidence royale18.
L'entrée en scène de Catherine de Médicis

L'ampleur du mécontentement provoqué par les Guise au printemps 1560 obligeait ces derniers à céder davantage de pouvoir à Catherine de Médicis. Jusqu'alors réservée et marquée par la douleur du deuil, la reine-mère prend davantage part aux affaires19. La montée du parti modérateur accroît son influence politique et le parti de la répression est contraint de l'écouter davantage. Elle s'entoure de conseillers modérés favorables à la Réforme et favorise leurs idées au sein du conseil royal. Parmi eux se trouvent des hommes d'Église comme Jean de Morvillier, Jean de Monluc (suspecté par Rome de protestantisme) ou encore Paul de Foix (qui avait été arrêté par le roi l'année précédente avec Anne de Bourg).

En juin, elle permet au juriste Michel de L'Hospital, opposant à la répression, d'être nommé chancelier de France. En août, elle parvient à réunir à Fontainebleau une assemblée de notables pour discuter des problèmes du royaume et appuie malgré l'hostilité du pape, la tenue d'un concile national pour réformer l'Église de France.

La mort de son fils François II, le 5 décembre 1560, la meurtrit profondément mais lui permet de prendre en main les rênes du pouvoir.
Le règne de Charles IX

Le frère cadet du roi monte sur le trône sous le nom de Charles IX. Comme il n'a que dix ans et qu'il est encore mineur, Catherine de Médicis est déclarée régente. Face aux troubles religieux, elle met en place avec le soutien de conseillers modérés une politique de conciliation20. L'échec de sa politique la conduit toutefois à durcir à plusieurs reprises sa position à l'égard des protestants.
Une politique de conciliation
L'enfant-roi

Catherine de Médicis est inspirée par deux courants : l'érasmisme, orienté vers une politique de paix, et le néoplatonisme, qui prône la mission divine du souverain pour faire régner l'harmonie dans son royaume. L'émergence de Catherine de Médicis et de Michel de L'Hospital sur la scène politique induit un relâchement de la pression sur les réformés. Ceux-ci dévoilent au grand jour leur foi et la cour installée au château de Saint-Germain voit l'arrivée en grand nombre de « schismatiques ».

Pour améliorer le sort de ses sujets prêts à s'entredéchirer, Catherine de Médicis multiplie les tractations et les assemblées de décision. Dès décembre 1560, des États généraux regroupant les trois ordres de la société s'étaient tenus à Orléans. Ils siègent de nouveau durant l'été 1561. Enfin au mois de septembre de cette même année se tient le Colloque de Poissy destiné à réconcilier la religion catholique et la religion protestante. En agissant ainsi, Catherine de Médicis se met à dos le pape Pie IV et les catholiques intransigeants, mais elle est très optimiste sur l'évolution de la situation.

Pour finir, le 17 janvier 1562, Catherine de Médicis promulgue l'Édit de janvier, qui constitue une véritable révolution, puisqu'il remet en cause le lien sacré entre unité religieuse et pérennité de l'organisation politique. L'Édit de janvier autorise en effet la liberté de conscience et la liberté de culte pour les protestants, à condition que ceux-ci restituent tous les lieux de culte dont ils s'étaient emparés. Cet édit fait partie de la politique de concorde voulue par Catherine de Médicis et Michel de L'Hospital. Pour eux, les réformés ne sont pas la cause du mal qui s'est abattu sur la terre mais ils sont un agent de conversion que Dieu a envoyé pour éveiller l'humanité à la conscience de son péché. Pour elle, la mission des dirigeants politiques consiste avant tout à briser le cycle des violences qui ravageaient le royaume.

Mais l'Édit de janvier échoue à cause des antagonismes trop forts qui opposent protestants et catholiques. Un triumvirat composé des trois anciens favoris d'Henri II s'oppose à la politique de tolérance de la reine-mère. Antoine de Bourbon, roi de Navarre choisit le camp des catholiques. La position de la régente est difficile. Elle espère un soutien de la part du prince de Condé, le chef des protestants.
Entre guerres et paix
Catherine de Médicis et ses enfants
Copie médiocre d'un tableau détruit par un incendie en 1940

La reine refuse dans un premier temps la marche à la guerre que provoque en mars 1562 le massacre de Wassy. Elle se tient à l'écart des deux partis, jusqu'à ce que par un coup de force, François de Guise l'oblige à se placer sous sa protection. Le 31 mars il débarque à Fontainebleau où se trouve la famille royale et la contraint à le suivre à Paris. Durant les mois de mai et de juin, Catherine tente encore de provoquer des rencontres entre les belligérants, mais finit par se résigner à la guerre devant la résolution des chefs militaires à en découdre.

Pendant plusieurs mois, elle intervient activement dans l'organisation logistique pour défaire les protestants. Elle se déplace également personnellement au siège de Rouen. La mort et l'emprisonnement des principaux chefs de guerre lui permet finalement de ramener la paix. Tout en prenant ses distances avec les Guise, elle accorde aux huguenots la paix d'Amboise en mars 1563. L'édit prévoit déjà une certaine liberté de culte dans les maisons seigneuriales et dans les villes. En août 1563, Charles IX devient majeur. Catherine abandonne la régence, mais Charles IX la confirme immédiatement dans ses pouvoirs. Pour Catherine, l'heure est à la reconstruction, car la guerre civile a entraîné de très grandes destructions.

Les grandes fêtes de Fontainebleau marquent le départ du « tour de France » qu'entreprend la famille royale à partir de 1564. Pendant 28 mois, la reine parcourt la France pour montrer le roi à son peuple, faire oublier les dissensions religieuses et imposer ses édits de paix. Son but est également de provoquer la rencontre des chefs d'État européens et de relancer un nouveau concile. La reine n'avait pas accepté que lors du concile de Trente, les protestants n'aient pas été invités. Le voyage est une succession d'entrées royales. Il se termine le 1er mai 1566 à Moulins.

Après quatre années de paix, le conflit religieux reprend. En 1567, le prince de Condé tente de s'emparer du roi par surprise. C'est la « surprise de Meaux » : Charles IX et Catherine se réfugient à Paris, stupéfaits de la trahison du chef des protestants. Catherine impute au chancelier L'Hospital l'échec de la politique de tolérance civile et le renvoie en mai 1568. Le pouvoir royal décide d'en finir avec les rebelles et de terribles guerres s'ensuivent, ruinant le pays.

Les deux armées arrivent à bout de force en 1570. Catherine pousse les protestants à accepter la paix de Saint-Germain-en-Laye, qui leur accorde une liberté de culte très limitée.
Le massacre de la Saint-Barthélemy
Article détaillé : massacre de la Saint-Barthélemy.

Pour concrétiser une paix durable entre les deux partis religieux, Catherine tente d'organiser le mariage de sa fille, Marguerite avec le prince protestant Bourbon Henri de Navarre. Après la consécration des Espagnols à la bataille de Lépante, Catherine se rapproche des puissances protestantes en établissant une alliance avec Elisabeth d'Angleterre avec qui elle aimerait marier l'un de ses fils, et en promettant à Louis de Nassau le soutien de la France aux révoltés des Pays-Bas. La mort, en juin 1572, de la reine de Navarre Jeanne d'Albret, une importante rivale politique du côté protestant, l'arrange. Elle doit encore contrer l'influence, auprès de Charles IX, de l'amiral de Coligny : ce chef militaire des protestants veut que la France intervienne directement contre l'Espagne dans la guerre aux Pays-Bas, ce que Catherine veut éviter à tout prix.

À la suite de l'attentat manqué contre Coligny le 22 août 1572, Catherine semble avoir opté sur le conseil de certains membres de son entourage de convaincre le roi de faire tuer les principaux chefs huguenots montés à Paris pour les noces. Le massacre, dit de la Saint-Barthélemy, commence dans la nuit du 23 au 24 août 157221. En dépit des ordres du roi et de sa mère pour l'arrêter, il s'étend les jours suivants avec l'aide du peuple excité par quelques prédicateurs catholiques à tous les protestants parisiens, puis les mois suivants en province. Il fait plusieurs milliers de victimes.

Le massacre de la Saint-Barthélemy a suscité un important débat historiographique. Des thèses historiques contradictoires se sont longtemps affrontées sur la responsabilité de la reine dans ce massacre. Aujourd'hui, les historiens n'estiment plus que le massacre ait pu être prémédité. Face à une situation explosive, la reine et le roi ont décidé de prendre une décision exceptionnelle.

Ce massacre, qui fait plusieurs milliers de victimes à Paris puis en province, pèsera lourd sur la popularité de Catherine chez les protestants et dans l'Histoire. Catherine prend le parti de rompre avec sa politique de concorde et fait contraindre les protestants à revenir à la religion catholique. Deux ans plus tard, Charles IX meurt d'une pleurésie.
L'action artistique
Une politique culturelle au service de la monarchie

Catherine de Médicis poursuit la politique culturelle que son beau-père François Ier avait inaugurée. La cour de Catherine de Médicis est une succession de fêtes, de bals et de jeux. En février-mars 1564, la reine-mère organise dans le parc du château de Fontainebleau les plus somptueuses fêtes que le royaume ait jamais connues.

Tout comme l'avait fait François Ier au Camp du Drap d'Or, Catherine veut éblouir ses sujets. Elle s'entoure de femmes ravissantes qui attirent à la cour les hommes et les amènent à abandonner le parti de la guerre pour celui de la paix. Des ballets et des spectacles mythologiques mettent en scène la politique de tolérance de la reine ainsi que la gloire de la France et de la maison royale. Les enfants de Catherine participent aux danses et se travestissent dans des spectacles qui soulignent l'unité de la famille royale.

Catherine de Médicis utilisait la beauté des arts et des fêtes pour faire oublier la guerre aux hommes et n'hésitait pas à s'entourer d'un « escadron volant » - des jeunes femmes séduisantes - pour apaiser leur caractère belliqueux. Si elle encourageait les festivités et laissait la mode suivre son cours, la reine-mère s'est toujours montrée rigoureuse sur la moralité de sa cour et surveillait la vertu de ses filles d'honneurs. Lorsque l'une d'entre elles, Isabelle de Limeuil, fut mise enceinte par le prince de Condé (1564), le scandale provoqué lui attira les foudres de la reine-mère qui la chassa improprement22. Elle rédige en 1564 une lettre pour son fils « pour la police de Cour et pour le gouvernement », série de conseils qui établit l'emploi du temps d'un roi et la manière de s'occuper de sa cour.

Excellente cavalière, on lui attribue parfois l'importation en France de la manière de monter en amazone. Elle a imposé le corset et le caleçon lors des promenades à cheval aux dames de sa cour.

Venue d'Italie accompagnée de cuisiniers, confiseurs et pâtissiers florentins, elle introduit à la cour de France des légumes inconnus jusqu'alors, les artichauts, les brocolis ou les petits pois et selon des traditions populaires, elle serait aussi à l'origine de la diffusion des asperges, des tomates, des macarons, du sorbet ou de la ganache, donnant naissance à la « révolution gastronomique française »23.
Le mécénat
Les tapisseries des Valois qui devaient appartenir à Catherine, mettent en scène la famille royale et les mémorables festivités organisées par la reine-mère
Galerie des Offices, Florence

Héritière des goûts des Médicis pour les arts, Catherine de Médicis est considérée comme l'une des plus grands mécènes du XVIe siècle français24. Elle aimait s'entourer d'artistes, de poètes, d'hommes de lettres et de musiciens qu'elle faisait venir à la cour et pensionnait à son propre service, ce qu'aucune reine de France n'avait fait jusqu'à alors25. Sa politique de mise en scène de la monarchie se doublait d'une véritable passion pour les arts. Elle s'intéressait aussi bien à l'orfèvrerie et à la musique qu'à la peinture et l'architecture. Catherine de Médicis portait également un intérêt particulier pour le portrait français et multipliait le nombre de portraitistes à son service, parmi lesquelles se tenaient François Clouet et les frères Dumonstier26. À sa mort, sa collection de portraits comprenait entre 600 et 700 dessins, aujourd'hui éparpillés dans le monde.

Catherine protégeait également les hommes de lettres comme Montaigne ou Ronsard. Elle portait un soin à privilégier les artistes français, au lieu de faire appel à des artistes italiens comme il était d'usage chez les rois de France depuis le début de la Renaissance.

Aujourd'hui, il ne reste plus grand-chose de ses somptueuses collections. De son vivant, les visiteurs de marque pouvaient venir les admirer dans son grand palais parisien, mais accaparées en partie par la Ligue à sa mort, elles sont aujourd'hui ou disparues ou dispersées.

Catherine a également mis en place une politique de construction et des transformations architecturales : elle fait édifier non loin du Louvre le palais des Tuileries par Philibert Delorme et fait agrandir le château de Chenonceau. Son plus grand chantier est celui du somptueux mausolée des Valois à Saint-Denis, construit à l'antique sous forme d'une rotonde qui tranchait radicalement avec le style médiéval de la basilique. Aujourd'hui disparu, ce monument élevé à la gloire des derniers Valois devait contenir tous les gisants de ses enfants disposés autour du monument dédié à elle et à son époux. On y trouvait les trois gisants du couple royal dont ceux réalisés par le Primatice et Germain Pilon.

Excepté le château de Chenonceau, il ne reste rien de ses nombreux chantiers de construction. Le palais des Tuileries, le luxueux hôtel de la reine, la chapelle des Valois à Saint-Denis et les châteaux de Montceaux et de Saint-Maur qu'elle appréciait beaucoup, ont tous disparu.
Article détaillé : Projets architecturaux de Catherine de Médicis.
Le règne de Henri III

À l'âge de vingt-trois ans, le duc d'Anjou, quatrième fils de Catherine, succède à son frère sous le nom de Henri III. Connu pour être le fils préféré, et sans doute le plus intelligent, le nouveau roi entend gouverner par lui-même. Catherine continue d'exercer le pouvoir, mais elle ne peut plus agir sans le consentement du roi.
La redistribution des pouvoirs
L'hôtel de la reine

Comme le roi se trouve en Pologne quand meurt Charles IX, Catherine est déclarée régente par le parlement. Elle assure l'intérim du pouvoir et jusqu'au retour du roi en septembre 1574, elle tente de combattre les troubles qui paralysent le royaume. Elle se réjouit de la capture de Montgomery, l'homme qui avait accidentellement tué son mari et qui depuis combattait dans le camp réformé. Elle encourage la justice à procéder à son exécution qui a lieu le 26 juin 1574.

Pendant son retour, le roi a commencé à répartir les postes publics aux membres de son entourage. Inquiète de voir lui échapper le contrôle du pouvoir, Catherine se déplace à sa rencontre et descend avec la cour jusqu'à Lyon. Elle entre en opposition avec son fils sur la distribution des dignités de la cour27. Si elle parvient à maintenir auprès du roi certains de ses fidèles comme le comte de Retz, elle laisse le roi réorganiser l'étiquette à sa guise.

C'est une période tendue pour Catherine qui se remet mal de la mort de sa fille Claude, et qui entretient pendant quelques mois des rapports difficiles avec la nouvelle reine Louise de Lorraine que son fils épouse en février 1575. Catherine doit également accepter que son fils la décharge du pouvoir. Contrairement à son prédécesseur, le roi entend régner par lui-même. Catherine de Médicis s'attriste quelque temps de se voir privée du pouvoir par son fils préféré.

Catherine est également hostile aux favoris du roi qui restreignent l'accès au souverain et prônent parfois une politique contraire à la sienne. Elle contribue notamment à la chute de Bellegarde (fin 1574).

À la même époque, elle fait construire par Jean Bullant, non loin de l'église Saint-Eustache un hôtel particulier dans lequel elle s'installera en 1584. De ce palais qui fut un lieu de la cour très prisé pendant les années 1580, il ne reste aujourd'hui que la grande colonne astrologique, près de l'actuelle bourse de commerce.
L'inlassable négociatrice
Catherine de Médicis représentée à la fin de sa vie, à 65 ans passés.

Sous le règne d'Henri III, Catherine demeure plus active que jamais au sein du gouvernement. Sa présence à la cour est particulièrement utile pour raccommoder le roi avec François d'Alençon, son fils cadet, victime des calomnies répandues par les mignons de la cour. Elle n'hésite pas à poursuivre son jeune fils et à le ramener à la raison quand il s'enfuit et prend les armes en 1576.

Diplomate hors norme, elle intervient surtout pour accommoder ou modérer les partis ennemis. C'est elle qui mène les négociations et parcourt le royaume pour faire respecter les édits de paix et l'autorité du roi. En 1578, elle entame un nouveau tour de France au cours duquel elle rencontre son gendre Henri de Navarre devenu l'un des chefs protestants et le remet avec sa fille Marguerite avec qui il s'était brouillé. En dépit de ses rhumatismes, Catherine continue son voyage en litière et à dos de mule. Se privant la plupart du temps de confort, elle traverse des régions aux mains des rebelles comme le Languedoc et le Dauphiné, où elle rencontre les chefs protestants. Toujours portée par son optimisme, elle espère même rejoindre son fils François en Angleterre pour arranger son mariage avec la reine Élisabeth Ire28. À la fin de sa tournée, en 1579, Catherine se félicite d'avoir rétabli l'entente dans sa famille.

Dans les années 1580, elle intervient personnellement dans la succession au trône du Portugal et envoie une expédition navale pour aider les Portugais à reconquérir leur pays envahi par le roi d'Espagne. En dépit de ses réticences, elle finit par soutenir les projets de son fils François pour devenir le souverain des Pays-Bas.

À l'approche de ses soixante-dix ans, elle n'hésite pas à payer de sa personne. En 1585, elle part dans l'est rappeler les Guise à l'ordre. En 1586, elle entame dans le sud-ouest des négociations avec son gendre Henri, roi de Navarre. Enfin lors de la Journée des barricades (1588), elle n'a pas peur d'affronter la rébellion parisienne, en parcourant les rues de Paris à pied et en se frayant un chemin parmi les barricades. Par son combat, envers et contre tous, pour la concorde, Catherine de Médicis est devenue aux yeux de ses contemporains une personne hors du commun qui impose le respect. Cependant, son entêtement à se battre inutilement pour une cause qui semble perdue la discrédite aux yeux de ceux de ses sujets qui veulent en découdre avec leurs adversaires.
Échec et fin de vie
Catherine de Médicis meurt au château de Blois, le 5 janvier 1589.

La fin de la vie de Catherine est marquée par les préparatifs de mariage de sa petite-fille Christine de Lorraine qu'elle élevait depuis la mort de la duchesse Claude de Lorraine sa mère (1575). Ses derniers mois sont assombris par la montée en puissance de la Ligue catholique qui, à l'occasion de la journée des barricades, prend possession de la ville de Paris. Prisonnière dans la ville, Catherine se fait l'intermédiaire du duc de Guise pour le réconcilier avec le roi, ce qu'elle croit avoir réussi, lorsqu'ils se retrouvent à Chartres. Catherine entreprend ensuite son ultime voyage lorsque la cour se rend à Blois pour la réunion des États généraux. À l'arrivée de l'hiver, Catherine prend froid. Sa santé se dégrade rapidement avec l'assassinat du duc de Guise qui l'inquiète d'autant plus que le roi ne l'avait pas avertie. Quelques jours plus tard, le 5 janvier 1589, elle meurt d'une pleurésie, entourée de l'amour des siens, mais complètement abattue par la ruine de sa famille et de sa politique.
Gisants de Catherine de Médicis et Henri II par Germain Pilon (1583), basilique Saint-Denis.

Comme la basilique de Saint-Denis est aux mains des ligueurs, elle ne peut être enterrée dans le somptueux tombeau qu'elle y avait fait édifier pour sa famille. Sa dépouille n'y sera mise que vingt-deux ans plus tard, et au XVIIIe siècle son monument sera détruit.

Selon une anecdote célèbre au sujet de sa mort, une quinzaine d'années auparavant, vers 1571, son astrologue Côme Ruggieri lui aurait prédit qu'elle mourrait « près de Saint-Germain ». Catherine de Médicis, très superstitieuse, s'éloigna alors de tous les endroits rappelant de près ou de loin « Saint-Germain », pensant ainsi échapper à la funeste prédiction. Ainsi, par exemple, elle fit interrompre la construction du Palais des Tuileries dépendant de la paroisse de Saint-Germain-l'Auxerrois et s'installa précipitamment en 1572 dans ce qui allait devenir l'Hôtel de la Reine. Elle refusa également de rendre à Saint-Germain-en-Laye. Mais le destin la rattrapa, et sur son lit de mort, lorsqu'elle demanda son nom au confesseur appelé auprès d'elle pour lui porter l'extrême-onction, celui-ci répondit : Julien de Saint-Germain29,30.
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MessageSujet: Re: Y'becca, La Vie et L'Histoire du Protestantisme   Y'becca, La Vie et L'Histoire du Protestantisme - Page 2 EmptyMar 20 Sep à 9:50


25 octobre 1555
Abdication de l'empereur Charles Quint

Coup de tonnerre dans les cours d'Europe. Le 25 octobre 1555, l'empereur Charles Quint (ou Charles V) révèle son intention d'abdiquer de tous ses titres ! Et ceux-là sont nombreux...

Héritages et alliances matrimoniales ont réuni sur sa tête des couronnes de toute l'Europe et en ont fait le souverain le plus prestigieux à défaut d'être le plus puissant. Charles Quint est en effet titulaire du Saint Empire romain de la nation germanique («Heiliges Römisches Reich Deutscher Nation»).

Il est aussi archiduc d'Autriche... Il a recueilli l'héritage flamand des ducs de Bourgogne (Belgique et Pays-Bas actuels) ainsi que les couronnes des rois de Castille et d'Aragon, y compris leurs possessions d'outre-mer.... Ainsi, on a pu dire que le soleil ne se couchait jamais sur ses possessions, celles-ci s'étendant sur toute la surface du globe.

Malgré tous ces atouts, ou à cause d'eux, l'empereur va aller tout au long de sa vie de déconvenue en déconvenue, ce qui explique en bonne partie son choix d'abdiquer.
Marie Desclaux
Un bilan amer

Les circonstances de l'élection de Charles Quint à la tête du Saint Empire sont déjà en elles-mêmes une source de complications infinies à plusieurs titres.

C'est ainsi que Charles s'endette sans compter auprès des Fugger, une famille de banquiers, pour acheter les votes des Électeurs.

Pendant ce temps-là, un moine du nom de Luther répand en Allemagne des idées séditieuses qui remettent en cause l'autorité du pape, la hiérarchie religieuse et le dogme lui-même.

Quand le jeune empereur s'en préoccupera, il sera déjà trop tard et il devra jusqu'à la fin combattre les nobles allemands désireux de suivre la nouvelle foi luthérienne.

La rivalité avec le roi de France François 1er à propos de l'élection comme à propos du duché de Milan, dont l'un et l'autre revendiquent l'héritage, va également entraîner Charles dans une autre série de guerres, principalement en Italie.

Ces guerres ne donneront aucun résultat et l'on n'en retiendra que quelques manifestations odieuses comme la mise à sac de Rome, du 6 au 13 mai 1527, par les lansquenets allemands du connétable de Bourbon, aux ordres de l'empereur.

Pendant ce temps, le sultan Soliman le Magnifique bat les Hongrois à Mohacs, s'empare de la plus grande partie de la Hongrie et vient mettre le siège devant Vienne, capitale des Habsbourg...

Au bilan, la Rome pontificale dévastée par des soudards et la chrétienté occidentale divisée entre catholiques et protestants et menacée jusqu'en son coeur par les Turcs musulmans !

Du côté hispanique, que dire ? Les tentatives d'implantation espagnole en Afrique du Nord aboutissent à l'enracinement des pirates barbaresques à Alger, sous l'autorité nominale des Turcs.

Outre-Atlantique, les conquistadors achèvent la conquête du Nouveau Monde, mais c'est au prix de la destruction des anciennes cultures indiennes et de la diffusion d'une économie prédatrice qui ruinera durablement le continent sud-américain...
Abdication résignée

Charles Quint (1500-1558), par Le Titien (1548)

À 55 ans, lassé de tout, malade et usé, Charles Quint est une nouvelle fois éprouvé par son échec à Augsbourg, face aux protestants d'Allemagne.

Le 25 octobre 1555, dans la grande salle du château de Bruxelles, devant les députés des dix-sept provinces bourguignonnes, ainsi que les chevaliers de l'ordre de la Toison d'Or et les ambassadeurs et représentants d'une grande partie de l'Europe, le souverain le plus richement doté d'Europe se dessaisit des États bourguignons en faveur de son fils Philippe.

C'est ainsi que le 16 janvier suivant, Philippe devient roi des Espagnes et des Deux Siciles sous le nom de Philippe II.

Le 12 septembre 1556, Charles Quint cède à son frère Ferdinand les États autrichiens et le titre d'empereur d'Allemagne, soit tous les domaines et titres hérités des Habsbourg. Il se plie en cela à la règle de partage en vigueur dans le Saint Empire romain germanique.

Ferdinand était déjà roi de Bohème et de Hongrie depuis la mort du souverain de ces États à la bataille de Mohacs, en 1526.

En se retirant dans une résidence voisine du monastère de Yuste, en Estrémadure, où il mourra le 21 septembre 1558, le vieil empereur liquide le rêve médiéval d'un empire chrétien universel. Désormais, en Europe, la paix dépendra de l'équilibre entre les États nationaux et non plus de l'autorité d'un empereur ou d'un pape.

En 2000, l'abdication de Charles Quint a fourni le prétexte à une création théâtrale de Jacques Attali, avec Gérard Depardieu dans le rôle de l'empereur : Les portes du ciel. -
Anecdote : Charles Quint et les trois Auvergnats

La ville de Beaumont, dans le Hainaut belge, commémore Charles-Quint d’une bien curieuse façon ! Ceci, depuis fort longtemps !

Au départ, une légende : l'empereur, séjournant dans sa ville de Beaumont, était parti seul, se promener dans la campagne, sans escorte. Et voici qu’il rencontre trois colporteurs auvergnats. Ces derniers, on ne sait pourquoi, se moquent de l’empereur qu’ils ne connaissent évidemment pas, le molestent et même le chargent comme un baudet de leur marchandise.

Arrivé aux portes de la ville, Charles Quint se fait reconnaître. On arrête les colporteurs, on les juge et on les pend dans la journée. Tous les cinq ans (la dernière fois en 2005), la ville de Beaumont reconstitue l’événement: tout le monde est en costume d'époque et l’on assiste à toute l’histoire. Quand les trois auvergnats sont pendus, on applaudit.

Ces derniers se «dépendent» un peu plus tard (un harnais particulier permet cette exécution, comme au théâtre) et parcourent les tavernes et estaminets, échangeant des tronçons de leurs cordes contre une bière, puisque la corde de pendu est réputée porter bonheur. Cette étrange manifestation attire des touristes de fort loin !

Terminons par la très curieuse devise de la ville :
Ville de Beaumont,
Ville de malheur,
Arrivé à midi,
Pendu à une heure !

Orlando de Rudder
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MessageSujet: Re: Y'becca, La Vie et L'Histoire du Protestantisme   Y'becca, La Vie et L'Histoire du Protestantisme - Page 2 EmptyMar 20 Sep à 9:52


Lit-on jamais l’œuvre d’une reine tout à fait comme une œuvre quelconque ?
Margherita Romengo
Introduction

1Rescapé d’un long débat sur sa nature et sa fonction dans les études littéraires1, le terme d’auteur désigne aujourd’hui non plus une instance monolithique qui serait l’origine principielle du discours littéraire et de son sens, mais un dispositif complexe qu’on nomme auctorialité. Ce terme présente l’avantage de rendre manifeste la dimension performative de la figure auctoriale, c’est-à-dire son caractère en devenir : l’écrivain devient auteur au terme d’un processus d’auctorialisation qui engage des médiateurs et des médiations divers et variés au fil du temps2.

2Ces dernières années, l’essor des formes numériques de production, de publication et de réception littéraires a entraîné un retour sur l’histoire de l’écriture, de ses supports et de ses acteurs, donnant lieu notamment à des travaux sur la figure de l’auteur, étudiée sous l’angle de l’histoire du livre et de la bibliographie matérielle3. De ce point de vue, il semble que le Moyen Âge tardif et la Renaissance représentent un terrain privilégié pour étudier la relation entre la fabrication du livre et la fabrication de la figure de l’auteur4.

3En effet, les XVe et XVIe siècles assistent à la mise en circulation d’un nouveau support de l’écrit, le livre imprimé, qui témoigne à la fois d’une transformation matérielle et fonctionnelle de l’objet-livre ainsi que d’une transformation relationnelle, ou communicationnelle, entre d’une part, le pôle de production et le pôle de réception du livre5, et d’autre part, l’auteur et les nouveaux acteurs impliqués dans la production du livre imprimé. Ces nouveaux rapports, notamment entre l’auteur et les co-élaborateurs de l’œuvre6, vont se manifester dans et par le péritexte, qui désigne à la fois la dimension matérielle du livre et l’ensemble des discours qui entourent le texte dans l’espace du livre7. Le dispositif péritextuel va ainsi constituer un espace d’observation optimal des stratégies de construction et de légitimation des figures et des fonctions auctoriales et éditoriales à l’époque prémoderne.

4En outre, cette perspective se révèle intéressante pour traiter de manière judicieuse de l’émergence de figures auctoriales féminines dans le champ littéraire au tournant de la première modernité. Des travaux récents ont donné un nouvel éclairage sur le rôle de premier plan joué par l’imprimerie et ses agents dans le processus d’auctorialisation des femmes au XVIe siècle8, permettant notamment de mettre au jour des cas attestés ou supposés d’impostures auctoriales, comme ceux de Jeanne Flore9 ou de Louise Labé10. Si d’aucuns voient dans ces cas une démonstration de l’intérêt réduit qu’offre ce pan de la recherche seiziémiste (par absence d’objets réels et authentifiés11), il nous semble, au contraire, qu’ils ouvrent de nombreuses pistes de recherche en soulignant le caractère collectif et hétérogène du processus de construction et de transmission de toute figure d’auteur12. Une piste possible consiste ainsi à examiner l’apport des éditeurs vis-à-vis de la formation et de la transmission des figures auctoriales féminines durant la période renaissante, notamment à travers l’analyse du péritexte éditorial13 de textes composés ou attribués à des femmes.

5Dans le cadre de cette étude, nous portons notre attention sur le cas de Marguerite de Navarre (1492-1549)14, puisqu’il s’agit là d’une femme écrivain dont l’historiographie a gardé de nombreuses traces, notamment en raison de son statut royal. Tandis que la critique actuelle insiste sur la valeur intrinsèque de sa production littéraire pour légitimer le statut d’auteur de la reine, nous nous interrogeons, pour notre part, sur l’incidence de cette position sociale dans le processus de construction et de réception de son image auctoriale15, et, de manière spécifique, sur sa portée potentielle au sein des stratégies promotionnelles de ses premiers éditeurs au moyen d’un sondage du péritexte éditorial de quelques-uns de ses textes imprimés au XVIe siècle.
Marguerite, reine et écrivain, et inversement

6Parmi les femmes écrivains du XVIe siècle, la critique actuelle s’accorde à reconnaître le caractère exceptionnel d’une figure auctoriale comme celle de Marguerite de Navarre16. Cependant, si nombres d’études, durant ces cinquante dernières années, ont mis en évidence la richesse de ses écrits et de sa pensée17, notamment sur le plan des idées religieuses, la haussant au rang d’auteur majeur dans l’histoire des lettres françaises, force est de constater qu’il s’agit là d’un tournant non négligeable dans l’histoire de sa réception critique18. Jusqu’à la seconde moitié du XXe siècle, Marguerite de Navarre est en effet considérée avant tout comme une femme de lettres19, auteur de contes et nouvelles, fréquemment absente des anthologies ou des ouvrages d’histoire littéraire.

7D’après Nicole Cazauran20, Marguerite de Navarre a longtemps été reléguée parmi les minores « en vertu du préjugé affirmant qu’une reine ne saurait être en même temps un grand écrivain. »21 Pour contrer ce mécanisme d’invalidation, qui fait du statut social de Marguerite de Navarre le motif principal de son exclusion littéraire, la critique actuelle tend quelque peu à scinder sa « vie d’auteur » de sa « vie officielle » pour proposer une lecture renouvelée de sa posture esthétique, marquée par une conscience auctoriale émancipée, et parvenir ainsi à prouver la valeur et la portée proprement littéraires de son activité auctoriale22. Par conséquent, l’accent est principalement placé, dans les travaux récents sur Marguerite de Navarre23, sur les mises en scène textuelles de soi qui révèlent un ethos auctorial qui la singularise et qui l’autorise au sein du champ littéraire et culturel en tant qu’écrivain à part entière, et non pas en tant que princesse lettrée. Le recours à une posture d’humilité24 est lu comme un indice laissant supposer que le statut social de Marguerite de Navarre ne pouvait suffire à la légitimer en tant qu’auteur, et surtout en tant que femme auteur.

8Or, il n’est pas rare que Marguerite de Navarre se mette en scène à la fois dans sa posture d’écrivain et dans sa position de reine, comme c’est le cas, par exemple, dans La Coche, le Dialogue en forme de vision nocturne ou même l’Heptaméron. Partant de ce constat, il y a lieu, selon nous, de poser à nouveaux frais la question de la part jouée par le statut royal de Marguerite dans la construction et la promotion de son image d’auteur25.

9Bien qu’elle apparaisse incongrue ou inopérante à l’aune des scénarios auctoriaux26modernes et contemporains, nous pouvons supposer que cette scénographie auctoriale a joué un rôle notable dans le processus de reconnaissance de son image d’auteur au XVIe siècle. D’autant plus, en effet, qu’elle semble avoir été relayée par les médiateurs de cette image auctoriale dans le champ littéraire et culturel de l’époque, étant sans doute eux-mêmes concernés par les enjeux liés à sa promotion. Parmi ceux-là figurent non seulement les écrivains et les intellectuels qui gravitent autour de Marguerite de Navarre – pensons notamment à Clément Marot et à ses épigrammes dédiés à la reine27, ou à Etienne Dolet, à qui elle doit le surnom de « Minerve de France »28 –, mais encore ses premiers éditeurs. En effet, ces derniers ayant participé de manière fondamentale à la genèse éditoriale de ses œuvres29, il y a lieu de croire qu’ils ont également contribué de manière significative à la construction de son image auctoriale.

10Dès lors, quelle Marguerite nous donnent-ils à voir ? Quels sont les traits, les aspects ou les composantes identitaires qu’ils valorisent ? Mais avant cela, quels peuvent être les enjeux qui ont sous-tendu la création de l’image auctoriale de Marguerite de Navarre au XVIe siècle ?
Publier une reine-écrivain au XVIe siècle : la portée d’une genèse éditoriale

11Jean-Philippe Beaulieu et Diane Desrosiers-Bonin ont défini le Moyen Âge finissant et la Renaissance comme « une époque fondatrice pour l’écriture au féminin »30. Depuis Christine de Pizan31 jusqu’à Marie de Gournay, en France et ailleurs32, il est en effet possible d’observer « un développement exponentiel du nombre de femmes ayant cherché à accéder au statut d’auteur »33. Cette période de mutations multiples voit « les femmes apparai[tre] dans le champ littéraire comme sujets et non plus seulement comme objet », note encore Michèle Clément34 : de fait, outre à une intensification de la production et de la circulation de textes pour et sur les femmes sur le marché du livre imprimé, il se produit une entrée progressive d’écrits composés par des femmes35, comme en témoigne la liste des écrits de femmes édités au XVIe siècle36.

12Favorisée par plusieurs facteurs37, l’introduction d’une production littéraire féminine sur le marché du livre imprimé a sans doute constitué une gageure pour les éditeurs qui en ont cautionné non seulement la valeur littéraire, intellectuelle ou idéologique mais aussi la valeur économique. En effet, à une époque où l’écriture est une pratique réservée aux hommes et où les femmes sont au mieux considérées aptes à lire38, comment justifier et encourager la production et la diffusion, la vente donc, de livres contenant des œuvres composées par des femmes ? Comment les autoriser à écrire ? Comment légitimer leur statut auctorial ? C’est au sein de ce contexte éditorial – qui, dès lors qu’il s’ouvre à la production littéraire féminine, doit mettre en œuvre des dispositifs et des stratégies de valorisation du produit et de légitimation du producteur – qu’il faut vraisemblablement resituer la genèse éditoriale de Marguerite de Navarre, dont l’un des enjeux principaux a probablement été celui de parrainer l’émergence d’une auctorialité féminine39.

13En effet, Marguerite de Navarre est l’une des premières femmes écrivains à susciter l’intérêt des éditeurs40 : le XVIe siècle voit paraître, en France, six éditions originales et de nombreuses rééditions et réimpréssions41, ce qui est considérable par comparaison à d’autres femmes écrivains contemporaines, comme Hélisenne de Crenne, Pernette du Guillet et, plus tardivement, Louise Labé, Madeleine et Catherine Des Roches. Parmi ces six éditions originales, quatre œuvres, en vers, sont publiées du vivant de la reine ; il s’agit du Miroir de l’âme pécheresse (Alençon, Simon du Bois, 1531), du Dialogue en forme de vision nocturne (Alençon, Simon du Bois, 1533), de la Fable du faux cuyder (Paris, Adam Saulnier, 1543), et des Marguerites de la Marguerite des Princesses et leur Suyte (Lyon, Jean de Tournes, 1547). Deux œuvres – l’une en vers, l’autre en prose – paraissent de manière posthume : le Miroir de Jésus Chris crucifié (Toulouse, Guyon Boudeville, 1552), et les Histoires des Amans Fortunez (Paris, Gilles Gilles, 1558). Les raisons d’un tel engouement éditorial, durable et diversifié, sont multiples – notamment religieuses et politiques42 –, et on ne peut douter que les éditeurs aient perçu et mesuré toute la valeur symbolique43 et promotionnelle recélée par une figure auctoriale comme celle de Marguerite de Navarre. De fait, représentante d’une lignée prestigieuse de reines et de princesses de France, patronnes et mécènes44, femmes de lettres à leurs heures45, Marguerite incarne une forme d’auctorialité féminine acceptée et acceptable.

14Cette position sociale, qui justifie et autorise son accès aux savoirs et à l’écriture46, ainsi que sa proximité avec les poètes et les penseurs de la cour et son contact avec d’autres qui évoluent hors de ce cadre, constitue donc une plus-value supposément exploitable par les producteurs du livre imprimé au moyen des dispositifs propres à leur mode de communication, c’est-à-dire à travers une forme de discours qui combine des éléments textuels, iconographiques et matériels47 et dont la vocation est publicitaire.

15S’inscrivant dans cet espace du livre qui relève principalement de la responsabilité de l’instance éditoriale et que Genettenomme péritexte éditorial48, le discours éditorial est un discours pluri-sémiotique qui porte non seulement sur l’œuvre et sa consommation (son contenu et son usage) mais aussi sur les conditions de production de l’œuvre, dans ses dimensions esthétique et matérielle, ainsi que sur les différents acteurs impliqués, parmi lesquels figure l’auteur. Ainsi, il est possible d’appréhender le péritexte éditorial des éditions de Marguerite de Navarre comme un espace de représentation de son image auctoriale.

16Il s’agit dès lors d’analyser la représentation de Marguerite de Navarre dans le cadre du péritexte éditorial qui se situe au seuil des éditions imprimées de ses œuvres : comment est-elle présentée au lectorat ? Comment se construit son image d’auteur ? Que valorise-t-on ? Pour fournir quelques éléments de réponses, nous avons choisi de limiter notre sondage à la présence et à la teneur de l’image auctoriale de Marguerite de Navarre sur les pages de titre des six éditions originales précitées en tant qu’il s’agit là de la seule pièce liminaire qui apparaît dans tous les exemplaires analysés49. Rappelons qu’au XVIe siècle, en raison du développement progressif, graduel, du livre imprimé, la composition du péritexte éditorial est variable d’une édition à l’autre, d’un tirage à l’autre, voire, à quelques occasions, d’un exemplaire à l’autre50.
Page de titre et nom d’auteur : présence, forme et valeur

17Dans le livre imprimé du XVIe siècle, le nom auctorial apparaît sur une page de titre en voie de développement51, certes non pas encore de manière systématique – comme nous pourrons l’observer dans le cas de Marguerite de Navarre –, mais néanmoins de façon fréquente. Si l’apparition d’un nom d’auteur sur la page de titre rend visible l’attribution d’un texte à un individu identifiable, celle-ci ne traduit pas nécessairement une volonté d’affirmation auctoriale52, mais peut relever également d’une démarche éditoriale qui obéit à des impératifs symbolique et économique53. En effet, associé au nom de l’éditeur et, parfois, au nom du dédicataire54, le nom auctorial peut figurer dans l’ensemble des stratégies publicitaires des producteurs du livre.

18Dans Seuils, Genette affirme l’impact des données contextuelles ou factuelles lisibles au niveau de la page de titre sur la réception d’une œuvre littéraire.« Et lit-on jamais un ‟roman de femme” tout à fait comme un roman tout court, c’est-à-dire un roman d’homme ? »55, interroge-t-il, résumant l’idée selon laquelle le nom d’auteur constitue une donnée factuelle, fonctionnelle et signifiante, qui se situe au croisement du péritexte et de l’épitexte56. En tant que nom propre, le nom d’auteur n’a pas pour unique fonction l’identification d’un individu : il « reflèt[e] [également] les classifications de la société et inform[e] sur le sexe, la filiation, la classe, le mariage, l’ethnicité, la religion, etc. »57 Ainsi, le nom d’auteur se définit, simultanément, comme un « désignateur rigide et [un] réceptacle de descriptions variées et [potentiellement] contradictoires » ; autrement dit, il renvoie, à la fois, à une identité auctoriale précise et à une variété d’images dont cette identité peut être investie58.

19Concernant Marguerite de Navarre, nous avons examiné les modalités d’apparition du nom de l’auteur sur les pages de titre des six éditions originales précitées59 :

1. Le miroir de lame pecherresse. || ouquel[sic] elle recongnoist ses || faultes et pechez. aussi || les graces & benefi= || ces a elle faictz par || Jesuchrist || son || espoux. || ¶ La Marguerite tresnoble & precieu= || se/ sest preposee a ceulx qui de || bon cueur la cerchoient.

2. Dialogue en forme de vision || nocturne/ entre tresnoble & ex= || cellente princesse ma dame || Marguerite d' France/ || soeur vnique du || Roy nostre sire/ || par la grace || de dieu || Royne de || Nauarre/ duchesse || Dalencon & Berry/ Et || Lame saincte de defuncte ma= || dame Charlote de France/ fille aysnee || dudict sieur/ & niepce de ladite dame Royne. || ¶ Le miroir de lame pecheresse: auquel elle || recongnoiste ses faultes & pechez. aussy || les graces & benefices a elle faictz || par Jesus Christ son espoux. || Discord estant en lhomme par la con= || trariete d’ Lesperit & d’ la Chair: || & sa paix par vie spirituelle. || ¶ Vne oraison a nostre seigneur Iesus Christ.

3. La fable du faulx || CUYDER CONTENANT || L’histoire des Nymphes de Dyane, || transmuees en saulles faicte par vne no= || table dame de la court, enuoyée à ma= || dame Marguerite fille vnicque du || Roy de France.

4. MARGVERITES || DE LA MARGVERITE || DES PRINCESSES, || TRESILLVSTRE || ROYNE || DE || NAVARRE.

5. LE || MIROVER || de Iesus Christ || CRVCIFIE, || Composé par feu tresillustre Princesse, || Marguerite de Vallois, Royne || de Nauarre.

6. HISTOIRES || DES AMANS || FORTVNEZ.

20Sur ces pages de titre, le nom auctorial présente une forte instabilité formelle60. En effet, il apparaît sous une forme différente sur les quatre éditions qui le mentionnent. Ces formes ne correspondent pas aux formes actuelles, c’est-à-dire à la forme internationale de catalogage, « Marguerite d’Angoulême », ni à la forme courante, « Marguerite de Navarre ». Ces formes nominales peuvent être constituées de deux composants ou plus, à savoir : le prénom, le patronyme, les titres de noblesse, les attributs relatifs à ces titres statutaires. Ces composants sont également variables – l’ensemble n’apparait pas d’une édition à l’autre – et mouvants – l’ordonnancement est aléatoire ; le seul composant fixe et constant est le prénom « Marguerite ».

21On remarque que cette présence récurrente du prénom « Marguerite » est significative. Elle donne lieu à des procédés analogiques qui se fondent sur son sens étymologique, On observe, sur la page de titre du premier Miroir, un jeu analogique basé sur l’étymon du mot « marguerite »61 : de fait, l’adjectif « précieuse », qui qualifie l’auteur, renvoie à la valeur de la perle. De plus, cette préciosité semble renforcée par un caractère sélectif que pourrait traduire l’expression « La Marguerite tres noble et precieuse s’est preposee à ceulx qui de bon cueur la cerchoient » en renvoyant à la locution « Ne jetez pas vos marguerites aux pourceaux »62. Un procédé analogique similaire apparaît sur la page de titre des Marguerites63, où l’énoncé titulaire peut se traduire par les « perles » de la « perle des Valois »64.

22Cette connotation de la valeur de l’auteur et de sa production s’effectue aussi par le bais des composants instables et mouvants, c’est-à-dire les titres de noblesse et les attributs laudatifs, qui participent d’une sorte de rhétorique de l’éloge65 à travers laquelle est exhibée la position sociale de l’auteur. Notons, en effet, que le statut social de l’auteur peut encore être suggéré lorsque son nom n’est pas mentionné : c’est le cas notamment sur la page de titre de la Fable du faux cuyder, où le rang de Marguerite de Navarre est évoqué par le syntagme nominal « une notable Dame de la Cour », l’adjectif « notable » soulignant à la fois l’éminence, l’autorité et la notoriété de ladite « Dame de la Cour ».
Conclusion

23Lit-on l’œuvre d’une reine tout à fait comme une œuvre quelconque ? Là est sans doute le pari qu’on pu faire les premiers éditeurs de Marguerite de Navarre.

24Les pages de titres analysées montrent une valorisation de l’image de la princesse, ce qui nous laisse raisonnablement penser que le statut social de Marguerite de Navarre est à la fois un argument de vente et une donnée indispensable pour comprendre la construction et la réception de son image d’auteur dès le XVIe siècle.

25(University of British Columbia – Université Catholique de Louvain)
bibliographie

Textes

Madeleine et Catherine Des Roches, Les Œuvres, éd. Anne L. Larsen, Genève, Droz 1993.

Marie de Gournay, Advis, ou, Les Présens de la Demoiselle de Gournay, éd. Jean-Philippe Beaulieu et Hannah Fournier, Amsterdam-New York, Rodopi, 2002.

Marguerite de Navarre, Le Miroir de l’âme pécheresse, Alençon, Simon Du Bois, 1531.

-, Dialogue en forme de vision nocturne, Alençon, Simon du Bois, 1533.

-, Marguerites de la Marguerites des princesses, tresillustre royne de Navarre, Lyon, Jean de Tournes, 1547.

-, Fable du faux cuyder, Paris, Adam Saulnier, 1543.

-, Miroir de Jésus Chris crucifié, Toulouse, Guyon Boudeville, 1552.

-, Histoires des Amans Fortunez, Paris, Gilles Gilles, 1558.

Montaigne, Essais, éd. Villey-Saulnier, Paris, PUF, 1978.

Études

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notes

1 Nous renvoyons aux articles, désormais célèbres, qui donnèrent le coup d’envoi à ce débat : R. Barthes, « La Mort de l’auteur », et M. Foucault, « Qu’est ce qu’un auteur ? ».

2 Cette approche renouvelée de l’auteur est illustrée dans de nombreux travaux récents. Nous retenons ici ceux de J. Meizoz, Postures littéraires Iet Postures littéraires II,de R. Amossy, « La Double Nature de l’image de l’auteur », de M.-P. Luneau et J. Vincent (dirs), La Fabrication de l’auteur, et de D. Martens et M. Watthee-Delmotte (dirs), L’Écrivain, un objet culturel.

3 Voir le site de la Society for the History of Authorship, Reading and Publishing : http://www.sharpweb.org.

4 Voir notamment A. Réach-Ngô, « Instances et stratégies éditoriales à la Renaissance : de la fabrique du livre à la fabrique de l’auteur », p. 333-362.

5 Au sujet des transformations suscitées par l’imprimerie, voir L. Febvre et H.-J. Martin, L’Apparition du livre, et R. Chartier et H.-J. Martin, Histoire de l’édition française. I : Le livre conquérant. Du Moyen Âge au milieu du xviie siècle.

6 Voir M. Furno (dir.), Qui écrit ? Figures de l’auteur et des co-élaborateurs du texte. XVe-XVIIIe siècle.

7 Pour une définition du péritexte, voir l’ouvrage pionnier de G. Genette, Seuils, Paris, Seuil, 1987, p. 20-36.

8 Voir M. Clément et J. Incardona (dirs), L’Émergence littéraire des femmes à Lyon (1520-1560).

9 Voir, parmi d’autres, N. Frelick, « Attribuer un sexe à Jeanne Flore ? », p. 239-250.

10 Voir M. Huchon, Louise Labé. Une créature de papier.

11 Il s’agit là de la critique majeure formulée contre de l’ouvrage de Mireille Huchon de la part notamment de Daniel Martin, « Louise Labé est-elle ‘une créature de papier’ ? », p. 7-37, ou Éliane Viennot, « Louise Labé en papier, un canular mal venu ».

12 Dans Postures littéraires I, J. Meizoz définit l’auteur précisément comme « une création collective, fruit des lecteurs, des pairs et des critiques. » (p. 10) et, encore, comme « [c]réation collective des lecteurs, des médias et de la critique savante » (p. 187).

13 La zone du péritexte qui relève principalement de la responsabilité de l’éditeur. Voir G. Genette, op. cit.

14 Cet article est issu de notre projet de recherche doctorale, en cours, sur la réception éditoriale de Marguerite de Navarre au XVIe siècle.

15 Au sens où l’entend R. Amossy dans « La Double Nature de l’image d’auteur ».

16 Marguerite d’Angoulême, duchesse d’Alençon et de Berry, reine de Navarre, communément nommée Marguerite de Navarre et, plus rarement, Marguerite de Valois. Elle est considérée, de nos jours, comme un auteur majeur de la littérature française prémoderne, et, de manière plus générale, comme un agent intellectuel, culturel et politique significatif de la Renaissance. Plusieurs études biographiques lui ont été consacrées ; nous retiendrons, parmi d’autres, l’ouvrage de P. Jourda, Marguerite d’Angoulême, duchesse d’Alençon, reine de Navarre (1492-1549) : étude biographique et littéraire, ainsi que, plus récemment, l’étude de P.F. Cholakian et R.C. Cholakian, Marguerite de Navarre : Mother of the Renaissance.

17 Voir H.P. Clive, Marguerite de Navarre : An Annotated Bibliography.

18 On souligne fréquemment l’ironie dont Montaigne fait preuve vis-à-vis de l’Heptaméron, qu’il qualifie de « gentil livret pour son estoffe ». Voir Montaigne, « De la cruauté ». Les critiques ont aussi souvent rappelé la contestation violente de la faculté de théologie de la Sorbonne en 1533 en raison de la réédition du Miroir de l’âme pécheresse par Antoine Augereau. Si le livre ne fut censuré grâce à l’intervention du roi, l’auteure fut insultée et parodiée. Voir à ce sujet, F. Frank, « Marguerite d’Angoulême, reine de Navarre », et P. Jourda, Une Princesse de la Renaissance : Marguerite d’Angoulême, reine de Navarre.

19 Au sujet de la connotation péjorative du terme « femme de lettres » et, plus généralement, du terme « femme », voir l’étude de F.H. Baider, Hommes galants, femmes faciles : étude socio-sémantique et diachronique.

20 Responsable, avec Sylvie Lefèvre, de l’édition des Œuvres complètes de Marguerite de Navarre chez Honoré Champion dans la collection « Textes littéraires de la Renaissance ».

21 N. Cazauran, Marguerite de Navarre 1492-1992, p. 7.

22 Ibid., p. 9.

23 Consulter, parmi d’autres, les travaux de M. Audet, « Marguerite de Navarre épistolière et l’abolition de la subjectivité dans la lettre de confession » et « Marguerite de Navarre épistolière : autoreprésentation dans la correspondance » ; ainsi que l’article de Luc de Vaillancourt, « Mouvements réflexifs dans la poésie de Marguerite de Navarre ».

24 Il s’agit du topos de la modestie féminine, fréquemment décelable dans les prologues des femmes écrivains de la Renaissance. À ce sujet, voir Fr. Rigolot, « La Préface à la Renaissance : un discours sexué ? ».

25 Dans « Postures épistolaires et effets de dispositio dans la correspondance entre Marguerite d’Angoulême et Guillaume Briçonnet », J.-Ph. Beaulieu souligne, en effet, un « jeu de postures » de la part de Marguerite de Navarre.

26 Voir J.-L. Diaz, L’Écrivain imaginaire : scénographies auctoriales à l’époque romantique.

27 Voir, par exemple, le dizain De Madame la duchesse d’Alençon.

28 Marguerite de Navarre est ainsi surnommée dans le Second Enfer d’Estienne Dolet (Lyon, 1544) ; cité par P. Jourda, « Le Mécénat de Marguerite de Navarre »

29 Au sujet de l’implication éditoriale de Marguerite de Navarre, voir notamment S. Lefèvre, « L’Heptaméron entre éditions et manuscrits », p. 437-482. Dans cet article, S. Lefèvre souligne que le rôle de Marguerite de Navarre s’apparenterait davantage à celui de commanditaire, et l’établissement de ses textes aurait été confié à des proches.

30 J.-Ph. Beaulieu et D. Desrosiers-Bonin, « État présent : les études sur les femmes écrivains du XVIe siècle français », p. 371. Toutefois, il ne faut pas négliger les jalons posés dès le Haut Moyen Âge par des femmes écrivains issues de communautés religieuses, comme Hildegarde de Bingen (XIe s.) ou Marguerite Porete (XIIIe s.), ou du milieu curial, comme Marie de France (XIIe s.).

31 La figure de Christine de Pizan marque un tournant dans l’histoire de l’écriture féminine. Première femme écrivain de métier, sa production est abondante et significative, notamment en regard de l’histoire du concept d’auteur (statut et fonction), et plus spécifiquement en regard du statut de femme-auteure. L’origine de la Querelle des femmes (discours polémique qui, du Moyen Âge à la Révolution française, porte sur la question, épineuse, de l’égalité des hommes et des femmes) lui est attribuée pour la place qu’elle a tenu dans la « Querelle de la Rose », où elle prend position en tant que femme de lettres contre les propos misogynes tenus par Jean de Meun dans la seconde partie du Roman de la Rose. Au sujet du débat autour du Roman de la Rose, voir É. Hicks, « Situation du débat sur le Roman de la Rose », p. 51-67. Au sujet de la Querelle des Femmes, J. Kelly, « Early Feminist Theory and the Querelle des Femmes, 1400-1789 », p. 4-28.

32 Notamment en Italie, voir M. King, « Thwarded Ambitions : Six learned Women of the Italian Renaissance », p. 280-304 ; et en Grande Bretagne, voir J. Kelly, art. cit.

33 J.-Ph. Beaulieu et D. Desrosiers-Bonin, art. cit., p. 371.

34 M. Clément et J. Incardona (dirs), op. cit., p. 8. On passe des listes de femmes illustres, des discours sur les femmes, aux discours des femmes sur elles-mêmes et à la publication de ces discours. À ce propos, voir M. Clément, « Comment un nouveau champ littéraire est créé à Lyon : ‘en donnant lieu à la main féminine’ (1530-1555) », p. 15-28.

35 E. Viennot, « Ce que l’imprimerie changea pour les femmes », p. 14-21.

36 Pour le XVIe siècle devrait paraître bientôt la bibliographie de William Kemp chez Honoré Champion sous le titre Bibliographie des imprimés féminins jusqu’en 1610. La première partie est déjà disponible sous la forme d’un article paru dans Littératures (1998) sous le titre « Textes composés ou traduits par des femmes et imprimés en France avant 1550 ». Pour les siècles suivants, voir, parmi d’autres, D. Goodman, Becoming a Woman in the Age of Letters et I. Brouard-Arends, Lectrices d’Ancien Régime.

37 Parmi ces facteurs figurent la pensée humaniste et le mouvement réformateur. Voir l’introduction de M. Clément et J. Incardona, op. cit.

38 À propos de ce partage des compétences, voir notamment R. Chartier, « Culture écrite et littérature à l'âge moderne », p. 783-802.

39 Au sujet de la question de l’émulation féminine, voir notamment M. d’Ennetière (ou Dentières), « Epistre tres utile faicte et composée par une femme chrestienne de Tornay, envoyée à la Royne de Navarre seur du Roy de France ».

40 Voir M. Clément, art. cit. En effet, le premier Miroir de Marguerite de Navarre est publié la première fois en 1531, suivi des Comptes amoureux de Jeanne Flore en 1532. Les Angoisses douloureuses de dame Hélisenne de Crenne paraîtront en 1538, les Rymes de Pernette du Guillet en 1545 et les Euvres de Louise Labé en 1555.

41 H.P. Clive, op. cit., et P. Jourda, « Tableau chronologique des publications de Marguerite de Navarre ».

42 Ces questions seront traitées dans le cadre d’une prochaine contribution.

43 Au sens où l’entend P. Bourdieu dans Les Règles de l’art : genèse et structure du champ littéraire.

44 À ce sujet, voir notamment K. Wilson-Chevalier (dir.), Patronnes et mécènes en France à la Renaissance.

45 Peuvent être citées, en guise d’exemples, Anne de Bretagne, Louise de Savoie, pour la fin du XVe siècle et le début du XVIe siècle et, plus tardivement, Jeanne d’Albret, Marguerite de Valois.

46 Grâce à la libéralité de Louise de Savoie, Marguerite de Navarre bénéficie, au même titre que son frère cadet, d’une éducation poussée, notamment dans le domaine des langues anciennes et des lettres. Voir à ce propos, P. Jourda, Marguerite d’Angoulême, op. cit.

47 Certains désignent ce discours éditorial pluri-sémiotique sous le terme d’énonciation éditoriale (voir E. Souchier (dir.), L’Énonciation éditoriale en question), d’autres sous celui d’écriture éditoriale (voir A. Réach-Ngô, L’Écriture éditoriale à la Renaissance).

48 G. Genette, op. cit., p. 20.

49 De ce fait, les exemplaires examinés montrent des compositions qui peuvent varier fortement, notamment en raison de l’évolution de la réglementation liée au traçage du livre imprimé.

50 Fr. Roudaut, Le Livre au XVIe siècle, p. 50.

51 Voir J.-Fr. Gilmont et A. Vanautgaerden (dirs), La Page de titre à la Renaissance.

52 Fr. Roudaut, op. cit., p. 28.

53 A. Armstrong, Technique and Technology, p. 8-9.

54 G. Mauger, « Roger Chartier et l’histoire de la lecture », p. 97.

55 G. Genette, op. cit., p. 13.

56 Ibid., p. 8-11.

57 I. Østenstad, « Quelle importance a le nom de l’auteur ? », URL : http://aad.revues.org/665.

58 Ibid.

59 Des exemplaires des six éditions originales sont consultables sur Gallica : http://gallica.bnf.fr. Notons ici que ces pages de titre présentent des caractéristiques topographiques et typographiques représentatives du livre imprimé au XVIe siècle : la zone de l’auteur et la zone du titre se confondent dans une structure triangulaire qui va en se resserrant, le titre et le nom d’auteur présentent la même police typographique, dont la taille et le corps peuvent toutefois changer, ce qui peut être observé tant sur la page de titre du premier Miroir (1531) que sur celle du second Miroir (1552).

60 Sur les pages de titre d’œuvres modernes et contemporaines, le nom d’auteur apparaît sous une forme qui fait montre d’une plus grande stabilité (dans le temps, dans l’espace et à travers les supports) et qui comporte un nombre réduit de composantes (une ou deux).

61 DMF. « Marguerite », subst. fém. Du latin margarita, qui signifie à la fois « perle » et « fleur ».

62 DMF. Par référence à Matth. VII, 6.On trouve également la variante « Ne jetez pas vos perles aux pourceaux ». Une exploitation similaire de la locution peut être observée dans le Songe du Vergier (éd. M. Schnerb-Lièvre, t. ii, Paris, Éditions du CNRS, 1982) : « Lez margarites ne devent mie estre semees devant lez porceaux, et doit estre chascun precheur sage de considerer ceulx devant qui il palle. »

63 Le même procédé est repris tel quel sur la page de titre du second volume du recueil. L’énoncé titulaire de cette seconde page de titre se distingue de celui de la première page de titre uniquement par l’ajout du mot « Suyte » au-dessus de la zone du titre.

64 Le titre anglais du florilège est d’ailleurs Pearls from the Pearl of Princesses. Voir, à propos du recueil, P.F. Cholakian et R.C. Cholakian, Marguerite de Navarre : Mother of the Renaissance.

65 Notons d’emblée que ces modes de valorisation de la figure féminine n’ont rien d’original. Nous les trouvons déjà chez les Grands Rhétoriqueurs dans un souci de valorisation de la femme au pouvoir. Voir à ce sujet, T. Van Hemelryck, « La Femme et la paix. Un motif pacifique de la littérature française médiévale », p. 243-270 ; et Fr. Cornilliat, « Or ne mens. » Couleurs de l’éloge et du blâme chez les Grands Rhétoriqueurs.
plan

Introduction
Marguerite, reine et écrivain, et inversement
Publier une reine-écrivain au XVIe siècle : la portée d’une genèse éditoriale
Page de titre et nom d’auteur : présence, forme et valeur
Conclusion

pour citer cet article

Margherita Romengo, « Lit-on jamais l’œuvre d’une reine tout à fait comme une œuvre quelconque ? », Fabula / Les colloques, Posture d'auteurs: du Moyen Âge à la modernité, URL : http://www.fabula.org/colloques/document2406.php, page consultée le 20 septembre 2016.
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Catherine est, en effet, un parti utile pour François Ier dans le contexte des Guerres d'Italie. Néanmoins, seules les filles d'empereurs ou de rois étant considérées comme dignes de devenir reine de France, on préfère attendre un meilleur parti pour le dauphin François III de Bretagne et plutôt marier Catherine, d'origine roturière que son physique disgracieux est censé rappeler6, au jeune frère du dauphin, Henri, non destiné à régner.

La légende noire de Catherine de Médicis
Catherine de Médicis, Chaumont copie d'un original se trouvant à la Galerie des Offices.
Historiographie

La personnalité de Catherine de Médicis est difficile à saisir parce qu'une légende noire est depuis toujours associée à son image. D'un tempérament optimiste et d'une grandeur d'âme particulièrement clairvoyante, Catherine de Médicis est devenue dans la mémoire collective l'incarnation de la noirceur, du machiavélisme et du despotisme.

Cette désinformation historique est restée longtemps intacte du fait que les historiens ont eux-mêmes véhiculé cette image sans souci d'objectivité. Il a fallu attendre la seconde moitié du XXe siècle pour que l'historiographie traditionnelle de la reine soit alors remise en question, en particulier grâce à des historiens contemporains comme Garisson31, Bourgeon32, Jouanna33, Crouzet34, Sutherland et Knecht.

Dès l'époque des guerres de Religion, les catholiques et les protestants ont raillé la politique de tolérance de la reine-mère. Un véritable travail de propagande dressé contre les Valois a véhiculé une image très erronée de la reine. La mort du dernier des Valois en 1589 n'a pas permis sa réhabilitation. Au XVIIe siècle, on oublie que le travail accompli par Henri IV puis par Richelieu n'est que la continuité de la politique de Catherine de Médicis. Au XVIIIe siècle, les philosophes critiquent la monarchie absolue et la sage politique de la reine n'est désormais perçue que comme un despotisme oppressant et arbitraire. Sous la Révolution, le temps est à la dénonciation des rois et les révolutionnaires comme Marat reprennent les légendes parfois sordides qui couraient à son sujet pour vilipender la monarchie. C'est la Révolution française qui donne à la légende noire de Catherine de Médicis son aspect définitif. Au XIXe siècle, l'école républicaine et la tradition populaire pérennisent cette légende désormais rendue populaire par les romans historiques comme La Reine Margot de l'écrivain Dumas. En revanche, Balzac, dans son introduction à Sur Catherine de Médicis, la décrit comme « une femme extraordinaire », qui « a sauvé la couronne de France » en déployant « les plus rares qualités, les plus précieux dons de l'homme d'État »35.
La légende

La légende noire de Catherine de Médicis entretenue jusqu'au milieu du XXe siècle fait d'elle une femme dominatrice qui cherche à accaparer le pouvoir, une adepte du machiavélisme qui n'hésite pas à utiliser les moyens les plus extrêmes, une Italienne qui laisse des étrangers (Gondi, Birague...) gouverner la France et enfin une femme acariâtre, dévorée de jalousie.

Quand Catherine devient régente de France, elle gouverne pour ses enfants qui sont trop jeunes pour régner par eux-mêmes. Face aux différents partis religieux et politiques qui tentent d'accaparer le pouvoir en faisant pression sur elle, Catherine essaye de rester ferme pour éviter l'effondrement du pouvoir royal. C'est de là qu'est née la légende d'une reine arriviste et despotique. En tant que reine mère, elle souhaite préserver l'héritage royal de ses enfants. Les catholiques lui reprochaient d'accorder trop de liberté aux protestants, les protestants de ne pas en accorder assez. Prise entre ces deux partis antagonistes, Catherine de Médicis a tenté tant bien que mal de maintenir sa politique d'union nationale autour du trône.
Le massacre de la Saint-Barthélemy (détail), François Dubois, après 1576 ?, Musée cantonal des Beaux-Arts, Lausanne
Un matin devant la porte du Louvre, Édouard Debat-Ponsan, 1880, Mairie de Clermont-Ferrand

Les allégations selon lesquelles elle aurait fait empoisonner la reine de Navarre Jeanne d'Albret puis, involontairement, son fils Charles IX, sont l'œuvre de deux romanciers (Michel Zévaco pour la première et Alexandre Dumas pour la seconde) et ne reposent sur aucun élément tangible. Les romanciers et le cinéma sont en grande partie responsables de cette légende noire de la reine mère. Dans La Princesse de Clèves, film tourné en 1961, Catherine de Médicis utilise des nains espions et fait tomber ses ennemis dans des trappes qui donnent sur des profondes oubliettes. L'iconographie la représente parfois devant les cadavres des huguenots massacrés dans la cour du Louvre.

Les adversaires de Catherine lui reprochaient de louvoyer entre les partis et même de créer la discorde pour mieux régner. En réalité, Catherine de Médicis se méfiait de tous les partis et elle passa sa vie à tous les rabaisser pour n'en mettre en valeur qu'un seul, celui du roi. C'est la décrépitude du pouvoir royal et la faiblesse de ses moyens qui obligeaient Catherine de Médicis à s'appuyer sur tel ou tel parti.
Au château de Blois, on a longtemps cru que Catherine cachait des poisons derrière des armoires secrètes de son cabinet de travail.
Tombe de Henri II et de Catherine de Médicis à la Basilique Saint-Denis, France

Catherine était considérée comme une étrangère par beaucoup. Il est vrai qu'elle avait un accent italien assez marqué. Quand elle est arrivée en France pour épouser le duc d'Orléans, elle savait à peine parler le français. Mais la reine s'est toujours considérée comme française. Elle a effectivement introduit à la cour et au pouvoir certains de ses familiers d'origine italienne comme les Gondi et les Birague. Mais la plupart avaient grandi en France et possédaient une culture et une intelligence raffinées, et ils surent le plus souvent se mettre au service de leur pays d'adoption.

Les écrivains ont tendance à réduire le personnage de Catherine à sa haine pour Diane de Poitiers, maîtresse âgée de son mari. Il est vrai que Catherine n'avait guère de sympathie pour celle qu'elle appelait la putain du roi.
Descendance
Monogrammes d'Henri II de France (à gauche) et de Catherine de Médicis sur une cheminée du Château de Chenonceau
Portrait imaginaire du XIXe siècle de Catherine de Médicis au Château de Chenonceau

Catherine de Médicis, (1519 † 1589)
X 1533 Henri II (1519 † 1559), roi de France de 1547 à 1559

├─> François II (1544 † 1560), roi de France de 1559 à 1560
│ X 1558 Marie Stuart, Reine d'Écosse

├─> Élisabeth de France(1546 † 1568), reine d'Espagne
│ X 1559 Philippe II d'Espagne
│ │
│ ├─> Isabelle-Claire-Eugénie, gouverneur des Pays-Bas espagnols
│ └─> Catherine Michelle, duchesse de Savoie

├─> Claude de France (1547 † 1575), duchesse de Lorraine et de Bar
│ X 1559 Charles III de Lorraine
│ │
│ ├─> Henri II (1563 † 1624), duc de Lorraine et de Bar
│ ├─> Christine (1565 † 1637), grande-duchesse de Toscane
│ ├─> Charles (1567 † 1607), cardinal de Lorraine
│ ├─> Antoinette (1568 † 1610), duchesse de Juliers et de Berg
│ ├─> Anne (1569 † 1676)
│ ├─> François II (1572 † 1632), duc de Lorraine et de Bar
│ ├─> Catherine (1573 † 1648), abbesse de Remiremont
│ ├─> Élisabeth (1575 † 1636), duchesse puis électrice de Bavière
│ └─> Claude (1575 † 1576)

├─> Louis (1549 † 1550), duc d'Orléans

├─> Charles IX (1550 † 1574), roi de France de 1560 à 1574
│ X Élisabeth d'Autriche
│ │
│ └─> Marie-Élisabeth de France (1572 † 1578)

│ X Marie Touchet
│ │
│ └─> illégitime : Charles de Valois (1573 † 1650), duc d'Angoulême

├─> Henri III (1551 † 1589), roi de Pologne en 1574, roi de France de 1574 à 1589
│ X 1575 Louise de Lorraine

├─> Marguerite (1553 † 1615) Reine de Navarre et de France
│ X 1572 Henri III de Navarre, futur Henri IV, roi de France de 1589 à 1610

├─> François (1555 † 1584), duc d'Alençon puis d'Anjou

├─> Victoire de France (1556-1556)
└─> Jeanne de France (1556-1556) jumelles, l'accouchement fut difficile et faillit coûter la vie à la reine.

Ascendance
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Ascendance de Catherine de Médicis (1519-1589)

Catherine de Médicis au cinéma
Une scène d'Intolérance (1916) de David Wark Griffith : Catherine de Médicis sortant du Louvre pour inspecter les cadavres huguenots étendus dans la cour du Palais. Scène, probablement inspirée par un détail de la célèbre peinture de François Dubois, Le Massacre de la Saint-Barthélemy (apr. 1576). Une composition similaire a également été peinte par Édouard Debat-Ponsan : Un matin devant la porte du Louvre (1880).

Plusieurs actrices ont incarné le rôle de Catherine de Médicis, celle-ci ayant inspiré de nombreux réalisateurs.

Josephine Crowell incarne l'une des facettes paroxystiques de l'intolérance dans le célèbre film Intolérance (1916) de David Wark Griffith. La reine-mère assoiffée de sang, préparant minutieusement le massacre des huguenots, est le pendant historique français des prêtres babyloniens de Baal et des bourreaux du Christ.
Marguerite Moreno la représente sous les traits d'une femme autoritaire et revêche dans Les Perles de la couronne un film de Christian-Jaque (1937).
Françoise Rosay incarne une reine mère roublarde de comédie, dont les disputes vaudevillesques en italien avec ses enfants ponctuent la Reine Margot, film réalisé par Jean Dréville (1954).
Marisa Pavan dans Diane, film réalisé par David Miller (1956).
Lea Padovani, dans La Princesse de Clèves, de Jean Delannoy. (1961)
Alice Sapritch, dans la Reine Margot, téléfilm ou feuilleton télévisé (1961).
Isa Miranda, dans Hardi ! Pardaillan, film réalisé par Bernard Borderie (1964). D'après la série de cape et d'épée Les Pardaillan, romans populaires de Michel Zévaco.
Joan Young, dans The Massacre of St Bartholomew's Eve, série de quatre épisodes du feuilleton télévisé de science-fiction britannique Docteur Who, diffusée sur la BBC en février 1966.
Maria Meriko, dans La Dame de Monsoreau, feuilleton télévisé réalisé par Yannick Andréi, diffusé sur la deuxième chaîne de l'ORTF en décembre 1971. L'habile reine mère, déjà âgée en 1578 mais encore clairvoyante et bonne comédienne, est envoyée à Angers comme médiatrice entre Henri III et son frère rebelle François, duc d'Anjou.
Dominique Blanchar, dans le Chevalier de Pardaillan, feuilleton télévisé réalisé par Josée Dayan, diffusé sur Antenne 2 en janvier-avril 1988. D'après la série de cape et d'épée Les Pardaillan, romans populaires de Michel Zévaco. L'image d'Épinal de l'éternelle empoisonneuse et intrigante, affublée d'un accent italien caricatural.
Alice Sapritch, dans Catherine de Médicis : Le Tocsin de la révolution, téléfilm ou feuilleton télévisé réalisé par Yves-André Hubert, diffusé en 1989. D'après Catherine de Médicis ou la Reine noire, biographie très romancée par Jean Orieux.
Virna Lisi, dans la Reine Margot, film réalisé par Patrice Chéreau (1994). Méconnaissable dans son rôle de sinistre veuve noire, Virna Lisi reçut le Prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes 1994 ainsi que le César de la meilleure actrice dans un second rôle en 1995.
Marie-Christine Barrault, dans Saint-Germain ou la Négociation (2003), téléfilm réalisé par Gérard Corbiau d'après le roman de Francis Walder. Catherine de Médicis y perd son traditionnel accent italien cinématographique. Un sablier fatidique et une indication ambiguë à Henri de Mesmes, seigneur de Malassise, semblent indiquer que la reine mère envisage le massacre de la Saint-Barthélemy dès l'été 1570, lors des négociations menées pour conclure la paix « boiteuse et mal-assise ». Le roman de Francis Walder ne sous-entend rien de tel.
Megan Follows, dans Reign : Le Destin d'une reine (2013), série télévisée américaine créée par Laurie McCarthy et diffusée depuis le 17 octobre 2013 sur The CW et au Canada. La série est basée sur la vie de Marie Stuart qui arrive à 15 ans à la cour de France du roi Henri II. Follows incarne une Catherine de Médicis sévère et stratège, mais belle et manipulatrice ; réelle intrigante et future régente qui tente par tous les moyens de détruire ses ennemis et défendre ses êtres aimés, tout en se protégeant de la folie et des cauchemars de son propre passé.

Ouvrages

Luisa Capodieci (préf. Philippe Morel), Medicaea medaea : art, astres et pouvoir à la cour de Catherine de Médicis, Genève, Droz, coll. « Travaux d'Humanisme et Renaissance » (no 484), 2011, 727 p. (ISBN 978-2-600-01404-5, présentation en ligne).
Jacques Castelnau, Catherine de Médicis, Paris, Hachette, coll. « Le Rayon d'histoire », 1954, 224 p.
Ivan Cloulas, Catherine de Médicis, Paris, Fayard, 1992 (1re éd. 1979), 728 p. (ISBN 2-213-00738-1, présentation en ligne).
Ivan Cloulas, Catherine de Médicis : Le destin d'une reine, Paris, Tallandier, 2007 (ISBN 2847344187).
Denis Crouzet, Le Haut Cœur de Catherine de Médicis. Une raison politique aux temps de la Saint-Barthélemy, Paris, Albin Michel, 2005 (ISBN 2226158820).
Jérémie Foa et Nicolas Vidoni, Catherine de Médicis. Un destin plus grand que la prudence, coll. Ils ont fait la France, vol.13, Le Figaro - L'Express, mars 2012.
Leonie Frieda, Catherine de Medici, Londres Phoenix, 2005.
(it) Sabine Frommel et Gerhard Wolf (dir.), Il mecenatismo di Caterina de' Medici. Poesia, feste, musica, pittura, scultura, architettura, Venise, Marsilio, 2008 (524 pages).
Janine Garrisson, Catherine de Médicis : l'impossible harmonie, Paris, Payot, 2002 (165 pages) (ISBN 2-228-89657-Cool.
Matthieu Gellard, Une reine épistolaire. Lettres et pouvoirs au temps de Catherine de Médicis, Paris, Classiques Garnier, coll. « Bibliothèque d'histoire de la Renaissance », 2015 (736 pages).
Jean Héritier, Catherine de Médicis, Paris, Fayard, 1937.
(en) Robert Knecht, Catherine de' Medici, Londres et New York, Longman, 1998.
Traduction française : Robert Knecht, Catherine de Médicis. Pouvoir royal, Amour maternel, Bruxelles, Le Cri, 2003 (352 pages) (ISBN 2871063176).
Jean-Hippolyte Mariéjol, Catherine de Médicis, Hachette, Paris, Tallandier, 2005 (1920) (646 pages) (ISBN 2-84734-226-5).
Jean-François Solnon, Catherine de Médicis, Paris, Perrin, 2003 (ISBN 2262018340).
(en) Nicola Mary Sutherland, The French Secretaries of State in the Age of Catherine de Medici, Londres, Athlone Press, 1962.
(en) Nicola Mary Sutherland, Catherine de' Medici and the Ancien Régime, Londres, Historical Association, 1966. Réédition dans Princes, Politics and Religion, 1547-1589, Londres, The Hambledon Press, 1984, p. 31-54.
(en) Natalie R. Tomas, The Medici Women: Gender and Power in Renaissance Florence, Aldershot, Ashgate, 2003.
Thierry Wanegffelen, Catherine de Médicis : le pouvoir au féminin, Paris, Payot, 2005 (444 pages) (ISBN 2-228-90018-4).
Kathleen Wilson-Chevalier (dir.), Patronnes et mécènes en France à la Renaissance, Saint-Étienne, Publications de l'Université de Saint-Étienne, 2007.
Alexandra Zvereva, Portraits dessinés de la cour des Valois. Les Clouet de Catherine de Médicis, Paris, Arthena, 2010 (456 pages).

Articles

Édouard de Barthélemy, « Catherine de Médicis, le duc de Guise et le traité de Nemours, d'après des documents inédits », Revue des questions historiques, t. XXVII,‎ janvier 1880, p. 465-495 (lire en ligne).
Hector de la Ferrière, « Catherine de Médicis et les Politiques », Revue des questions historiques, t. XII,‎ juillet 1894, p. 404-439 (lire en ligne).
Matthieu Gellard, « Une reine de France peut-elle avoir des amies ? La correspondance féminine de Catherine de Médicis », dans Amitié. Un lien politique et social en Allemagne et en France (XIIe-XXe siècle), Bertrand Haan, Christian Kühner (éd.), (discussions Cool, En ligne sur perpsectivia.net
(en) Margriet Hoogvliet, « Princely Culture and Catherine de Médicis », dans Martin Gosman, Alasdair A. MacDonald et Arie Johan Vanderjagt (dir.), Princes and Princely Culture, 1450–1650, Leiden et Boston, Brill Academic, 2003.
Robert Jean Knecht, « Catherine de Médicis : les années mystérieuses », dans Éric Bousmar, Jonathan Dumont, Alain Marchandisse et Bertrand Schnerb (dir.), Femmes de pouvoir, femmes politiques durant les derniers siècles du Moyen Âge et au cours de la première Renaissance, Bruxelles, De Boeck, coll. « Bibliothèque du Moyen Âge », 2012, 656 p. (ISBN 978-2-8041-6553-6), p. 31-46.
Isabelle Poutrin et Marie-Karine Schaub, « Pour une histoire des princesses européennes à l'époque moderne », dans Isabelle Poutrin et Marie-Karine Schaub (dir.), Femmes et pouvoir politique. Les princesses d'Europe, XVe-XVIIIe siècle, Paris, Bréal, 2007, p. 7-50.
(en) Nicola Mary Sutherland, « Catherine de Medici: The Legend of the Wicked Italian Queen », The Sixteenth Century Journal, Vol. 9, No. 2 (juillet 1978), p. 45-56 JSTOR:2539662 DOI:10.2307/2539662
repris dans Princes, Politics and Religion, 1547-1589, Londres, The Hambledon Press, 1984. (p. 237-248)
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10 novembre 1555
Le rêve avorté d'une France antarctique

Le 10 novembre 1555, l'amiral français Nicolas Durant de Villegagnon (ou Villegaignon) relâche dans la baie de Guanabara, au Brésil. Il amène avec lui 600 colons.
Utopie tropicale

Gravure de fantaisie représentant les Français à GuanabaraVillegagnon s'est battu en Méditerranée contre les Barbaresques et les Turcs. Chevalier de Malte, il est fait vice-amiral de Bretagne et se convertit au protestantisme.

À 45 ans, il reçoit de l'amiral Gaspard de Coligny, qui a des sympathies pour la cause protestante, la mission de créer une colonie en Amérique du sud. Le roi de France Henri II met une flotte de trois navires à sa disposition.

L'amiral, assisté de son neveu Legendre de Boissy, construit sur une île de la magnifique baie de Guanabara un établissement baptisé Fort-Coligny. Il projette aussi sur la terre ferme une cité, Henryville, appelé à devenir la capitale d'une « France antarctique ».

À la différence des Portugais qui occupent d'autres parties de la côte, Villegagnon fait tout son possible pour établir des relations fraternelles avec les Indiens dans une communauté binationale. Mais son caractère rude et intransigeant lui vaut bien des déconvenues. Une partie de ses hommes se révolte et s'enfuit dans la forêt auprès des Indiens.

L'amiral demande des renforts à Jean Calvin, alors maître tout-puissant de Genève. Mais avant qu'ils n'arrivent, Villegagnon revient à la foi catholique. Il ne manque pas de se disputer avec les nouveaux-venus, d'un sectarisme calviniste à toute épreuve et en vient à les faire périr, s'en justifiant dans une lettre à Calvin.

Après ce drame, en 1559, Villegagnon abandonne Fort-Coligny et rentre en France où il prendra part aux guerres de religion, cependant que les calvinistes tentent d'implanter une nouvelle colonie sur la terre ferme. C'en est fini de l'utopie tropicale...

Les Portugais, qui ont fondé dans la même baie la future capitale du Brésil colonial, Rio de Janeiro, détruisent le 20 janvier 1567 ce qui reste des établissements français. Leur chef, le capitaine portugais Estácio de Sá, perd la vie au cours de la bataille.

Scène de pêche dans les Indes occidentales, Livre des voyages, Thomas Hariot (1585)

Bien oubliée en France, l'expédition de Villegagnon a néanmoins permis aux Européens de découvrir le tabac (faut-il s'en réjouir?). Elle a aussi permis à Montaigne, de façon indirecte, de nous apporter sa réflexion sur le cannibalisme : « Chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage » (Essais, Des Cannibales).

C'est en effet par l'intermédiaire de son secrétaire, qui participa à l'expédition, que notre penseur bordelais aurait connu ces moeurs amérindiennes. Elles ont été par ailleurs décrites dans un ouvrage publié par un autre compagnon de Villegagnon, Jean de Léri, en 1573, en pleines guerres de religion.

L'expédition a aussi inspiré un passionnant roman à Jean-Christophe Rufin, Rouge Brésil (Gallimard, Prix Goncourt 2001).
Marie Desclaux
Miraculeux tabac

André Thevet (1516, Angoulême ; 23 novembre 1590, Paris)L'expédition de Villegagnon a laissé des traces durables dans l'Histoire des moeurs. L'un de ses membres, le moine et géographe André Thévet, est en effet rentré au pays avec, dans ses bagages, une herbe inconnue aux vertus euphorisantes. Dasn son récit de voyage, Les singularités de la France antarctique, autrement nommée Amérique, il la nomme « Herbe angoumoisine » en l'honneur de sa ville natale, Angoulême, mais c'est sous son nom indien qu'elle va accéder à la notoriété : le tabac !

Quelques années plus tard, l'aventureux moine a l'amertume de voir un quidam, Jean Nicot, lui ravir le mérite de la découverte. Envoyé par le roi François II en ambassade à Lisbonne, Jean Nicot fait parvenir à la cour un baril de poudre de tabac à priser. La reine-mère Catherine de Médicis et quelques autres dames de la cour s'en servent pour soigner leurs migraines. Du coup, l'herbe se voit attribuer des vertus médicinales et reçoit l'appellation savante de Nicotiana tabacum en l'honneur de son promoteur, cependant que son principe actif est appelé nicotine...

Pauvre Thévet, injustement oublié ! Notons que Jean Nicot, qui était par ailleurs un érudit lexicographe, s'est fait surtout connaître de son temps par la publication du Thrésor de la Langue françoyse, tant ancienne que moderne (1573).
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27 janvier 1556
Couronnement du souverain moghol Akbar

Le 27 janvier 1556, le jeune Akbar (13 ans) succède à son père Humayun et à son grand-père Babour à la tête d'un petit royaume musulman du Pendjab, au nord de l'Inde. Il bénéficie dans les premières années de son règne des conseils de son précepteur, le chef turcoman Bairam khan, mais dès l'âge de 19 ans, il entreprend de gouverner seul.

Ce lointain descendant du conquérant turc Tamerlan va se tailler en quelques années un empire dans l'Inde du nord, du Gujerat au Bengale, à l'origine de la dynastie des Moghols.
Marie Desclaux
Fatehpur Sikri, capitale de l'empire moghol sous le règne d'Akbar, de 1571 à 1584 (photo : Gérard Grégor, pour Herodote.net)
Naissance d'un empire

L'année même de son couronnement, au prix de quelques batailles, Akbar met fin à l'anarchie qui règne dans le royaume fondé par son illustre grand-père, Babour chah. Sur le célèbre champ de bataille de Panipat, près de Delhi, en novembre 1556, il a raison d'un usurpateur, Hémou.

Puis, le prince s'attaque aux royaumes rajpoutes, champions de l'hindouisme, réfugiés dans d'imprenables citadelles médiévales. Lui-même épouse en 1562 une princesse rajpoute en vue de sceller la réconciliation entre musulmans et hindous.

Le Fort Rouge d'Agra, au-dessus du fleuve Yamuna, a été érigé en 1565 par AkbarEn 1568, après un long siège, les défenseurs de la citadelle rajpoute de Chitor se suicident. Malgré cet échec, les Rajpoutes persistent à s'opposer à Akbar.

Sans cesser de les combattre, au prix souvent de grands massacres, Akbar instaure la tolérance dans son empire. Il gouverne volontiers avec les hindous et développe avec leur concours une administration efficace, supprimant notamment l'impôt qui pèse sur les non musulmans. Il accorde des privilèges commerciaux aux Portugais, dont les caravelles abordent les ports de la côte malabare.

Son ouverture d'esprit l'amène à fonder en 1582 une nouvelle religion qui réunit ce qu'il croit être le meilleur des vieilles croyances. Lui-même s'institue chef de cette « Foi divine » mais se garde de l'imposer à ses sujets (elle ne lui survivra pas).

À la même époque, l'Europe occidentale se déchire dans les guerres de religion entre catholiques et protestants !...

En 1565, dans une courbe du fleuve Yamuna, au milieu de sa capitale Agra, Akbar érige le Fort Rouge, qui doit son nom au grés de ses murailles. Ce somptueux palais sera agrandi et embelli par son fils Shah Jahan, lequel y finira sa vie, emprisonné par son propre fils et successeur Aurangzeb...
L'Inde au temps des premiers empereurs moghols

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L'Inde des empereurs moghols (cartographie AFDEC) Cette carte montre la péninsule indienne (les Indes comme on disait autrefois) au temps des premiers empereurs moghols (du milieu du XVIe siècle à la fin du siècle suivant). Ce fut l'une des très rares périodes où la péninsule se trouva presque complètement unie.
Nuages sur l'empire

À sa mort, le 16 octobre 1605 dans sa capitale d'Agra, Akbar laisse l'empire le plus puissant qu'ait jamais connu la péninsule indienne.

Son fils et successeur, Jahangir, diffuse la culture persane en Inde par l'intermédiaire de sa femme, la princesse persane Nour Jahan. Il poursuit la politique tolérante de son père mais y met moins d'énergie et à l'approche de sa fin, doit combattre la rébellion de son fils et héritier, Chah Jahan.
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MessageSujet: Re: Y'becca, La Vie et L'Histoire du Protestantisme   Y'becca, La Vie et L'Histoire du Protestantisme - Page 2 EmptyMar 20 Sep à 9:59

MARIE I Tudor puis Elizabeth 1ère Tudor (1533 - 1603)

Marie Ire, également connue sous le nom de Marie Tudor, née le 18 février 1516 et morte le 17 novembre 1558, fut reine d'Angleterre et d'Irlande de 1554 à sa mort et reine consort d'Espagne, de Sicile et de Naples, duchesse consort de Bourgogne, de Milan, de Brabant, de Luxembourg et de Limbourg, comtesse consort de Flandre et comtesse palatine de Bourgogne.

Issue du mariage malheureux du roi Henri VIII d'Angleterre et de Catherine d'Aragon, Marie fut écartée de la succession au trône, en 1534, par la 1re loi de succession au trône (en), après le remariage de son père avec Anne Boleyn. Elle ne redevint héritière potentielle, après son demi-frère Édouard mais avant sa demi-sœur Élisabeth, qu'en 1543, avec la 3e loi de succession au trône (en).

Comme Marie était catholique, Édouard VI, devenu roi en 1547, tenta de l'évincer de sa succession et, à sa mort en 1553, sa cousine Jeanne Grey fut proclamée reine. Marie rassembla une armée en Est-Anglie et déposa Jeanne qui fut décapitée. Elle épousa Philippe II d'Espagne en 1554 et devint ainsi reine consort d'Espagne lorsqu'il devint roi en 1556.

Le règne de Marie Ire fut marqué par ses tentatives visant à restaurer le catholicisme après les règnes protestants de son demi-frère et de son père. Plus de 280 réformateurs et dissidents furent brûlés vifs lors des persécutions mariales et cette brutale répression lui valut le surnom de Bloody Mary (« Marie la Sanglante »). Ce retour au catholicisme fut annulé après sa mort en 1558 par sa demi-sœur cadette Élisabeth Ire.

Elizabeth 1ère (1533 - 1603)
Le plus grand souverain anglais est une femme

Le 17 novembre 1558, monte sur le trône d'Angleterre Elizabeth 1ère. La nouvelle reine, âgée de 25 ans, est la fille du roi Henri VIII Tudor et de sa jeune maîtresse Anne Boleyn.

Celle-ci a été décapitée 3 ans après que le roi ait divorcé de sa première femme et rompu avec l'Église catholique pour pouvoir l'épouser !...
Richard Fremder raconte Elizabeth 1ère...

Inspiré par la série-culte de la télévision, Les Tudors, Richard Fremder a choisi de nous raconter ici la fin des Tudors et le règne sans pareille du plus grand souverain anglais, la reine Elizabeth 1ère :
Un règne digne d'une tragédie de Shakespeare

Malgré ce précédent familial, Elizabeth 1ère va s'affirmer comme le plus grand souverain qu'ait eu l'Angleterre depuis Guillaume le Conquérant. Elle installe prudemment le rite anglican qui fait du souverain le chef exclusif de l'Église d'Angleterre. Cela lui vaut d'être excommuniée par le pape et l'oblige à changer tous les évêques.

Obligée de faire face à la conspiration des catholiques, elle emprisonne et fait décapiter leur chef de file, sa cousine Marie Stuart.
L'Angleterre reine des mers

Surtout, Elizabeth 1ère bâtit la puissance maritime et commerciale de son pays. Sous son règne, Londres surpasse ses rivales Amsterdam et Anvers par son dynamisme commercial.

Les marins anglais se lancent à la conquête des mers. Sir Francis Drake se lance en 1579 dans le deuxième tour du monde à la voile après celui de Magellan et del Cano.

Sir Walter Raleigh fonde ce qui deviendra la colonie (puis l'État) de Virginie, ainsi nommée en l'honneur de la «reine vierge» (Elisabeth, restée célibataire). C'est la première colonie anglaise en Amérique du Nord.

Ces deux marins participent un peu plus tard à la défaite de l'Invincible Armada du roi d'Espagne Philippe II en 1588.

Le siècle élizabéthain reste avant tout celui de William Shakespeare. Le dramaturge n'eut qu'à observer le spectacle de la cour pour trouver matière à farce et tragédie, fureur et bruit.

En prévision de sa mort, qui survient en 1603, Elizabeth 1ère désigne le roi d'Écosse Jacques VI pour lui succéder. Fils de Marie Stuart, il monte sur le trône anglais sous le nom de Jacques 1er Stuart.
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MessageSujet: Re: Y'becca, La Vie et L'Histoire du Protestantisme   Y'becca, La Vie et L'Histoire du Protestantisme - Page 2 EmptyMar 20 Sep à 10:00


10 juillet 1559
Mort tragique du roi Henri II

Le 10 juillet 1559, meurt Henri II, fils et successeur de François 1er. Ce roi de la Renaissance, amoureux des fêtes et des tournois, a été blessé à l'oeil le 30 juin précédent par un éclat de bois, en rompant des lances au cours de grandes festivités qui s'annonçaient des plus joyeuses.

Un traité et deux mariages

Le tournoi a été organisé à l'occasion de deux grands mariages, à savoir celui de Marguerite, la soeur du roi, avec le duc de Savoie Emmanuel-Philibert, et celui d'Élisabeth, fille aînée du roi, avec Philippe II, roi d'Espagne. Ce dernier ne s'est pas déplacé mais a délégué un cardinal pour un mariage par procuration.

Ces mariages font suite au traité contesté du Cateau-Cambrésis qui met fin aux guerres d'Italie sans grande contrepartie pour la France.

Henri II peut du moins éprouver la satisfaction d'avoir repris Calais aux Anglais et occupé les Trois-Évêchés de Metz, Toul et Verdun. Féru de romans de chevalerie, il veut magnifier le retour de la paix avec de grandes fêtes et un tournoi à l'ancienne.

Celui-ci est organisé dans la rue Saint-Antoine, la plus large de Paris, devant l'hôtel des Tournelles, résidence habituelle du roi.
Le tournoi des Tournelles

Au terme d'une journée torride, le tournoi touche à sa fin et les spectateurs commencent à se retirer quand Henri II se dispose à entrer à son tour en lice. Malgré quarante ans d'âge, il veut prouver sa vigueur à sa chère maîtresse Diane de Poitiers, dont il porte les couleurs (le noir et le blanc).

La reine Catherine de Médicis, superstitieuse, est torturée par de mauvais pressentiments. Elle fait demander au roi de ne pas jouter.

Après une première passe réussie, celui-ci lui fait dire qu'il s'accorde une dernière lance. Son adversaire est un jeune homme, le comte Gabriel de Montgomery, qui n'en mène pas large. Et l'accident se produit. Au premier choc, Henri II tombe à terre. La visière ne l'a pas protégé. Dans son oeil gauche est resté fiché un morceau de la lance adverse.

Les meilleurs chirurgiens sont requis pour soigner le souverain. Parmi eux l'illustre Ambroise Paré et le chirurgien attitré du roi d'Espagne, André Vésale.
Avenir trouble

En mourant à 40 ans, le roi laisse quatre jeunes fils qui lui succèderont à tour de rôle sauf le plus jeune, mort prématurément, et une veuve, Catherine de Médicis, qui règnera comme régente, sans compter une maîtresse toujours aimée, la belle Diane de Poitiers, alors âgée de... 60 ans.

Il laisse aussi une situation incertaine du fait de tensions au sein de la noblesse entre catholiques et protestants. Ces tensions vont déboucher trois ans plus tard sur les tragiques guerres de religion.
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MessageSujet: Re: Y'becca, La Vie et L'Histoire du Protestantisme   Y'becca, La Vie et L'Histoire du Protestantisme - Page 2 EmptyMar 20 Sep à 10:01


17 mars 1560
La conjuration d'Amboise

Le 17 mars 1560, à Amboise, quelques centaines de gentilshommes tentent d'enlever le roi François II (16 ans) afin de le soustraire à l'influence des Guise.

C'est le début d'une rivalité meurtrière entre nobles protestants et catholiques, qui va déboucher sur trois décennies de guerres religieuses entrecoupées de trêves.
Marie Desclaux
Guise contre Condé

Le roi François II est monté sur le trône le 10 juillet 1559 à seulement 15 ans, suite à la mort tragique de son père, Henri II. C'est un garçon chétif qui a été marié quelques mois plus tôt à la reine d'Écosse Marie Stuart, du même âge que lui. La mère de la reine, Marie de Guise, n'est autre que la sœur de François II de Guise, le héros qui a rendu Calais à la France.

Les Guise, farouchement catholiques, profitent de leur alliance avec la dynastie pour asseoir leur influence à la cour et diriger le gouvernement. Cela n'a pas l'heur de plaire à Antoine de Bourbon, roi de Navarre (et père du futur Henri IV), et à son frère Louis 1er de Condé, des princes du sang très proches du trône mais tenus à l'écart du fait qu'ils sont réformés et disciples de Jean Calvin, comme d'ailleurs un tiers de la noblesse française !

Condé, qui aspire à s'emparer du pouvoir, organise la conjuration. Ses complices, sous le commandement de Georges Barré de La Renaudie, se concentrent dans les bois de Château-Renault, prêts à marcher sur la ville d'Amboise où réside la cour, de l'autre côté de la Loire. Mais un ami de La Renaudie, Pierre des Avenelles, avocat à Paris, vend la mèche.

Les conjurés sont surpris par les hommes du roi et beaucoup son massacrés. La Renaudie lui-même est tué pendant les combats et son cadavre est pendu sous le pont d'Amboise avant d'être décapité.

Une centaine de conjurés se réfugient dans un château et se rendent contre la promesse de la vie sauve. Ils sont à leur tour décapités le lendemain. Dans les semaines qui suivent, la répression fait environ 1200 victimes. Condé est quant à lui simplement gardé à vue, eu égard à son rang. Il est contraint de désavouer ses comparses et même de tremper son épée dans leur sang.
Tentative de conciliation

Désireuse d'apaiser les tensions, la reine mère Catherine de Médicis confie le 20 mai 1560 la charge de chancelier de France (à la fois garde des sceaux et Premier ministre) au sage Michel de l'Hospital.

Ce magistrat auvergnat de 55 ans, cultivé, proche des humanistes et des poètes de la Pléiade (Ronsard...), se présente comme le chef des Politiques.

Ce «parti» regroupe des catholiques et protestants modérés qui plaident pour la conciliation au nom de l'intérêt supérieur de l'État.

Michel de l'Hospital s'oppose par l'édit de Romorantin à l'introduction de l'Inquisition en France. Il tente aux états généraux d'Orléans d'apaiser les querelles. «Ôtons ces mots diaboliques, noms de partis, factions et séditions, luthériens, huguenots, papistes, ne changeons le nom de chrétiens !» lance-t-il aux députés le 13 décembre 1560, dans un célèbre Discours de tolérance.

Le même mois, précisément le 5 décembre 1560, le chétif roi François II meurt sans postérité. Il a tout juste 17 ans. Son frère lui succède sous le nom de Charles IX. Lui-même n'a que 10 ans. La reine mère Catherine de Médicis, veuve du roi Henri II, devient officiellement «gouvernante» du royaume, autrement dit régente. Soucieuse avant tout de préserver les droits de sa famille et de la dynastie, elle se rapproche des catholiques et écarte Michel de l'Hospital du Conseil privé du roi tout en le maintenant dans ses fonctions de chancelier.
Le colloque de Poissy

Toujours désireux de rapprocher les points de vue protestants et catholiques, le chancelier Michel de l'Hospital convoque des théologiens des deux camps à Poissy, à l'ouest de Paris, pour un colloque sur l'Eucharistie.

C'est ainsi que du 9 septembre au 9 octobre 1561, des théologiens prestigieux débattent sur la présence de Dieu dans l'hostie consacrée pendant l'office religieux. Parmi eux le général des jésuites Lainez et le cardinal de Lorraine du côté catholique, Théodore de Bèze, Pierre Martyr et Gaspard de Coligny du côté protestant.

Le colloque de Poissy s'achève sur un échec mais ouvre la voie à un édit de tolérance. Le premier d'une longue liste. Il aura pour effet paradoxal d'attiser les haines et d'engager la France dans plusieurs guerres de religion successives.

Le colloque de Poissy de 1561 (représentation du XIXe siècle, musée du jouet de Poissy)
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MessageSujet: Re: Y'becca, La Vie et L'Histoire du Protestantisme   Y'becca, La Vie et L'Histoire du Protestantisme - Page 2 EmptyMar 20 Sep à 10:02

Processus de Paix des secouristes de la république de l'Olivier.

Je crois qu'à l'avenir, plus personne ne pourra recréer des bulles d'exclusions...
Pour cela, je ne peux me permettre de mettre à l'écart tout individu(e) et "État".

Je ne suis qu'une femme ou un homme humble qui en vous adressant ces ces vers,
espère qu'il puisse vous conduire vers l'expérience, le travail et la communauté...
La solitude augmente ou diminue le nervosité... Cela s'appelle le malheur...

Alors par décision, on recherche à se tranquilliser et remettre la balance sur le zéro;
alors par construction, on décèle la notion d'une fragile tolérance:
Celle d'insulter !

Par Yahvé, cela est une horreur et une erreur...

La République de l'Olivier dit :
"Oui à la gréve, Non à l'Esclavage..."
la constitution rajoute :
"Oui à la Bibliothèque et Non à la Faim."
et le peuple doit rajouter :
"Oui à l'écoute et Non aux viols physiques et moraux."

Alors le Novice du Secourisme prends en charge sa nouvelle fonction autre qu'un service
militaire mais basé aussi sur la protection du Bien et du Corps.

"Je suis Y'becca"

Ecrit de
TAY
La chouette effraie.
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MessageSujet: Re: Y'becca, La Vie et L'Histoire du Protestantisme   Y'becca, La Vie et L'Histoire du Protestantisme - Page 2 EmptyMar 20 Sep à 10:02


17 janvier 1562
Charles IX signe l'Édit de Janvier

Le 17 janvier 1562, le roi Charles IX (12 ans) signe l'Édit de Janvier, ou édit de tolérance de Saint-Germain (du nom du château où a lieu la signature).

Le texte a été préparé par sa mère, Catherine de Médicis, régente du royaume, assistée du chancelier Michel de l'Hospital.

Par ce texte, le jeune roi confère aux protestants français le droit de célébrer le culte à l'extérieur des villes fortifiées ainsi que de tenir des assemblées dans les maisons privées à l'intérieur de ces mêmes villes.

Paradoxalement, cette mesure attise la haine entre les catholiques et les protestants, tant il est vrai que l'esprit de tolérance ne dépasse pas le cercle étroit des milieux cultivés.
Vers une première guerre

Le Parlement de Paris refuse de ratifier l'Édit de Janvier. Protestants et catholiques se tiennent sur le qui-vive, prêts à en découdre.

Quelques semaines plus tard, le 1er mars 1562, le duc François de Guise et sa troupe d'archers surprennent dans le village de Wassy (ou Vassy), en Champagne, 200 protestants en train d'écouter un prêche dans une grange, à l'intérieur de la ville close et dans des conditions donc illégales. Le duc s'irrite de cette violation de l'Édit de Janvier. Sur son ordre, la troupe massacre sauvagement les protestants. On compte une trentaine de morts et une centaine de blessés. C'est le début des guerres de religion. Elle dureront plus de trente ans.
Triomphe éphémère des Politiques

Mais, le 18 février 1563, le duc François II de Guise est assassiné par un protestant, Poltrot de Méré, alors qu'il fait le siège d'Orléans. Sa mort met un terme à la première guerre de religion.

Le chancelier fait promulguer par Catherine de Médicis un nouvel édit de tolérance à Amboise le 19 mars 1563. Lui-même s'emploie à moderniser l'administration. Pour rétablir les finances royales, mises à mal par la guerre civile, il a aussi l'idée d'aliéner une partie des biens du clergé catholique, le 13 mai 1563. Cette mesure très contestée mais profitable va rapporter 94 millions de livres en cinq ans. Elle préfigure la nationalisation des biens du clergé par les députés de la Constituante... deux siècles plus tard.

Parcourant le royaume avec Charles IX, pour faire mieux connaître le souverain aux habitants de toutes conditions, le chancelier publie enfin la Grande Ordonnance de Moulins en février 1566. Ce texte majeur unifie la justice, supprime le droit de grâce des gouverneurs et restreint le droit de remontrance des parlements, lesquels avaient tendance à déborder le cadre judiciaire et empiéter sur l'autorité royale.

Mais la reprise de la guerre, dès 1567, à l'initiative des protestants, ruine cette politique de conciliation et entraîne, le 24 mai 1568, la disgrâce définitive de Michel de L'Hospital qui se voit retirer les Sceaux (le ministère de la Justice).
Marie Desclaux.
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