Les quatre grands de la poésie chilienne sont le groupe des poètes considérés comme les plus importants de la littérature chilienne du XXe siècle : Gabriela Mistral, Vicente Huidobro, Pablo de Rokha et Pablo Neruda.
Chants d'un monde massacré. Les destins croisés de douze poètes juifs de langue allemande venus de Czernowitz, ville engloutie de l'ancien empire austro-hongrois.
Le lyrisme ionien et La poésie élégiaque ou gnomique.
Le mot "élégie" semble venir d'un mot phrygien signifiant "flûte":
les sons de cet instrument accompagnèrent en effet primitivement
la récitation de ces pièces. Elles étaient composées d'une suite
de distiques (hexamètre suivi d'un pentamètre). Une forme
très courte de l'élégie, composée soit d'un seul distique,
soit d'un très petit nombre, prit le nom d'épigramme (τὸ ἐπίγραμμα).
Ces petites pièces, comme leur nom l'indique, furent faites d'abord
pour servir d'"inscriptions sur un objet".
Melancolía
de Rubén Darío...
Hermano, tú que tienes la luz, dime la mía.
Soy como un ciego. Voy sin rumbo y ando a tientas.
Voy bajo tempestades y tormentas,1
ciego de ensueño y loco de armonía.
Ese es mi mal. Soñar. La poesía
es la camisa férrea de mil puntas cruentas2
que llevo sobre el alma. Las espinas sangrientas
dejan caer las gotas de mi melancolía.
Y así voy, ciego y loco, por este mundo amargo;
a veces me parece que el camino es m uy largo,
y a veces que es muy corto...
Y en este titubeo de aliento y agonía,
cargo lleno de penas lo que apenas soporto.
¿No oyes caer las gotas de mi melancolía?
(source)
Sade - No ordinary love...
https://www.youtube.com/watch?v=lRl9Av95UckL'anthologie permanente...
Le terme de synalèphe (du grec συναλοιφή / sunaloiphế, « fusion, union »)
décrit le fait que deux voyelles en hiatus sont prononcées
en une seule syllabe. C'est donc un métaplasme.
Ce terme technique, qu'on rencontre encore dans la métrique
(gréco-romaine, espagnole, italienne), reste très flou :
en effet, il ne dit pas si les deux voyelles forment
alors une diphtongue par coalescence (quand c'est possible),
si l'une d'elles s'est amuïe (élision, par exemple), si l'on obtient
une crase, une contraction, une synérèse, etc.
La connaissance de ce phénomène est nécessaire à la bonne lecture
des vers italiens et espagnols. Par exemple, la Divine Comédie
de Dante Alighieri est écrite en hendécasyllabes.
Un vers comme « Esta selva selvaggia e aspra e forte » (vers 4 de l'« Enfer » :
« Cette forêt sauvage, âpre et dense ») compterait 13 syllabes
si l'on ne respectait la synalèphe, qui, en italien, fait qu'une voyelle atone
en hiatus n'est pas comptée. Le vers se compte donc ainsi :
« Esta selva selvaggi[a] e aspr[a] e forte ».
Cependant, le fait que ces voyelles (ici mises entre crochets)
ne sont pas comptées ne signifie pas qu'elles sont élidées.
Elles sont lues de manière non syllabique, un peu comme
les -e caducs dans une diction soutenue du français
(du reste, on aurait le même schéma de vers avec :
Cette sylve sauvage et âpre et forte, traduction littérale
- décasyllabe à finale "féminine" = endecasillabo italien)1.
En effet, l'élision, qui existe en italien, est indiquée par l'apostrophe,
comme dans les vers
« Ma per trattar del ben ch'i' vi trovai / Dirò de l'altre cose ch'i' v'ho scorte »
(vers 8 et 9 de l'« Enfer » :
« Mais pour traiter du bien que j'y trouvai / Je parlerai des autres choses
que j'y ai vues ») où « ch'i' » et « v'ho » représentent « ch[e] i[o] » et « vi ho ».
En conclusion, la sinalefe romane n'existe pas en français, à l'exception
du cas particulier des finales en -e caducs, mais elle est, en somme,
une synérèse qui affecte deux mots contigus.
Notes et références
1.↑ « Vegliante, Mise en train, rythme » [archive], sur chroniques italiennes (Paris 3)
VICTOR HUGO SUR LA LANGUE BASQUE
J'ajoute qu'ici un lien secret et profond et que rien n'a pu rompre unit, même en dépit des Pyrénées, ces frontières naturelles, tous les membres de la mystérieuse famille basque. Le vieux mot Navarre n'est pas un mot. On naît basque, on parle basque, on vit basque et l'on meurt basque. La langue basque est une patrie, j'ai presque dit une religion. Dites un mot basque à un montagnard dans la montagne; avant ce mot, vous étiez à peine un homme pour lui; ce mot prononcé, vous voilà son frère. La langue espagnole est ici une étrangère comme la langue française.
LE DISCOUR BASQUE DE PANTAGRUEL
PANTAGRUEL, Livre II, Chapitre IX
Rabelais, 1542
Encore moins, respondit Pantagruel. A doncques dist Panurge.
—Jona andie guaussa goussy etan be harda er remedio beharde bersela ysser landa. Anbatez otoy y es nausu ey nessassu gourray proposian ordine den. Nonyssena bayta fascheria egabe gen herassy badiasadassu noura assia. Aran hondouant gual de eydassu naydassuna. Estou oussyc eguinan soury hin er darstura eguy harm, Genicoa plasar badu.
Estez vous la respondit Eudemon Geincoa.
Alpes et Pyrénées, 1843
Considérations et critiques
Nicanor Parra, également un grand poète chilien qui a par ailleurs parfois été inclus dans les « quatre grands »6, était également un critique littéraire et à ce titre a fait le commentaire suivant :
« Les quatre grands poètes du Chili
Ils sont trois
Alfonso de Ercilla N 4, et Rubén Darío »
— Nicanor Parra, selon Roberto Bolaño, également poète, dans le catalogue de l'exposition Artefactos Visuales de Parra, Madrid, 2001.
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NAISSANCE D'UN ESPERANDO:
La Mort de l'aigle
de Vigny, Alfred (1797 - 1863)
Original Text:
Representative French Poetry, ed. Victor E. Graham, 2nd edn.
(Toronto: University of Toronto Press, 1965): 42-43.
Poèmes, 1829 (2nd edition) (Eloa, ou La Sœur des anges 11. 136-52).
1 Sur la neige des monts, couronne des hameaux,
2 L'Espagnol a blessé l'aigle des Asturies,
3 Dont le vol menaçait ses blanches bergeries;
4 Hérissé, l'oiseau part et fait pleuvoir le sang,
5 Monte aussi vite au ciel que l'éclair en descend,
6 Regarde son Soleil, d'un bec ouvert l'aspire,
7 Croit reprendre la vie au flamboyant empire;
8 Dans un fluide d'or il nage puissamment,
9 Et parmi les rayons se balance un moment:
10 Mais l'homme l'a frappé d'une atteinte trop sûre;
11 Il sent le plomb chasseur fondre dans sa blessure;
12 Son aile se dépouille, et son royal manteau
13 Vole comme un duvet qu'arrache le couteau.
14 Dépossédé des airs, son poids le précipite;
15 Dans la neige du mont il s'enfonce et palpite,
16 Et la glace terrestre a d'un pesant sommeil
17 Fermé cet œil puissant respecté du Soleil.
Le lyrisme lesbien
L'ode monodique ou ode légère n'est au fond qu'une simple chanson. Mais la chanson prit un caractère particulier dans l'île de Lesbos, dont les habitants étaient amis du plaisir et de la gaieté. Composée d'un petit nombre de vers, surtout de strophes de quatre vers, alcaïques ou saphiques, elle chanta des sentiments variés, mais de préférence les joies de la vie, avec une grâce délicate et parfois sensuelle. Le dialecte lesbien, plus rude que l'ionien, lui donnait aussi un caractère de naïveté rustique. Une cithare aux cordes nombreuses, nommée βάρβιτος (barbitos), accompagnait la voix de l'unique chanteur.
Les poètes de Lesbos.
Dans ce genre s'illustrèrent Alcée, Sappho ou Sappho et Anacréon. Les deux premiers seulement étaient des Lesbiens; Anacréon était un ionien de Téos (Asie Mineure). Les poèmes "anacréontiques" ont été composés à l'imitation d'Anacréon à l'époque romaine.
La nature dans la poésie bucovinienne... Persistance de la mémoire : le mal d’être dans la poésie de Rose Ausländer
Beständigkeit der Erinnerung. Weltschmerz in der Lyrik Rose Ausländers.
Chants d'un monde massacré
Un poème ne peut rien contre l'horreur... Il est impuissant, presque ridicule, face à la barbarie... Peut-être même est-il "impossible", comme le pensa Adorno... Non, il n'est pas juste de penser ainsi. Parmi les cris et les lamentations, des bouches ont articulé des mots, des phrases se sont formées, puis des chants. Face à l'épouvante, ces chants se sont élevés. Au côté des récits, différents d'eux, ils ont pris valeur de témoignage. La mort n'a donc pas imposé le silence. A l'acte muet du bourreau concentré sur sa tâche, une parole a répondu.
Rachel Ertel, dans son admirable anthologie de la "poésie yiddish de l'anéantissement" (Dans la langue de personne, Seuil, 1993), avait démontré combien cette parole issue des ghettos de Vilno, de Lodz ou de Varsovie était puissante dans son dénuement même. Combien elle était présente et nécessaire, et pas seulement comme acte de mémoire.
C'est une démarche similaire, mais portant sur une autre aire géographique et linguistique, que propose François Mathieu. Il a rassemblé douze poètes juifs de langue allemande qui ont en commun d'être nés entre 1898 et 1924, d'avoir vécu à Czernowitz, ville de l'ancien Empire austro-hongrois. A part celui de Paul Celan, et peut-être de Rose Ausländer, les noms et les oeuvres de ces poètes sont inconnus des lecteurs français. Tous ont vécu "dans un contexte historique tragique, celui de l'extermination des Juifs d'Europe". Ce livre constitue donc une révélation : des mots se sont formés, des paroles vivantes sont nées au coeur des ruines, témoignant pour les disparus.
Aujourd'hui en Ukraine, "à mi-chemin entre Kiev et Bucarest, Cracovie et Odessa", Czernowitz, capitale de la Bucovine, fut au XIXe siècle et jusqu'à la première guerre mondiale une cité florissante. Ce fut surtout un carrefour d'intenses échanges intellectuels entre les différentes communautés, souabe, de Bohême, hongroise, allemande... A partir de la fin du XVIIIe siècle, beaucoup de juifs de Galicie et de Moldavie s'installent dans ce qui va devenir "la petite Jérusalem sur Pruth" - du nom du fleuve qui la traverse. En 1913, plus de 47 % de la population est juive. Il y a là des orthodoxes, des hassidim, des assimilés marqués par l'Aufklärung (les Lumières allemandes), des sionistes, des bundistes, des marxistes. La bourgeoisie cultivée est dans la ville haute ; elle est de culture et de langue allemandes. Dans la ville basse, les artisans et les petits commerçants parlent le yiddish. "Ville d'illuminés et de partisans", se souviendra Rose Ausländer en 1977, où fleurissent "altruisme et enthousiasme véhément".
Genesis - Mama (Invisible Touch Tour)...
https://www.youtube.com/watch?v=6vm4NkGkIjgCe monde va commencer de sombrer avec la première guerre mondiale. Les troupes russes occupent la ville. La majorité de la classe moyenne fuit, notamment à Vienne. En 1918, l'Autriche abandonne la Bucovine à la Roumanie. La roumanisation s'accélère. L'allemand est interdit. Les juifs qui n'ont pas la nationalité roumaine sont écartés. La tradition pluriethnique est piétinée. En 1937, l'extrême droite prend le pouvoir et les discriminations s'aggravent. Deux ans plus tard, à la suite du pacte de non-agression entre l'Allemagne nazie et la Russie, la Bucovine du Nord est annexée à l'Union soviétique. "Gravement persécutés en tant que juifs, nous ressentîmes cette cession comme une libération", écrit un jeune journaliste, Alfred Kittner, poète présent dans cette anthologie - l'un des plus bouleversants. Il ne sait pas encore que le pire est à venir.
D'abord menée par les Soviétiques, puis systématisée par l'Allemagne et son allié roumain, l'homogénéisation ethnique va se traduire par les déportations et les meurtres de masse à partir de l'été 1941. Le 11 octobre, le gouvernement militaire de Czernowitz parque 50 000 personnes dans le ghetto créé dans un îlot de maisons déjà surpeuplées - près de 30 000 seront déportés dans les semaines qui suivent. Après la défaite des nazis et de leur alliés, l'Union soviétique annexe de nouveau la Bucovine, qui intègre la république d'Ukraine. Les juifs survivants ont déjà quitté la région et gagneront, par étapes successives, Vienne, Paris, la Palestine, les Etats-Unis ou l'Allemagne.
Les poèmes disent tous la plus extrême souffrance et la douceur déchirante de ce qui fut détruit. Les douze destins que raconte ce livre se croisent souvent. Parfois avec retard, comme pour Paul Celan et Ilana Shmueli, les vies se mêlent, au titre d'une référence commune à ce monde massacré. Avec ses orthographes instables, le nom de Czernowitz devient celui de ce monde et prend valeur de symbole. "Czernovitz est bien loin derrière nous/qui était fabuleuse avec ses marronniers/qui n'a pas été/mais les bougies ne cessent dans le feuillage/de changer le printemps en prière...", écrit Manfred Winkler, qui, installé en Israël en 1959, écrira : "Mon amour pour la langue allemande et sa littérature n'a pas souffert de mon passage vers l'hébreu." Cet "amour", commun aux douze poètes, est la plus haute et la plus belle réponse à la destruction programmée et exécutée dans cette même langue.
BRUITS DU TEMPS. POÈMES DE CZERNOWITZ. Traduits de l'allemand et présentés par François Mathieu. Ed. Laurence Teper, 248 p
LA LIBERTÉ ET DU JUGEMENT
AINSI, LA PROTECTION MORALE N'EST PAS UN PROTECTION JURITIQUE.
L'ÉTHIQUE, L'ÉCOUTE ET LA JUSTICE SONT LES VERTUES
QUI PERMETTRONT D'EVOLUER DANS LE TEMPS, LE SAVOIR ET LE DROIT:
DÉFENDRE LA SOCIÉTE, C'EST ENTENDRE LA PERSONNE.
RAPPORT DE Y'BECCA
ET
MOSAÏQUE
DU CITOYEN TIGNARD YANIS.