Geneviève.
Par Alphonse De Lamartine (1790-1869)
PRÉFACE
I
Avant d’ouvrir par l’histoire de Geneviève cette série de récits
et de dialogues à l’usage du peuple des villes et des campagnes,
nous devons dire dans quel esprit ils ont été conçus, à quelle
occasion ils ont été composés, et pourquoi nous dédions ce
premier récit à mademoiselle Reine Garde, couturière et servante
à Aix, en Provence. Le voici :
II
J’étais allé passer une partie de l’été 1846 dans cette Smyrne
de la France qu’on appelle Marseille, ville digne par son activité
commerciale de servir d’échelle principale à la navigation
marchande et de rendez-vous aux caravanes de feu de l’Occident,
nos chemins de fer ; ville digne, par son goût attique pour toutes
les cultures de l’esprit, de s’honorer, comme la Smyrne d’Asie, des
souvenirs de grands poëtes. J’étais logé hors de la ville, trop
bruyante pour des malades, dans une de ces villas, autrefois
bastides, sorties de terre dans toute la circonférence de son sol
pour donner, avec le loisir du dimanche, la vue de ses voiles et les
brises de sa mer à cette population avide de plaisirs naturels, et
qui boit la poésie de son beau climat par tous les sens.
Le jardin de la petite villa que j’habitais ouvrait par une petite
porte sur la grève sablonneuse de la mer, à l’extrémité d’une
longue avenue de platanes, derrière la montagne de Notre-Dame
de la Garde, et tout près de la petite rivière voilée de lentisques
qui sert de ceinture au beau parc et à la villa toscane ou génoise
de la famille Borelli. On entendait de nos fenêtres les moindres
mouvements de la vague sur les bords de son lit et sur son oreiller
de sable, et, quand on ouvrait la porte du jardin, on voyait les
franges d’écume s’avancer presque jusqu’au mur, et se retirer
alternativement comme pour tenter et pour tromper dans un jeu
éternel la main qui aurait voulu se tremper dans l’onde. Je
passais des heures et des heures assis sur une grosse pierre, sous
un figuier, à côté de cette porte, à contempler cette lumière et ce
mouvement qu’on appelle la mer. De temps en temps, une voile
de pêcheur, ou la fumée rabattue comme un panache sur la
cheminée d’un bateau à vapeur, glissait sur la corde de l’arc que
formait le golfe, et interrompait la monotonie de l’horizon.
III
Les jours ouvriers cette grève était à peu près déserte ; mais
les dimanches elle s’animait de groupes de marins, de portefaix
riches et oisifs et de familles de négociants de la ville qui venaient
se baigner ou s’asseoir entre l’ombre du rivage et le flot. Un
murmure d’hommes, de femmes et d’enfants, heureux du soleil et
du repos, se mêlait aux babillages des vagues légères et minces
comme les lames d’acier poli sur le sable. De nombreux petits
bateaux doublaient à la voile ou à la rame la pointe du cap de
Notre-Dame de la Garde, ombragée de pins maritimes. Ils
traversaient le golfe en rasant la terre, pour aller aborder sur la
côte opposée. On entendait les palpitations de la voile, la cadence
des huit rames, les conversations, les chants, les rires des belles
bouquetières et des marchandes d’oranges de Marseille, filles de
Phocée, amoureuses des golfes, et qui aiment à jouer dans les
écumes de leur élément natal.
IV
A l’exception de la famille patriarcale des Rostand, ces grands
armateurs qui unissent Smyrne, Athènes, la Syrie, l’Égypte à la
France par leurs entreprises, et à qui j’avais dû tous les agréments
de mon premier voyage en Orient ; à l’exception de M. Miége,
agent général de toute notre diplomatie maritime sur la
Méditerranée ; à l’exception de Joseph Autran, ce poëte oriental
qui ne veut pas quitter son horizon parce qu’il préfère son soleil à
la gloire, je connaissais peu de monde à Marseille. Je ne cherchais
pas à connaître, je cherchais l’isolement pour le loisir et le loisir
pour l’étude ; j’écrivais l’histoire d’une révolution sans me douter
qu’une autre révolution regardait déjà par-dessus mon épaule
pour m’arracher les pages à peine terminées, et pour me
permettre un autre drame de la France, non sous la plume, mais
dans la main.
V
Mais Marseille est hospitalière comme sa mer, son port et son
climat. Les belles natures ouvrent les coeurs. Là où sourit le ciel,
l’homme est tenté de sourire aussi. A peine étais-je installé dans
ce faubourg, que les hommes lettrés, les hommes politiques, les
négociants à grandes vues, les jeunes gens qui avaient un écho de
mes anciennes poésies dans l’oreille, les ouvriers même, dont un
grand nombre lit, écrit, étudie, chante, versifie et travaille à la fois
des mains, affluèrent dans ma retraite, mais avec cette réserve
délicate qui est la pudeur et la grâce de l’hospitalité. J’avais les
plaisirs sans les gênes de cet empressement et de cet accueil : mes
matinées à l’étude, mes journées à la solitude et à la mer, mes
soirées à un petit nombre d’amis inconnus, venus de la ville pour
s’entretenir de voyages, de littérature et de commerce.
VI
Ces questions de commerce, Marseille ne les rétrécit pas en
questions de petit trafic, de mesquine épargne et de parcimonie
de capital ; Marseille les voit en grand comme une dilatation et
une expansion du travail français et des matières premières de ce
travail importées ou exportées de l’Europe à l’Asie. Le commerce,
pour les Marseillais, est une diplomatie lucrative, locale et
nationale à la fois. IIy a du patriotisme dans leurs entreprises, de
l’honneur sur leurs pavillo ns, de la po litique dans leurs
cargaisons. Leur commerce est une bataille éternelle qu’ils livrent
à leurs risques et périls sur les flots, pour disputer l’Afrique et
l’Asie aux rivaux de la France, et étendre la patrie et le nom
français sur les continents opposés de la Méditerranée.
VII
Une rencontre inattendue donnait en ce moment une
fermentation morale de plus à ces entretiens sur le commerce à
Marseille. Un grand économiste, dont le nom venait de surgir
nouvellement en France, et qui promettait ce qu’il tient
aujourd’hui, bon sens, courage et conscience, M. Frédéric Bastiat,
était à Marseille. Il y avait été appelé pour y traiter, dans des
réunions publiques, la question du libre échange, cette révolution
du commerce, cette insurrection pacifique de l’intérêt général
contre les monopoles partiels, cette liberté des dix doigts de la
main contre l’arbitraire du travail. M. Bastiat, que je connaissais
de nom et d’oeuvre, vint me voir. Il m’engagea à ces réunions. Je
connaissais ces questions. Je partageais en grande partie ses
opinions sur le libre échange ; je ne différais que sur l’application
plus ou moins rapide et plus ou moins révolutionnaire de ses
théories. Je les voulais lentes, graduées et transformatrices, pour
donner au travail protégé lui-même le temps de se transformer
sans périr. J’assistai à de magnifiques séances où M. Bastiat,
M. Reybaud, les députés, les académiciens, les grands négociants
de Marseille, luttèrent de bon sens et d’éloquence. Je fus amené à
y prendre la parole. On me traita en hôte du pays ; Marseille me
nationalisa par son accueil. Cette belle ville devint une patrie de
reconnaissance pour moi, comme elle était déjà une patrie de mes
yeux. Ces séances accomplies, je repris ma solitude et mon travail
dans mon faubourg.
VIII
Un dimanche, au retour d’une longue course en mer avec
madame de Lamartine, on nous dit qu’une femme, d’un extérieur
modeste et embarrassé, était arrivée par la diligence d’Aix à
Marseille, et qu’elle nous attendait depuis quatre ou cinq heures
dans une petite serre d’orangers qui faisait suite au salon de la
villa sur le jardin. Je laissai madame de Lamartine entrer dans la
maison, et j’entrai dans l’orangerie pour recevoir cette pauvre
étrangère. Je ne connaissais personne à Aix, et j’ignorais
complétement le motif qui pouvait avoir amené cette voyageuse
d’une patience si obstinée à nous attendre toute une demijournée.
En entrant sous l’orangerie, je vis une femme, jeune encore,
d’environ trente-six ou quarante ans. Elle était vêtue en
journalière de peu d’aisance ou de peu de luxe : une robe
d’indienne rayée, déteinte et fanée ; un fichu de coton blanc sur le
cou ; ses cheveux noirs proprement lissés, mais un peu poudrés,
comme ses souliers, de la poussière de la route en été. Ses traits
étaient beaux, gracieux, de cette molle et suave configuration
asiatique qui exclut toute tension des muscles du visage, qui
n’exprime que candeur et qui n’inspire qu’attrait ; de grands yeux
d’un bleu noirâtre, une bouche un peu affaissée aux coins par la
langueur ; un front pur de tout pli comme celui d’un enfant ; les
joues pleines vers le menton et se joignant par des ondulations
toutes féminines à un cou large et un peu renflé au milieu comme
le cou des statues grecques ; un regard qui rappelait le clair de
lune réfléchi dans une vague plutôt que le soleil de son pays ; une
expression de timidité mêlée de confiance dans l’indulgence
d’autrui, émanant de l’abandon de sa propre nature : en tout,
l’image de la bonté, qui la porte dans son attitude comme dans
son coeur, et qui espère la trouve, dans les autres. On voyait que
cette femme, encore agréable, avait dû être très-attrayante dans
sa jeunesse. Elle avait encore ce que le peuple, qui définit tout
sans phrase, appelle le gain de beauté, ce prestige, cet aimant, ce
je ne sais quoi qui fait qu’on attire, qu’on charme et qu’on retient.
Son embarras et sa rougeur devant moi me donnèrent le temps de
la bien regarder et de me sentir moi-même à l’aise, en paix et en
bien-être avec cette inconnue. Je la priai de s’asseoir sur une des
caisses d’oranger recouvertes d’une natte d’Égypte, et, pour l’y
encourager, je m’assis moi-même sur une caisse en face. Elle
rougissait de plus en plus, elle balbutiait, elle passait sa belle
main potelée et un peu massive sur ses yeux. Elle ne savait
évidemment quelle attitude prendre ni par où commencer. Je la
rassurai, et je l’aidai par quelques questions pour lui ouvrir la voie
de l’entretien qu’elle paraissait à la fois désirer et craindre.
IX
« Madame » lui dis-je.
Elle rougit davantage encore.
« Je ne suis pas mariée, monsieur, me dit-elle, je suis fille.
» - Eh bien, mademoiselle, voulez-vous me dire pourquoi
vous êtes venue de si loin, et pourquoi vous avez attendu si
longtemps notre retour pour m’entretenir ? Est-ce que je puis
vous être utile à quelque chose ? Est-ce que vous avez une lettre à
me remettre de la part de quelqu’un de votre pays ?
» - Oh ! mon Dieu, non, monsieur, je n’ai rien à vous
demander, et je me serais bien gardée de me procurer une lettre
des messieurs de mon pays pour vous, ou de laisser connaître
seulement que je venais à Marseille pour vous voir. On m’aurait
prise pour une vaniteuse qui voulait se rendre plus grande qu’elle
n’est en allant s’approcher des hommes qui font du bruit. Oh ! ce
n’est pas cela.
» - Eh bien, alors, que venez-vous me dire ?
» - Mais rien, monsieur !
» - Comment, rien ? Mais rien, cela ne vaut pas la peine de
perdre deux jours pour venir d’Aix à Marseille, ni de m’attendre
ici jusqu’au coucher du soleil, pour retourner demain d’où vous
venez ?
» - C’est pourtant vrai, monsieur ; vous devez me trouver
bien simple. Eh bien, je n’ai rien à vous dire, et je ne voudrais pas
pour un trésor que l’on sût à Aix que je suis venue ici !
» - Mais enfin quelque chose vous a poussée à venir ; vous
n’êtes pas comme ces vagues que vous voyez qui vont et viennent
sans savoir pourquoi. Vous avez une pensée ; vous paraissez
spirituelle et vive ; voyons, cherchez bien, quelle a été votre idée
en prenant une place dans la diligence d’Aix et en vous faisant
conduire à ma porte ?
» - Eh bien, monsieur, dit-elle en passant ses deux mains sur
ses joues comme pour en faire disparaître la rougeur et
l’embarras, et en rejetant ses belles boucles de cheveux noirs
humides de sueur derrière son cou, c’est vrai, j’avais une idée, une
idée qui ne me laissait pas dormir depuis huit jours. Je me suis
dit : « Reine ! il faut te contenter ! tu ne diras rien à personne, tu
fermeras ta boutique le samedi soir de bonne heure, tu prendras
la diligence de nuit, tu passeras le dimanche à Marseille, tu iras
voir ce monsieur, tu repartiras pour Aix le dimanche soir, tu seras
le lundi matin à ton ouvrage, et tout sera fini ; tu te seras
contentée une fois dans ta vie, sans que tes voisins ou voisines se
doutent seulement que tu es sortie de la rue ou du Cours. »
********
XVII
» - Vous êtes donc quelquefois triste ? lui demandai-je avec
un véritable intérêt.
» - Pas souvent, monsieur ; grâce à Dieu, je suis de bonne
humeur ; mais, enfin, tout le monde a ses peines, surtout quand
on n’a ni parent, ni famille, ni mari, ni enfants, ni nièce autour de
soi, et qu’on remonte le soir toute seule dans sa chambre pour se
réveiller toute seule le matin, et n’entendre que les pattes de son
oiseau sur les bâtons de sa cage ! Encore s’ils ne mouraient pas,
monsieur ! s’ils étaient comme les perruches ou les perroquets
qu’on voit sur le quai du port, à Marseille, et qui vivent, à.ce qu’on
dit, cent et un ans, on serait sûr de ne pas manquer de compagnie
jusqu’à la fin de ses jours ! Mais vous vous y attachez, et puis cela
meurt ; un beau matin vous vous réveillez et vous n’entendez plus
chanter votre ami près de la fenêtre ; vous l’appelez des lèvres, il
ne répond pas ; vous sortez du lit, vous courez pieds nus vers la
cage, et qu’est-ce que vous voyez ? Une pauvre petite bête, la tête
couchée sur le plancher, le bec ouvert, les yeux fermés, les pattes
roides et les ailes étendues dans sa pauvre prison ! Adieu ! tout
est fini ! Plus de joie, plus de chansons, plus d’amitié dans la
chambre ; plus personne qui vous fête quand vous rentrez ! Ah !
c’est bien triste, monsieur, croyez-moi ! »
Et elle refoula deux larmes qui se formaient sous sa paupière.
« Vous pensez à votre chardonneret, mademoiselle Reine ?
lui dis-je.
» - Hélas ! oui, monsieur, dit-elle avec honte, j’y pense
toujours depuis que je l’ai perdu comme cela. Quand on n’a pas
beaucoup d’amis, voyez-vous, on tient au peu que le bon Dieu
nous en laisse ! Celui-là m’aimait tant ! Nous nous parlions tant ;
nous nous fêtions tant tous les deux ! Ah ! on dit que les bêtes
n’ont pas d’âme ! Je ne veux pas offenser le bon Dieu ; mais si
mon pauvre oiseau n’avait pas d’âme, avec quoi donc m’aurait-il
tant aimée ? avec les plumes ou avec les pattes pout-être ? Bah !
bah ! laissons dire les savants ; j’espère bien qu’il y aura des
arbres et, des oiseaux en paradis, et je ne crois pas faire mal pour
cela encore. Est-ce que le bon Dieu est un trompeur ? Est-ce qu’il
nous ferait aimer ce qui ne serait que mort et illusion ?
» - Est-ce que vous n’avez rien écrit, Reine, sur ce chagrin,
qui paraît vous serrer le coeur ?
» - Si, monsieur ; pas plus tard que dimanche dernier, en
regardant sa cage vide et le mouron séché qui y pendait encore, et
en me sentant pleurer, je nie suis mise à lui écrire des vers, à mon
pauvre chardonneret, comme s’il avait été là pour les entendre.
Mais je n’ai pas pu les finir, cela me faisait trop de mal.
» - Dites-moi ces vers, ou du moins ceux dont vous vous
souvenez, ici, là, peu importe, c’est le sentiment que j’en veux, ce
ne sont pas les rimes. »
Elle chercha un moment dans sa mémoire, puis elle dit d’une
voix émue et caressante, comme si elle avait parlé à l’oiseau luimême:
VERS A MON CHARDONNERET
Toi dont mon seul regard faisait frissonner l’aile,
Qui m’égayais par ton babil,
Hélasl te voilà sourd à ma voix qui t’appelle,
Cher oiseau ! la saison cruelle
De ta vie a tranché le fil !
Ne crains pas que l’oubli chez les morts t’accompagne,
O toi le plus doux des oiseaux !
Tu fus pendant six ans ma fidèle compagne,
Oubliant pour moi la campagne,
Ta mère et ton nid de roseaux !
Moi je fus avec toi si vite accoutumée !
Nos jeux étaient mon seul loisir ;
Lorsque tu me voyais dans ma chambre enfermée,
Tu chantais. A ta voix aimée,
Mon ennui devenait plaisir !
Dans ta captivité je semblais te suffire,
Tu comprenais mes pas, ma voix,
Mon nom même, en ton chant tu savais me le dire ;
Dès que tu me voyais sourire,
Tu le gazouillais mille fois !
Oh ! notre vie à deux ! quelle était douce et pure !
Oh ! qu’ensemble nous étions bien !
Le peu qu’il nous fallait pour notre nourriture,
Je le gagnais à la couture ;
Je pensais : « Mon pain est le sien ! »
Je variais tes grains ; puis en forme de gerbe
Cueillie au bord des champs d’été,
Tu me voyais suspendre à ta cage superbe
Un coeur de laitue, un brin d’herbe
Entre les barreaux becqueté !
Que ne peux-tu savoir combien je te regrette !
Hélas ! ce fut à pareil jour
Que tu vins par ton vol égayer ma chambrette,
Où maintenant je te regrette
Seule sans cette ombre d’amour !
Et cela finissait par deux ou trois strophes plus tristes encore,
et par un espoir de revoir au ciel son oiseau enseveli pieusement
par elle, dans une caisse de rosier, sur sa fenêtre, fleur qui
inspirait tous les ans au chardonneret ses plus joyeuses et ses plus
amoureuses chansons. Je regrette de les avoir égarées en quittant
Marseille.
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Source:
http://www.poesies.netLE SABLE ET L'EAU OU L'OASIS.
DÉDIE AUX MARIAGES QUI DEVIENNENT AMOUR
"OMBRE ET POUSSIÈRE AVEC FORCE ET HONNEUR
ENGENDRE; L'HORIZON ET LA NATURE EST
LA CONSCIENCE DU VERBE ET DE LA RÉPUBLIQUE:
MON SEPTIÈME JOUR ET DU 8 à HUIT."CRIE YAHVÉ.
"LE PEUPLE PORTE LE VENTRE DE LA CONSCIENCE,
GÉMIT MARIE-MADELEINE:
MON CŒUR, MON ÂME ET MA SOLITUDE; AI JE
DROIT DE PORTER JUGEMENT".
SILENCE FAIT APPARAITRE LA SUEUR DU SABLE.
TOUT TRANSPIRE DANS YAHVÉ. J'AI HUMEUR
DE PLUIE ET ASPECT DE CHACAL, CAR JE PORTE
MON REGARD SUR LES CIEUX, YAHVÉ". DIT TAY
"OMBRE ET POUSSIÈRE AVEC FORCE ET HONNEUR
ENGENDRE LIBERTÉ DU REGARD ET D'AMOUR:
LA CONSCIENCE DU VERBE ET DE LA RÉPUBLIQUE"
CRIE YAHVÉ VERS LA LUEUR DES PHARES DU VENT.
"MÉMOIRES ET SOUFFLE PORTENT LA CLAMEUR ET
LE CHAGRIN DU SANG. IL RESPIRE LE TEMPS; ICI.
JE SUIS DE CEUX QUI CROIT EN LA FIERTÉ; "LUIE"
LE SOUVENIR DU CHAGRIN ESPÉRÉ, RÉPUBLIQUE."
ECRIT DE
TAY LA CHOUETTE EFFRAIE
OU
CITOYEN TIGNARD YANIS
ALIAS
DARK OBSCUR LE PHOTOGRAPHE